Israël autorise le service national dans des avant-postes illégaux par l’intermédiaire de l’organisation Hashomer YOSH, qui recrute des volontaires pour travailler dans des fermes en Cisjordanie, malgré le fait que des ordres de démolition et d’enlèvement ont été émis contre certaines d’entre elles.
À ce jour, huit femmes du service national sont stationnées via Hashomer YOSH dans cinq fermes différentes à travers la Cisjordanie, et deux autres "filles de service" servent dans une autre ferme ("Ginat Eden", près de Jéricho), qu’elles ont atteinte indépendamment - selon les données du Mouvement pour la liberté d’information.
L’Association des volontaires, une ONG de placement de longue date pour le service national, est chargée des créneaux horaires appelés par l’organisation "créneaux pour la protection des terres de l’État". Parmi les fermes où l’on peut trouver une place pour effectuer le service national, on trouve : Nof ABI, Hibat Haaretz, Meshek Mann, Tene Yarok, Nahal Shiloh Farm, Pnei Kedem Farm, Tzon Keidar, Kashuela, et Ahavat Olam. Ces cinq dernières fermes font l’objet d’un ordre de démolition.
Les fermes sont la forme la plus courante d’avant-postes, et selon les estimations, il y a aujourd’hui environ 50 fermes en Cisjordanie. Les fermes sont considérées comme des avant-postes "rentables" car elles se composent principalement d’une famille, d’un troupeau de moutons et de volontaires pour aider à garder le troupeau et à le surveiller. Les troupeaux sont souvent utilisés pour élargir le territoire de l’avant-poste, ce qui a pour effet d’évincer les Palestiniens dont les troupeaux paissaient dans la même zone avant l’apparition du nouvel avant-poste.
Tehila Shamla, qui gère avec son mari la ferme Nahal Shiloh - un avant-poste illégal érigé il y a six mois et dont les structures font l’objet d’un ordre de démolition permanent - a déclaré à Haaretz que la ferme dispose de deux postes encore vacants et que, récemment, de nouveaux candidats s’y sont rendus. Elle a ajouté que la ferme possède un troupeau de moutons et que, cette année, ils ont planté 200 oliviers, notant qu’ils ont reçu une dispense spéciale pour le faire malgré le fait que ce soit une année de Shmita (la septième année d’un cycle agricole, au cours de laquelle les Juifs religieux sont censés s’abstenir de tout travail agricole). "C’est tout simplement une bataille quotidienne pour la terre", dit-elle. "Mon mari a planté les arbres très loin les uns des autres pour s’approprier un maximum de terres et bloquer le plus possible".
Le travail des filles du service, explique Tehila, consisterait surtout à sortir le troupeau pour le faire paître afin de bloquer les Palestiniens, qui, selon elle, "continuent à labourer et à planter davantage."
"Dans le passé, les garçons volontaires que nous avions ici les bloquaient physiquement, et ne laissaient pas le fermier arabe labourer". Tehila a déclaré à Haretz, ajoutant que les femmes de service dormiront dans une remorque qu’elles devraient bientôt recevoir. Elle et sa famille dorment dans la maison en bois qu’elles ont construite.
Une femme du service servant à la ferme Teneh Yarok dans la vallée du Jourdain - où la plupart des structures sont enregistrées dans le plan de zonage de la colonie de Rotem - a déclaré que "la vallée est moins effrayante et dangereuse que la Judée et la Samarie, mais il y a des rapports avec les Arabes", ajoutant que "nous faisons également un service de garde chaque nuit - chacun de nous se lève pendant environ deux heures pour surveiller l’enclos."
De nombreuses fermes en Cisjordanie sont établies avec le soutien du mouvement Amana. Lors d’une conférence tenue en février, le président du mouvement, Zeev Hever, a déclaré qu’il avait l’intention de créer 10 fermes supplémentaires au cours de l’année à venir, car elles sont plus efficaces que les colonies. "Dans les colonies, nous avons atteint 100 kilomètres carrés après plus de 50 ans", a-t-il déclaré, ajoutant ensuite qu’"une ferme permet de préserver des milliers de dounams de terre."
Selon une étude réalisée par les organisations B’Tselem et Kerem Navot, au cours des cinq dernières années, quatre fermes en Cisjordanie se sont emparées de quelque 20 866 dunums - des terres que les Palestiniens cultivaient ou faisaient paître leurs troupeaux.
Selon les rapports déposés par Hashomer YOSH auprès du Registre des associations pour 2020, environ 40 % du budget de l’organisation provient de l’aide publique.
L’Autorité du service national a répondu qu’elle examine l’entité opérationnelle (Hashomer YOSH) selon les paramètres énumérés dans la loi sur le service civil et ses règlements, mais que "l’examen n’englobe pas tous les aspects juridiques". En outre, l’autorité a ajouté, à la lumière de la demande de Haaretz, "qu’elle examinera la question par le biais de la division de surveillance et du conseiller juridique".
Hashomer YOSH a répondu que l’organisation fonctionne selon la loi et conformément aux directives de la police et de l’armée, et qu’elle a été créée "pour protéger les agriculteurs juifs du vandalisme, des délits agricoles et du terrorisme des Arabes."
L’Association des volontaires a répondu qu’elle "agit pour placer les volontaires du service national uniquement dans des entités dûment approuvées par la loi par l’Autorité du service national, et qu’il n’est pas de son ressort d’inspecter les permis de construire, les licences commerciales, ou tout autre permis requis par l’entité opérationnelle pour remplir leurs fonctions."
Traduction : AFPS