Israël a approuvé l’établissement de cinq nouvelles colonies dans le désert du Néguev, lors d’une session du Conseil des Ministres qui s’est transformée dimanche en un débat houleux suite à la forte opposition des membres de gauche.
La résolution du cabinet autorise le lancement du processus de planification pour cinq communautés dans la région d’Arad, à l’ouest de la mer Morte et à l’intérieur des frontières d’Israël de 1967 : une pour un village bédouin, et les autres pour des communautés juives : un kibboutz (une communauté coopérative) et trois villages communaux.
Pour la construction des colonies juives, les résidents de base qui s’engagent à s’installer dans les nouvelles colonies seront recrutés par la Division de la colonisation de l’Organisation sioniste mondiale. Le plan nécessitera également des modifications du plan général de la région, ce qui signifie qu’il faudra beaucoup de temps avant que les résidents n’emménagent.
La ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, et le ministre de la Construction et du Logement, Zeev Elkin, ont l’intention de demander à des comités d’admission d’examiner les demandes des personnes souhaitant s’installer dans ces colonies, baptisées "Mevo’ot Arad" ("Approches d’Arad"), comme cela est autorisé pour les petits villages.
Ces comités de filtrage ont suscité de vives critiques parmi les membres du Conseil des Ministres de gauche - en particulier la ministre de la protection de l’environnement Tamar Zandberg, du parti Meretz, qui a déclaré que les comités devraient être abolis et que le développement nuirait à l’environnement.
"Nous sommes devenus complètement fous. Désolé de gâcher l’ambiance joyeuse", a déclaré Zandberg. "Nous créons de nouvelles villes au milieu du Néguev".
"Les cent premières années [du sionisme] ont été consacrées à la construction", a-t-elle ajouté. "Laissez la terre se reposer."
Le ministre des Communications, Yoaz Hendel, du parti Kahol Lavan, a répondu que si Israël ne développe pas ces terres, "d’autres colonies" - faisant apparemment référence à des villages bédouins - s’y établiront.
"Qui sont ces "autres" ?" a déclaré le ministre de la Santé, Nitzan Horowitz, membre du Meretz. "Ce sont des citoyens israéliens".
Le ministre de la Justice Gideon Saar, de Nouvel Espoir - peu avant que l’échange ne tourne à la joute oratoire - a déclaré que la discussion révélait "la haine de l’implantation des Juifs."
Après l’annonce de la décision du cabinet, Zandberg a déclaré sur Twitter que "la frénésie d’établir des colonies" est "dévastatrice et inquiétante". Elle fera concurrence aux villes existantes pour une population forte, elle entraînera des coûts importants précisément en cette période de crise du coût de la vie et du logement, et elle nuira aux espaces ouverts et aux systèmes naturels à une époque de crise climatique."
Ayman Odeh, chef du parti Liste unifiée, a également critiqué la décision sur Twitter, affirmant que Shaked et le gouvernement "abandonnent le Néguev sur l’autel de la suprématie juive."
"Au lieu de reconnaître et de renforcer les communautés existantes," a déclaré Odeh, "le gouvernement a décidé de créer de nouvelles villes avec des comités d’admission qui assureront la ségrégation raciale. C’est une mauvaise décision qui nuira aux communautés existantes et à la nature, et tous les résidents du Néguev en paieront le prix pour les générations à venir - Arabes et Juifs."
Shaked et Elkin ont annoncé pour la première fois leur plan pour les colonies mercredi dernier, au lendemain d’une attaque terroriste qui a fait quatre morts à Be’er Sheva.
Dans leur communiqué, les ministres ont qualifié leur résolution "d’étape importante dans le renforcement de la colonisation dans le Néguev, en mettant l’accent sur le Néguev oriental, qui est une région d’importance stratégique nationale".
Le Conseil des Ministres prévoit d’approuver cinq autres colonies le long de l’autoroute Dimona-Be’er Sheva, au sud d’Arad, qui sont destinées à devenir des communautés juives, mais ces plans ne seraient que préliminaires et seraient transmis à l’Administration nationale de la planification pour un examen plus approfondi. Ce processus devrait prendre plusieurs années avant de revenir au Conseil des Ministres pour une nouvelle approbation.
Traduction : AFPS