Théâtre de l’Est parisien
159 avenue Gambetta
75020 Paris
Billetterie : 01 43 64 80 80
les 13 décembre, 10 janvier et 8 février
http://www.theatre-estparisien.net/...
En 2007, Pauline Sales, auteure à la Comédie de Valence, part avec quatre
écrivains en Israël et en Palestine dans le cadre d’« Écritures Vagabondes » [1]. À son retour, elle écrit neuf textes pour les neuf acteurs permanents
de la Comédie, neuf séquences de vie d’hommes et de femmes pris dans la
tourmente d’un conflit qui n’en finit pas de recommencer. Dans cette
situation explosive que l’on croit connaître, Pauline Sales joue l’intime,
en accrochant à l’Histoire neuf petites histoires à hauteur humaine.
Propositions scéniques et jeu par les comédiens de la troupe permanente
Hélène Viviès, Juliette Delfau, Olivier Werner, Yves Barbaut, Claire Semet,
Vincent Garanger, Anthony Poupard, Ali Esmili, Pauline Moulène
Texte en cours d’édition
L’écriture de Pauline Sales ne peut laisser indifférent. Son langage vif,
précis et parlé impose une urgence de dire et d’entendre. Nul pathos, le
récit a la force du décalage. Il extrait la noblesse de ces gens
impuissants, attachés coûte que coûte à ne pas sombrer, affrontant, avec
fierté, préjugés et indifférence. Avec parfois autodérision et lucidité à
toute épreuve :
« Il y en a qui connaissent déjà l’histoire. Il y en a que cette histoire
ennuie, parce qu’on connaît déjà la fin. Tu connais la fin de l’histoire ?
Pourquoi on écouterait, regarderait, avec déjà la fin de l’histoire, si
encore c’était une belle histoire, si seulement c’était une histoire. Je ne
m’énerve pas, Yasmina, je ne m’énerve pas, je dis juste, je vois bien
juste, qu’est-ce qu’ils peuvent en faire eux de cette histoire-là qui n’est
même pas une histoire ? »
Pauline Sales répond magnifiquement à cette question en nous entraînant
dans un grand hymne à la liberté de l’écriture, l’écriture qui sépare et
qui rassemble.
Trois dates exceptionnelles pour découvrir ces textes. Attention horaires
particuliers
les 13 décembre, 10 janvier et 8 février
(durée : 4h avec 2 entractes pour se désaltérer au bar de l’Est du
Moyen-Orient)
Production Comédie de Valence, CDN Drôme-Ardèche. Avec la participation
artistique de l’ENSATT.
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Et une fois par mois, au théâtre du Préau de Vire, un épisode ( environ
20/30 min)
Théâtre du Préau
Place Castel
14500 Vire
Billetterie : 02 31 66 16 00
http://www.lepreaucdr.fr/saison/por...
– lundi 24 novembre 2008 à 20h
Haïfa avec Yves Barbaut
– lundi 15 décembre 2008 à 20h
Kiryat Gat avec Juliette Delfau
– lundi 26 janvier 2009 à 20h
Jérusalem avec Claire Semet
– lundi 23 février 2009 à 19h
Anjuna avec Anthony Poupard (artiste associé au Préau)
– lundi 9 mars 2009 à 20h
Netanya avec Vincent Garanger
– lundi 27 avril 2009 à 20h
Gaza avec Ali Esmili
– lundi 11 mai 2009 à 20h
Jaffa avec Olivier Werner
– vendredi 29 mai 2009 à 19h
Paris, Kiryat Gat, Jaffa, Gaza, Jerusalem, Haïfa, Netanya, Anjuna et
Valence avec Pauline Moulène
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ENTRETIEN AVEC PAULINE SALES
Relevé sur le site http://www.troisiemebureau.com/
consacré à l’écriture théatrale
“Le problème n’est pas que vous ne savez rien,
c’est que vous êtes au courant de tout
et que ça ne change rien.”
TB : Pauline Sales, pouvez-vous, pour commencer, nous dire quelques mots
sur ce voyage organisé par Ecritures Vagabondes et ce qu’il devait
représenter en terme d’écriture ?
PS : Nous n’étions pas tenu d’écrire une fiction ou une pièce de théâtre,
mais de remettre un journal de notre voyage. J’aimais bien cette
contrainte, cela m’obligeait à retenir certaines sensations du voyage,
sensations qui mine de rien s’évanouissent très vite.
TB : Votre précédent et très beau texte Les Arrangements (à paraître aux
Solitaires Intempestifs) évoque la mémoire juive et l’héritage controversé
de la Shoah. Le texte que vous allez lire ce soir est le premier monologue
d’une série de neuf joués à la Comédie de Valence puis au Festival Temps de
Parole. Le projet de ce monologue s’inscrit donc dans une véritable
continuité autour de la question israélo-palestienne, qui dépasse le cadre
de la commande faite par Ecritures Vagabondes. Comment ce voyage a-t-il pu
questionner votre écriture, la nourrir voire la mettre en crise ?
PS : Nous avons rencontré majoritairement des Palestiniens. On se rend
alors peut-être compte que l’Histoire de la Shoah, même si elle a touché le
monde entier, reste pour les Palestiniens une histoire qui concerne d’abord
les Européens. C’est assez étonnant de voir à quel point le peuple
israélien en s’appuyant sur cette mémoire de la Shoah est capable, tout en
se sentant profondément victime et constamment victime, de faire vivre aux
Palestiniens une telle violence dans leur vie de tous les jours. Même si
c’est incomparable avec ce que les juifs ont vécu, ils utilisent parfois
les mêmes armes qui sont des armes de ségrégation.
TB : A ce déplacement dans les territoires, vous répondez par un théâtre du
positionnement ou du moins qui le questionne violemment. Ce n’est plus un
personnage qui va en Israël-Palestine mais une jeune Palestienne, Faten,
qui est accueillie en France par une femme dont la position sociale semble
acquise. C’est par les yeux de Faten que nous voyons la situation en
France. Pourquoi ce mouvement inverse ? Déjouer l’attente d’un récit
journalistique, folklorique ?
PS : La question primordiale que je me suis posée pour les neufs monologues
et principalement pour le premier, qu’il fallait absolument résoudre, c’est
D’où je parle. Je l’ai résolue avec Faten qui nous regarde et me regarde.
J’avais l’impression que la chose la plus difficile quand nous étions
là-bas, c’était notre exotisme pour les Palestiniens. On représente pour
eux des gens extrèmement nantis. Notre présence est toujours interrogée et
c’est légitime, et d’autant plus notre présence en tant qu’auteur. C’est
cela que j’ai voulu travailler, questionner notre position par rapport à eux.
TB : Il y a en permanence dans ce texte la recherche de l’endroit juste, de
la juste distance, du mot juste…
PS : Comment faire pour parler d’un endroit qui est forcément lointain tout
en essayant d’être juste ?
Travailler sur deux femmes toutes deux prêtes au rapport à l’autre. La
tentative est sincère des deux côtés et c’est essentiel, autrement le texte
aurait peu d’interêt. Il tomberait dans un stéréotype qu’on peut tous
régler assez vite, deux personnes qui n’ont pas les mêmes conditions de vie
ne peuvent pas se comprendre.
Je m’intéresse ici à la tentative et à la sincérité des deux femmes. Et
comme elles essaient d’être justes même si elles ne le sont pas forcément,
elles ne cessent de reformuler ce qu’elles formulent.
TB : « Vous avez envie d’entendre le pire, le gôut du sang, comme dans les
films d’horreur. Freiner la tentation de l’exagération. » dit Faten.
Cette phrase renvoie à l’une des interrogations centrales du Festival, à
savoir la posture cannibale du spectateur occidental face aux conflits et
aux guerres, avide d’horreurs.
PS : Faten dans le texte est encouragée par les Occidentaux à raconter
l’horreur. Même nous, quand on rentrait de Palestine, on était convoqué
avant tout à dire l’horrible. On a envie d’avoir des nouvelles des autres
pays en guerre sous forme d’anecdotes, d’histoires, de faits divers, comme
s’il n’y avait que le faits divers pour répondre à l’horreur, une sorte de
peoplisation de l’horreur. Et en même temps on culpablise de ne plus être
un pays qui vit de grandes fractures alors que rien n’est plus faux.
TB : Faten dit à la femme à la fin du texte « Tu n’es relié à rien ». Comme
si cette femme française qui ne connait pas de problème matériels,
n’habitait nul part, flottante et déconnectée du monde.
PS : C’est la question de la solitude, la question de l’individualisme sans
que ce ne soit forcément négatif.
A partir du moment où la question qui est posée à l’individu est de se
réaliser individuellement, j’ai l’impression qu’il perd de plus en plus de
lien, de devoir même, envers un peuple, une famille, un espace local, il ne
doit plus que des choses à lui-même. Le monde devient pour lui quelque
chose qu’il utilise à ses propres fins. Un instrument pour sa propre
réalisation. Faten, elle, seule se sent inexistante. Une vraie chose que
j’ai pu rencontrer lors de ce voyage et que l’on peut rencontrer dans
d’autres pays du monde, c’est cette volonté de faire partie d’une lignée,
d’un peuple, volonté que j’ai l’impression que l’on perd de plus en plus en
France. En Palestine, c’est très rare de voir des SDF, des vieux
abandonnés, le tissu social est beaucoup plus fort, et c’est ce que dit
Faten à cette femme en affirmant qu’elle n’est reliée à rien.
TB : A la suite des représentations des monologues à la Comédie de Valence,
n’ y étiez-vous pas sommée de parler d’Israël Palestine plus que de
problématiques d’écriture et de théâtre ?
PS : Je me suis documentée comme n’importe qui peut le faire. Autour de ces
interrogations là, dix milles personnes peuvent répondre beaucoup mieux que
moi. On a vécu un voyage de quinze jours et on ne peut absolument pas
prétendre connaître ce pays en quinze jours.
Ce qui a peut-être pu manquer, c’est de rentrer davantage dans des
questions humaines, des questions de place, à quelle place NOUS sommes à
écouter ça, à quelle place NOUS sommes quand on écrit ça.
J’ai l’impression que la connaissance de l’écrivain touche autre chose
quand elle se met véritablement en jeu. On est très peu interrogé sur cette
connaissance là, une connaissance mystérieuse, organique, liée à l’empathie
qu’on essaie de provoquer. C’est cela qu’il faut interroger. Comment ou non
on a visité ces personnages, et de quel endroit ?
TB : Comment les comédiens se sont-ils emparés de vos textes qui exigent
une véritable virtuosité ?
PS : Hélène Viviès a interprété le premier monologue et c’est parce qu’elle
a su véritablement s’en saisir que j’ai eu la force et le courage de
continuer à écrire les suivants. Un vrai cadeau de comédienne à auteur.
TB : Pour finir, y aurait-il un livre que vous auriez envie de faire
connaître aux lecteurs de notre gazette et dont on ferait la présentation ?
PS : Je viens de finir La Route de Cormack Mac Carthy.
La gazette du Toisième Bureau
Cet article a été publié le Mardi 20 mai 2008
Troisième bureau, collectif artistique pluridisciplinaire réunissant
comédiens, auteurs, metteurs en scène, professionnels du livre,
universitaires, œuvre depuis plusieurs années à une diffusion “critique”
des nouvelles écritures théâtrales.