Les législateurs israéliens ont adopté jeudi le premier budget de l’État depuis trois ans, une victoire pour la coalition idéologiquement disparate qui a renversé le Premier ministre Benjamin Netanyahu en juin.
Les députés ont approuvé un plan de dépenses de 609 milliards de shekels (194 milliards de dollars) pour 2021 et doivent reprendre le débat plus tard dans la journée sur une enveloppe de 573 milliards de shekels (182 milliards de dollars) pour l’année prochaine.
"Jour de célébration pour l’État d’Israël", a tweeté le Premier ministre Naftali Bennett après le vote.
"Après des années de chaos, nous avons formé un gouvernement, nous avons conquis Delta (une variante de Covid-19) et maintenant, Dieu soit loué, nous avons adopté un budget pour Israël."
Les enjeux n’auraient pas pu être plus élevés pour Bennett, un nationaliste religieux de droite dont la coalition de faucons, de centristes, de gauchistes et de partisans de l’islam politique ne contrôle que 61 des 120 sièges du parlement.
Sa coalition avait jusqu’au 14 novembre pour faire approuver le budget afin d’éviter la dissolution du parlement, ce qui aurait forcé la tenue d’une cinquième élection en trois ans, rapporte l’AFP.
Israël n’avait pas adopté de budget d’État pendant cette période, un symptôme de l’impasse politique sans précédent qui a frappé le pays de décembre 2018 jusqu’à l’assermentation du gouvernement de Bennett.
Un "gouvernement de menteurs"
Il a fallu jusqu’à 5 heures du matin (03h00 GMT) pour que le parlement achève le vote du budget 2021, des centaines de mesures de dépenses nécessitant des votes individuels tout au long de la nuit.
Mais on craignait que le processus ne prenne plusieurs jours, le leader de l’opposition Netanyahou jouant le rôle de trouble-fête pour le gouvernement qui a finalement mis fin à ses 12 années consécutives au pouvoir.
Les commentateurs ont déclaré que la facilité et la rapidité relative avec lesquelles le budget a été adopté montrent que la coalition peut rester soudée malgré ses profondes différences idéologiques et sa faible majorité.
Netanyahou s’est adressé aux législateurs pendant le débat, accusant Bennett de diriger "un gouvernement de menteurs".
"Nous devons faire tomber ce gouvernement irresponsable", a-t-il déclaré aux députés.
Bennett a rétorqué que l’opposition sous la direction de l’ancien premier ministre ne recherchait que le "chaos". "Nous voulons la stabilité", a-t-il dit.
C’est une impasse budgétaire qui a fait sombrer la dernière coalition éphémère dirigée par Netanyahou et son suppléant Benny Gantz.
M. Gantz a accusé M. Netanyahou de bloquer délibérément l’adoption du budget en décembre 2020 afin de forcer la tenue d’élections, dont le premier ministre espérait qu’elles lui assureraient, ainsi qu’à ses alliés de droite, une majorité absolue à la Knesset.
Mais M. Netanyahou a échoué dans le vote de mars pour la quatrième fois en deux ans, ouvrant la voie à M. Bennett et au leader centriste Yair Lapid, aujourd’hui ministre des affaires étrangères, pour former une coalition.
Traduction : AFPS