Photo : La Knesset en 2010 (Wikipedia)
Les législateurs israéliens ont approuvé mardi un texte de loi controversé qui permettrait à quatre colonies juives abandonnées en Cisjordanie occupée d’être rétablies après avoir été démantelées en 2005.
Un amendement à la législation permettrait aux colons israéliens de retourner dans les zones de Cisjordanie évacuées en 2005 dans le cadre du plan de désengagement du Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon.
Limor Son Har-Melech, députée de la coalition israélienne et coauteur du projet de loi, membre du Pouvoir juif - le parti du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite Itamar Ben Gvir - triomphait à l’issue du vote.
"Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers et profiter de l’euphorie", a déclaré Mme Melech sur Twitter.
"Nous devons nous atteler aux deux tâches qui nous attendent demain : le rétablissement des quatre colonies qui ont été évacuées [dans le nord de la Cisjordanie] et le retour à la maison [de la colonie de Gaza Gush Katif] qui est devenue un foyer de terreur", a tweeté la politicienne d’extrême droite.
Les dernières mesures prises par le gouvernement d’extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu portent un nouveau coup aux espoirs palestiniens de création d’un État et vont accroître les tensions, d’ores et déjà à leur paroxysme.
Le gouvernement de M. Netanyahou est dominé par les dirigeants des colons et leurs alliés qui cherchent à promouvoir l’implantation de colonies dans les territoires palestiniens occupés.
Aujourd’hui, les colons israéliens peuvent potentiellement rétablir les quatre colonies illégales - Homesh, Sa-Nur, Ganim et Kadim - qui ont été évacuées après le retrait d’Israël de la bande de Gaza.
La colonie de Homesh est également l’une des collines les plus chargées politiquement et les plus symboliques de Cisjordanie.
Ces dernières années, elle est devenue une cause célèbre parmi les colons qui cherchent à établir la suprématie juive sur l’ensemble du territoire de la Cisjordanie.
Pour de nombreux colons, c’est également un moyen d’établir leurs arguments religieux selon lesquels aucune partie de la terre ne doit être interdite, et de concrétiser une idée vieille de plusieurs décennies consistant à s’emparer du plus grand nombre possible de collines pour tenter d’imposer des "états de faits".
La colonie juive de Homesh est également construite sur des terres palestiniennes privées à l’intérieur de la Cisjordanie.
Bien qu’ils ne soient pas autorisés à établir une présence permanente à Homesh, les colons, souvent gardés par des soldats israéliens, ont régulièrement fait étalage de leur présence au sommet de la colline.
Qu’il s’agisse d’installer des tentes, des écoles religieuses ou même des fêtes religieuses, leur présence a symbolisé une démonstration éclatante de puissance et de force montrant qu’ils ne permettront pas aux responsables politiques de faire la moindre concession sur les colonies.
Des colons qui ont pris de l’assurance
Le mois dernier, des colons israéliens ont mis le feu à la ville de Huwwara, en Cisjordanie occupée, tandis que plusieurs hommes politiques israéliens ont appelé à l’extermination du village palestinien.
Selon les autorités sanitaires palestiniennes, au moins un Palestinien a été tué et près de 400 autres blessés lors des attaques menées à Huwwara et dans d’autres villes et villages de Cisjordanie.
Les colons ont incendié au moins 35 maisons et 40 autres ont été partiellement endommagées. De nombreux bâtiments ont été incendiés alors que leurs habitants palestiniens s’abritaient à l’intérieur, ce qui les a obligés à fuir. Plus de 100 voitures ont été brûlées ou détruites.
Ce déchaînement fait suite à l’assassinat de deux colons israéliens par un Palestinien près de la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée.
Les colons israéliens ont partagé sur leurs groupes WhatsApp une chanson célébrant l’incendie de Huwwara et son éradication planifiée.
La chanson a d’abord été partagée sur les groupes WhatsApp de Hilltop Youth, un groupe de colons nationalistes religieux qui participe activement aux attaques contre les Palestiniens et à l’établissement d’avant-postes illégaux en Cisjordanie occupée.
Les colons ont pris d’assaut Huwwara à plusieurs reprises depuis l’attentat, dans une démonstration de force et d’intimidation.
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, qui est également responsable de l’administration civile israélienne en Cisjordanie occupée, a déclaré qu’Israël devrait "anéantir" la ville à la suite de l’attaque.
"C’est à l’État de le faire et non à des individus isolés", a-t-il déclaré.
Les États-Unis ont condamné ces commentaires qu’ils ont qualifiés de "répugnants, irresponsables et dégoûtants". Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a appelé M. Netanyahu et d’autres hauts fonctionnaires à désavouer "publiquement et clairement" les commentaires du ministre.
Traduction : AFPS