Selon les résultats quasi définitifs, le Likoud de Benyamin Netanyahou arrive largement en tête et va probablement être chargé de former un gouvernement, au sortir du cinquième scrutin législatif en trois ans et demi.
Un retour en force de celui qu’on croyait chassé du pouvoir. Benyamin Netanyahou sort grand vainqueur des élections législatives israéliennes qui se sont déroulées ce mardi, et devrait être chargé de former le prochain gouvernement par le président, Isaac Herzog. Avec 65 sièges pour son bloc, il devrait être en mesure de gouverner avec une majorité, alors que le pays sort de son cinquième scrutin législatif en trois ans et demi.
La droite et les partis religieux sortent gagnants
Le Likoud de Benyamin Netanyahou est arrivé en tête et devrait obtenir 32 sièges sur les 120 que compte la Knesset, le Parlement israélien. Mais cela « ne signifie pas pour autant une victoire du parti. C’est avant tout une victoire pour ses alliés religieux », souligne Samy Cohen, directeur de recherche à Sciences-po (Ceri), auteur de « Israël, une démocratie fragile » (Fayard).
Le Parti sioniste religieux sort particulièrement renforcé : « Il obtient manifestement 14 députés, contre 6 sous la précédente législature. Il va donc y avoir plus de députés religieux que de laïcs au sein du bloc Netanyahou », relève le spécialiste.
Et ces partis religieux sont la clé pour former un gouvernement. Dans le système israélien, l’ensemble des leaders de partis politiques qui sont élus à la Knesset sont reçus par le président. Au cours de l’entretien, ils déclarent quel candidat ils estiment être le plus à même de gouverner.
Or, les partis religieux ne veulent pas du poste de Premier ministre : « Ils donnent toujours le nom d’un autre leader, en l’occurrence, celui de Netanyahou », explique Jenny Aharon, conseillère pour l’Union européenne en charge des relations avec Israël.
Yaïr Lapid, trop juste
Le bloc de centre-gauche sort affaibli de ce scrutin. La coalition centriste Yesh Atid, portée par l’actuel Premier ministre Yaïr Lapid, obtient 24 sièges. Avec les partis alliés, dont celui de Benny Gantz, actuel ministre de la Défense, le total du bloc monte à 50 sièges, trop faible pour constituer un gouvernement.
L’un des enjeux était également le nombre de partis au-dessus des 3,25 %, seuil pour obtenir un siège au Parlement. Et parmi eux, un des fidèles alliés de Lapid, Meretz, ne franchira probablement pas ce seuil. « Yaïr Lapid a fait campagne sur le thème du rassemblement autour de son parti et a siphonné les voix du parti travailliste et de Meretz », détaille Samy Cohen.
« Ce qui lui a manqué pour réussir, c’est à la fois le fait que la droite anti-Netanyahou était divisée avec un parti qui a implosé, et que par ailleurs, la gauche était aussi divisée. Il a essayé de la rassembler, il n’a pas réussi », complète David Khalfa, chercheur associé à l’Observatoire de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès.
Que va-t-il se passer désormais ?
La commission électorale doit présenter sous huit jours les résultats définitifs au président. De là commenceront les entretiens avec les chefs de parti. « Si les résultats se confirment, tous les partis du bloc Netanyahou vont le recommander : il est le chef du parti arrivé en tête, il a l’aura, et a soutenu ses alliés depuis très longtemps », analyse Samy Cohen.
Il sera donc ensuite chargé de former un gouvernement. « C’est là qu’on verra son rapport de force avec le Parti sioniste religieux », commente le spécialiste qui rappelle que sans les voix de cette force politique, Benyamin Netanyahou n’aurait pas pu prétendre à former un gouvernement. « Il leur doit beaucoup, mais il va être très prudent sur la distribution des portefeuilles. Il semble peu probable qu’il concède le portefeuille de la Défense, il voudra garder la main dessus », ajoute-t-il.
La fin de l’instabilité politique ?
Après quatre ans de crise politique, le retour de Netanyahou pourrait marquer un changement. « Netanyahou est du genre à faire des gouvernements assez larges. Et c’est propice à la stabilité, car personne ne peut trop en demander », assure Jenny Aharon. « Ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas y avoir des tensions au sein de sa majorité », tempère Samy Cohen, rejoint par David Khalfa : « On voit quand même depuis quelques années que les gouvernements se succèdent sans atteindre la fin de leur législature. »
Faire alliance avec des partis d’extrême droite pourrait aussi poser question sur la scène internationale, selon le chercheur : « Il va être dépendant de partis dont les prises de position sont problématiques pour des partenaires comme les Américains ou encore les nouveaux alliés arabes. Sans remettre en cause les alliances, ça pourrait décélérer le processus de normalisation. »