JPR, AFPS - PalSol n°74
Le contexte des années 80
Georges Ibrahim a fondé un groupe communiste révolutionnaire, les Forces armées révolutionnaires libanaises (FARL), qui revendique en 1982 l’exécution de l’attaché militaire de l’ambassade américaine à Paris et du responsable du Mossad en Europe, alors en charge de la liquidation des militants palestiniens ainsi qu’un attentat contre le consulat américain de Strasbourg.
La scène régionale est alors marquée par l’invasion du Liban par Israël qui aboutira à l’expulsion de l’OLP et aux massacres de Sabra et Chatila, et, depuis 1980, par la sanglante guerre Iran-Irak. Cette guerre a été engagée par Saddam Hussein appuyé par les pays occidentaux et spécialement la France, dans le but de mettre à bas le nouveau régime de Khomeiny en Iran.
L’aide militaire de la France est massive : elle va jusqu’à lui prêter des avions de combat repeints aux couleurs irakiennes. Ce qui va provoquer évidemment en réponse une série d’attentats sur le sol français.
Ces attentats n’ont rien à voir avec les FARL, mais on va, à la faveur de la psychose ambiante, tenter vainement d’en faire porter à responsabilité à Georges après son arrestation. Reste que lors de son procès devant la Cour d’assises spéciale en 1987, il est condamné à perpétuité, pour « complicité d’assassinat ». Son procès, entaché d’illégalité (son avocat reconnaît avoir de bout en bout renseigné la DGSE !), apparaît, comme le dit alors Claude Cabanes dans l’Humanité avoir « été de bout en bout piloté pour et par une puissance étrangère », en l’occurrence les États-Unis.
Face à Georges Ibrahim Abdallah, les États-Unis à la manoeuvre
Jamais Georges ne reniera la légitimité de son combat de militant révolutionnaire. Dès lors, peu importe qu’il fasse figure de détenu « exemplaire », sa possible libération ne fera qu’être repoussée année après année. Une chose est sûre : les États-Unis ne le lâcheront pas et la France reste jusqu’à ce jour comme tétanisée devant la vindicte américaine.
En 2012 déjà, Yves Bonnet, ancien député UDF qui était directeur de la DST au moment de son arrestation, déclarait dans une interview à la dépêche du Midi « Je trouve anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison ». Pour lui, c’est un « lamentable acharnement d’État ».
On l’a vérifié au long de ces années où les demandes de libération recevaient des avis favorables jamais suivis d’effet en raison d’appels du Parquet et de recours devant la Courde Cassation pour les faire annuler. Les arrêtés d’expulsion vers le Liban se sont toujours perdus dans les sables.
La responsabilité de la France
Le 26 août dernier, le nouveau ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, répondait à un courrier de Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, qu’il appartenait au détenu de faire une nouvelle requête d’aménagement de peine… les huit demandes précédentes ayant toutes été rejetées.
Courrier un rien faux-cul, car, quelque démarche qu’entreprenne Georges aujourd’hui, il est clair que la décision finale sera bien d’ordre politique. Le président de la République, surpris par son interpellation publique à ce sujet le 7 août à Beyrouth, peut être tenté d’esquiver ses responsabilités. Nous disons, nous, qu’il ne peut s’y soustraire.
La place de Georges Ibrahim Abdallah est aujourd’hui au Liban auprès des siens : il doit être libéré !