Depuis deux jours maintenant, les Israéliens sont pris dans un piège absurde ; ils réalisent que la bande de Gaza enveloppe Israël autant qu’Israël enveloppe la bande de Gaza. Pas seulement parce que beaucoup d’entre eux sont obligés de rester à la maison plutôt que d’aller à l’école ou travailler, craignant les attaques de roquettes, mais aussi parce qu’ils craignent que le Hamas n’entre dans le conflit aux côtés du Djihad islamique, transformant la confrontation de ces derniers jours en guerre totale entre Gaza et Israël.
Ce danger existe. Un équilibre fragile de la dissuasion existe entre Israël et la bande de Gaza, et chaque perturbation de cet équilibre a le potentiel pour transformer la situation en guerre longue et inutile. Le Shin Beth et l’armée israélienne ont certes démontré des capacités impressionnantes en débusquant et en tuant Baha Abu al-Ata et sa femme au cours d’une frappe ‘chirurgicale’ mais le coût économique et le prix moral à payer de cette opération soulève la question de l’utilité réelle des assassinats ciblés.
Mais en l’absence d’une politique destinée à trouver une solution pratique et convenable avec les Palestiniens, le gouvernement offre à ses citoyens de faux substituts avec ces assassinats ciblés, ce châtiment économique collectif, ces restrictions draconiennes et les fanfaronnades du pouvoir militaire. Le pouvoir politique, l’armée et le Shin Beth eux-mêmes croient certainement peu en l’utilité de telles mesures. L’armée soutient depuis longtemps, et très clairement, qu’il n’y a pas de solution militaire au problème de Gaza.
Le Shin Bet a soutenu et continue de soutenir l’assouplissement du blocus. Même le Premier ministre a reconnu la nécessité de trouver au moins une solution économique qui permettrait de réduire la menace potentielle émanant de Gaza. On l’a persuadé de permettre un afflux de millions de dollars vers Gaza pour que le Hamas puisse garantir les salaires des travailleurs et l’aide aux familles dans le besoin.
La retenue du Hamas, jusqu’ici, de se joindre à la réponse violente du Jihad islamique à la mort d’Abou al-Ata peut être attribuée en grande partie à des considérations pragmatiques, principalement à son désir de préserver son statut de formation capable de subvenir aux besoins de la population locale. Cette politique et l’approbation par le Hamas des conditions de cessez-le-feu formulées au Caire montrent que l’équation « économie contre tranquillité » peut fonctionner.
Israël, qui a appris à faire la distinction entre le Hamas et le Jihad islamique, et évite de frapper les cibles du Hamas cette fois, doit élargir ses accords avec le Hamas, lui donner les outils économiques pour gérer la bande de Gaza et lever le blocus qui finit paradoxalement par renforcer les mouvements les plus extrémistes.
Le gouvernement actuel a montré qu’il en était incapable. Jusqu’à ce qu’il soit remplacé, les Israéliens continueront à vivre entre deux barrages de roquettes.
Traduit de l’anglais par l’AFPS