Le prolongement de l’isolement du très jeune prisonnier Manasra commencera le 21 mai 2022 jusqu’au 21 novembre 2022, malgré son grave état de santé, le jeune adolescent souffrant de sérieux troubles mentaux. D’après Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ahmad Manasra "a été diagnostiqué schizophrène et est gravement déprimé".
Un groupe d’experts psychiatres, composé de 36 experts, a demandé la libération de Manasra en raison de son état de santé.
L’avocat de Manasra fait porter l’entière responsabilité de la détérioration de l’état de santé de ce dernier sur les autorités de l’occupation compte tenu de la négligence médicale délibérée contre cet enfant prisonnier.
Le 27 juillet dernier, les Services pénitentiaires israéliens ont rejeté une demande visant à faire sortir Ahmad Manasra de l’isolement à la prison d’Eshel. Une nouvelle audience concernant ses conditions d’isolement s’est tenue aujourd’hui devant le tribunal de district de Beersheba. Son avocat, Khaled Zabarqa, a déclaré à Amnesty International : « Il est en danger de mort, un danger réel, et les prolongations répétées de son placement à l’isolement sont en train de le détruire. »
"Il est assez révélateur que, pour mobiliser les gens en faveur d’Ahmad Manasra, nous devions créer une campagne et que cela représente un tel effort", a déclaré Mohammad El-Kurd à Mondoweiss. "Cela vous montre à quel point l’oppression et la ’désenfantation’ des enfants palestiniens sont devenues normales. Cela ne devrait pas être aussi normal".
"I stay alone, my father"
Palestinian teenager Ahmed Manasra said to his father at an Israeli court today. Since 2015, Ahmed has experienced inhumane treatment and torture by the Israeli prison officers, resulting in severe psychological disorders.#SaveAhmedManasra#FreeThemAll pic.twitter.com/8cnw7kVJa5— Quds News Network (@QudsNen) August 16, 2022
Contexte
Manasra est maintenu en isolement prolongé depuis novembre 2021, à l’exception d’un séjour de deux mois à l’hôpital, les autorités israéliennes ayant affirmé qu’il représentait un danger pour les autres prisonniers. Cela constitue une violation de l’interdiction absolue de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Manasra a été arrêté en octobre 2015 après avoir poignardé deux Israéliens à Pisgat Zeev, une colonie israélienne illégale située à Jérusalem-Est occupée. Il a été reconnu coupable de tentative de meurtre et condamné à neuf ans et cinq mois de prison alors qu’il n’avait que 13 ans au moment de son arrestation et que le tribunal a estimé qu’il n’avait pas pris part à l’attaque au couteau. Il a également été interrogé en l’absence d’un avocat ou d’un parent et aurait subi des actes de torture ou d’autres mauvais traitements pendant l’interrogatoire. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête n’a été ouverte sur la conduite des agents de sécurité.
Une requête de la famille de Manasra demandant sa libération anticipée a été rejetée, alors qu’il a déjà purgé les deux tiers de sa peine. En vertu de la loi israélienne, les personnes condamnées pour meurtre, viol ou maltraitance d’enfants peuvent bénéficier d’une commutation de peine d’un tiers. Les procureurs affirment qu’il n’a pas droit à une libération anticipée parce qu’il a été condamné pour des "actes terroristes", en vertu d’une loi promulguée après sa première détention.
Sources : WAFA, Quds News Network, Amnesty International
Rédaction et mise en page : AFPS / DD