L’avocate palestinienne Ghayd Qassem de Nazareth a confirmé lundi (10/03) que le directeur de l’hôpital Kamal Adwan de la bande de Gaza, le Dr. Hussam Abu Safiya, avait été soumis à des « tortures et agressions horribles » dans les prisons israéliennes après son arrestation fin décembre 2024 par les forces d’occupation israéliennes qui avaient pris d’assaut son hôpital. Elles l’avaient forcé à sortir sous la menace des armes après avoir détruit et mis hors service l’hôpital.
Le Bureau d’information sur les otages palestiniens a déclaré dans un communiqué que l’avocate a pu rendre visite, jeudi dernier (06/03) au Dr. ABU SAFIA, emprisonné depuis plus de 70 jours dans la prison d’Ofer, à l’ouest de Ramallah.
L’avocate a déclaré : « Dès son arrestation, il a été incarcéré au tristement célèbre centre de détention de Sde Teiman et détenu à l’isolement pendant 14 jours ». Elle a ajouté : « on l’a ensuite transféré à la prison d’Ofer et maintenu en isolement pendant 25 jours. Puis, il a été transféré à la « section 24 » avec les autres prisonniers de Gaza ». Elle a expliqué que cette section enferme « avec la « section 23 », les otages palestiniens de Gaza dans le but de les isoler de leurs homologues de Cisjordanie ainsi que des détenus d’Israël ».
Concernant l’interrogatoire Dr. Abu Safiya, Maître Qassem a déclaré que « la période d’interrogatoire la plus longue à laquelle il a été soumis a duré 13 jours consécutifs, chaque interrogatoire durait entre 8 et 10 heures ». Elle a souligné que « pendant toute cette période, il a été soumis à des abus, des tortures et des agressions continus et extrêmement odieux ».
Maître Qassem a déclaré que « Deux mois avant l’arrestation du Dr. Abu Safiya, son fils a été assassiné à Gaza par l’armée d’occupation. En raison de la situation sur place, il n’a pas pu l’enterrer convenablement dans un cimetière et a été enterré provisoirement près de l’hôpital Kamal Adwan ». Elle a ajouté que lors de leur entretien, la première question posée par Dr. Abu Safiya « était de savoir si le corps de son fils avait été transporté et enterré dignement. Il m’a aussi parlé de sa mère décédée 10 jours après son arrestation ».
Quant à l’écho mondiale entourant l’histoire de sa persévérance à l’hôpital et son arrestation, l’avocate a déclaré : « Il n’avait aucune idée de la couverture médiatique de son histoire ». Elle a expliqué que « les otages palestiniens sont complètement isolés à l’intérieur des prisons, et ignorent ce qui se passe à l’extérieur et l’évolution de la situation à Gaza ».
Abattoir israélien
Concernant les scènes de tortures, de mauvais traitements et d’oppression que Dr. Abu Safiya lui a racontées, l’avocate a déclaré : « Si l’on parle de la prison de Sde Timan, c’est un véritable abattoir : la torture, les violations des principes de base des droits humains et la famine qui y règnent sont sans précédent ». Elle a poursuivi : « Nous parlons d’otages palestiniens qui ont été enchaînés pendant dix mois, de ceux dont les membres ont été amputés sans traitement et de personnes âgées qui sont enchaînés et ont les yeux bandés ». Elle a ajouté : « Outre le froid extrême, les otages sont enfermés dans des cages ouvertes, ce qui les expose au vent et à la pluie. Ils sont contraints de rester assis par terre en permanence et n’ont pas le droit de se parler, de prier ou de lire le Coran. En plus du tourment psychologique, quand les services de renseignement d’occupation informent l’un des otages du martyr de tous les membres de sa famille, que ce soit vrai ou pas. Comme l’otage est complètement isolé, ce genre d’information a un impact négatif important qui s’ajoute à la souffrance de la torture ».
Maître Qassem a déclaré au sujet du reportage de la chaîne hébraïque Channel 13, dans lequel figurait Dr. Abu Safiya : « Le Docteur a été surpris, car il ignorait qu’il y avait un tournage. Après la rencontre, il a été isolé, insulté, torturé en lui faisant du chantage ».
En février dernier, les médias hébreux ont publié pour la première fois une vidéo montrant Abu Safiya à l’intérieur d’un centre de détention, les mains et les pieds enchaînés, l’air épuisé et fatigué. Cela s’est produit quelques jours seulement après que les autorités d’occupation ont décidé de requalifier sa détention sous la désignation de « combattant illégal » et ont révélé qu’il avait été soumis à la torture, aux abus et à la négligence médicale.
Statut juridique
Quant au statut juridique actuel du Dr. Abu Safiya, Me Qassem a déclaré : « Les autorités israéliennes ont tenté de requalifier son cas en une affaire de sécurité ordinaire, dans le but de déposer un acte d’accusation. Cependant, après une série d’interrogatoires et de tortures, afin de lui imposer un quelconque soupçon sur lequel fonder l’acte d’accusation, et après plus de 45 jours, ils n’ont rien pu trouver contre lui. Ensuite, ils ont redéfinie son dossier à sa définition initiale de « combattant illégal », ce qui signifie qu’il n’a aucun droit : ni celui de représentation ou d’une mise en examen, ce qui permet aux autorités d’occupation de prolonger et/ou renouveler sa détention à leur guise ».
L’avocate a conclu sa déclaration en disant : « Lorsque la visite s’est terminée, Dr. Abu Safiya avait un bon moral. Il a insisté sur ce message : « La personne est une histoire, et son histoire est une position prise et étudiée » ».
Plus de 9 500 prisonniers palestiniens, dont des enfants et des femmes, croupissent dans les prisons israéliennes. Ils subissent la torture, la famine et la négligence médicale, dont beaucoup ont entraîné la mort, selon les médias et les organisations de défense des droits humains palestiniennes et israéliennes.
Traduction : AFPS