Avec une petite larme sur les joues
En tant que Président de la Ligue du Théâtre Palestinien,
En tant que Fondateur et Directeur de Centre Culturel et de Formation théâtrale Alrowwad
En tant qu’artiste, et en tant qu’un homme
En tant que Palestinien
Je me retiens de souffler ma colère et ma rage
Après l’assassinat d’un artiste de courage
Lorsque le vent souffle, on tourne la tête
Et on entend un petit bruit
Des lâches que trottent sur le trottoir
Pour cracher leur haine et la boire
Que ces petits minuscules ne savent point
Qu’on n’efface pas la culture en tuant l’homme
Nous sommes les créateurs de miracles
Les cris de la rue et des gens misérables
Nous tenons le feu dans nos mains
Et lorsque nous la libérerons
Il fleurit en épiages de blé, et en rossignols
Et il devient des Handhalas qui fleurissent la terre
Avec le rouge des anémones
Une pensée ne meurt pas
Car la Liberté a déjà occupé les cœurs
En on entend les marches et les pas
De nouveaux acteurs soulèvent la terre
Les planches sont illuminées
Les clowns vous font rire
Et le spectacle continue
Avec une petite larme sur les joues [1]
General Director
Alrowwad Cultural and Theatre Center for Children
President of the Palestinian Theatre League [2]
Assassinat de Juliano Mer-Khamis
Directeur du Freedom Theatre
Comme dirait celui que nous tous connaissons : "La révolution doit continuer".
Le penseur, le pilote, le combattant a été tué,
ce lundi 4 avril 2011 à 16 heures, à l’entrée du Théâtre de la Liberté, dans le camp de réfugiés de Jénine. Une main traitre a tiré et tué Juliano Mer-Khamis qui conduisait la voiture dans laquelle se trouvaient son bébé et la baby-sitter.
Juliano, blessé à la tête, est mort en l’espace de quelques minutes. L’une des balles a blessé la baby-sitter au bras.
Juliano Mer-Khamis, acteur, directeur, cinéaste et homme de culture, fils d’Arna Mer et de Salibah Khamis, fut en 2006 l’un des fondateurs du Théâtre de la Liberté dans le camp de réfugiés de Jénine. Il investit toutes ses forces dans le combat contre l’occupation en utilisant l’art comme moyen de changement social.
Les habitants du camp sont révulsés par l’acte lâche qui vient d’être commis.
L’Autorité Palestinienne a contacté l’équipe animatrice du Théâtre et enquête sur le crime.
Micaela Miranda The Freedom Theatre
School St, Jenin Refugee Camp
Occupied Territories of The West Bank, Palestine
Stupeur et consternation
C’est par ce triste message que nous parvenait l’abominable nouvelle : la disparition d’un homme qui a fait d’un lieu d’exclusion un espace de liberté. Un espace où la parole reprenait ses droits sans discrimination de genre. Filles et garçons s’y exprimaient librement et s’expérimentaient à l’art théâtral que Juliano Mer-Khamis leur avait insufflé. C’est pour poursuivre l’oeuvre de sa mère Arna qui avait créé le Théâtre de Pierres - théâtre de résilience pour aider les jeunes du camp de Jénine à sortir de l’enfermement mental et physique imposé par la colonisation israélienne -, qu’il a fondé le Freedom Theatre en 2006, puis une Ecole de théâtre professionnel.
Il a fait de ce lieu l’un des symboles de la résistance culturelle de la société palestinienne.
Juliano assassiné. Que deviendra le Freedom Theatre ? Nous, les Amis du Théâtre de Liberté, avons oeuvré pour présenter au Centre de Création de Recherche et des Cultures (CREAC) le travail du Freedom Theatre. C’est ainsi que le théâtre de Juliano a été sélectionné pour participer aux 23e Rencontres du Jeune Théâtre Européen de Grenoble. Cette sélection nous a encouragés à organiser, comme en 2009, une tournée pour la jeune troupe « CANAAN » du Freedom Theatre, du 26 juin au 17 juillet 2011 à Grenoble, Chambéry, Caen, Paris, Aubervilliers. Nous sommes sidérés, mais nous ne renoncerons pas à soutenir les jeunes du camp qui ont réussi à reconquérir leur dignité par le travail de réappropriation de leur voix grâce à l’oeuvre de Juliano.
Juliano Mer-Khamis incarne la lutte sans compromis pour la liberté et la dignité. Avec son assassinat le peuple palestinien et tous les militants pour la Paix ont perdu un combattant pour la justice et la liberté. Son art était indissociable de son engagement politique. Sa vie a été tragiquement interrompue mais il a néanmoins réussi à vivre une vie pleine de sens en abandonnant le confort de la vie à Haïfa et en sacrifiant sa carrière artistique pour vivre et travailler à Jénine.
Sa disparition rend l’association des Amis du Théâtre de la liberté de Jénine orpheline. C’est la perte d’un ami pour tous ceux d’entre nous pour qui "Justice, Liberté et Paix" ne sont pas de vains mots. C’est pourquoi, nous ferons tout notre possible pour aider le Théâtre de la Liberté à surmonter cette terrible épreuve.
Nous pensons très fort à Jenny, sa compagne, à ses enfants, aux jumeaux à venir, à la famille de Juliano et à toute l’équipe du Freedom Theatre.
« Il n’y a pas de liberté sans savoir.
Il n’y a pas de Paix sans liberté.
La paix et la liberté sont inséparables »
Arna Mer Khamis
Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine
Le 05 avril 201
theatrejenine@yahoo.fr
Un crime odieux, qui veut assassiner la tolérance, la créativité, l’espoir, le dialogue.
A la suite de Juliano, nous continuerons à résister !
Juliano Mer-Khamis était le fondateur et directeur du Théâtre
de la Liberté à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Israélien
de passeport, il se disait et se vivait juif et palestinien
d’engagement. Il a été abattu lundi après-midi dans le camp de
réfugiés de la ville. A l’heure qu’il est, les individus masqués qui
l’ont assassiné de 5 balles dans la poitrine n’ont pas été
identifiés.
Juliano était venu à plusieurs reprises au Luxembourg,
notamment en 2006, présenter son film-hommage “Les enfants
d’Arna”. Il y retraçait le travail dramaturgique de sa mère, Arna
Mer, juive israélienne, avec les enfants du camp de Jénine lors
de la première Intifada (1987-1993) et la trajectoire de ces
enfants devenus jeunes gens au moment de la seconde
Intifada (2000-2005). En 2006, il avait réouvert les portes du
Théâtre des pierres d’Arna, sous le nom de Freedom Theater.
L’émotion est forte parmi les membres du Comité pour une Paix
Juste au Proche-Orient ; le choc profond. Nombre d’entre nous
le connaissaient personnellement, l’avaient reçu à Luxembourg, l’avaient rencontré à Jénine et
suivaient son travail artistique et militant. Un travail novateur, qui faisait fi des us et coutumes,
privilégiait la liberté aux frilosités locales : un véritable artiste, un véritable guerrier qui n’avait peur
de rien, une force de vie et de création appuyée sur des valeurs courageuses et un
professionnalisme hors-pair.
Depuis son enfance, aux côtés d’Arna, ce grand comédien et metteur en scène, avait mouillé sa
chemise et risqué sa peau pour venir en aide aux enfants du camp, leur montrer un autre chemin
que celui de la violence désespérée, lui qui avait vécu dans sa chair cette violence lors de son
service militaire dans l’armée israélienne.
Qui a assassiné Juliano, cet homme dont les parents déjà symbolisaient la rencontre et le dialogue
créatif (son père, Saliba Khamis, était un Palestinien chrétien et sa mère, Arna Mer, Juive
israélienne) ? A qui profite le crime ?
Espérons que l’enquête le dira : forces palestiniennes obscurantistes opposées au message de
liberté du Freedom Theatre qui, entre autres, mêle garçons et filles ? ou forces d’occupation
craignant qu’une image du Palestinien autre que celle du terroriste à la kalachnikov puisse
émerger ? En effet, “Alice aux pays des merveilles”, dernière création du Freedom Theatre, ne
pouvait que démentir le schéma guerrier usuel.
Luxembourg, le 5 avril 2011
Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient
La mort de l’enfant d’Arna
Juliano Mer Khamis, directeur du freedom theatre de Jenine a été tué lundi 4 avril de 5 balles alors qu’il circulait dans le camp de réfugiés de cette ville située au Nord de la Cisjordanie.
Agé de 52 ans, Juliano Mer Khamis était un personnage comme il en existe peu en Palestine-Israël. Citoyen israélien, né à Nazareth d’une mère juive, Arna Mer, et d’un père palestinien chrétien, Saliba Khamis, deux militants communistes, Juliano Mer Khamis se disait "100 % palestinien et 100 % juif".
Il dirigeait, au sein du camp de réfugiés de Jenine, le théâtre créé par sa mère à la fin des années 80. Comme elle, Juliano Mer Khamis était un militant passionné de la cause palestinienne et un défenseur acharné du rapprochement des deux peuples. En 1995, sa mère Arna mourrait d’un cancer.
Sept ans plus tard, en 2002, le théâtre allait être rasé lors de l’offensive israélienne à Jenine qui reste la plus sanglante opération menée au cours de la deuxième intifada [1].
En 2004, Juliano Mer Khamis livrait un film bouleversant, Les enfants d’Arna, consacré au travail conduit par sa mère auprès des enfants du théâtre et qui reste selon le journaliste du Monde Gilles Paris "sans nul doute le meilleur film pour comprendre la seconde intifada" [2]. Recevant un très bon accueil, le film avait été couronné cette même année d’un premier prix au Festival International canadien du documentaire :
En 2006, le théâtre était reconstruit et Juliano Mer Khamis s’installait dans le camp de réfugié de Jénine, longtemps considéré par Israël comme un fief inexpugnable de la résistance palestinienne.
A ses côtés, pour l’aider à la relance du lieu, se trouvait Zakaria Zubeidi ancien leader, à Jenine, des brigades des martyrs d’Al Aqsa, l’organisation de résistance armée du Fatah. Avant d’être l’un des militants armés les plus recherchés par Israël, lui même avait été l’un des "enfants d’Arna" [3]. Ces gosses de Jenine qui dans le théâtre de la vieille juive avaient trouvé un terrain de jeu, de construction, d’évasion. Nombre d’entre eux allaient mourir en 2002, alors qu’il avaient moins de trente ans, au moment de l’offensive israélienne. On les voit dans le film, visages d’enfants en 1989, devenus jeunes adultes combattants 10 ans plus tard.
C’est leur ami, le fils d’Arna, qui est tombé sous les balles lundi 4 avril dans le camp de Jenine dont il était "l’un des fils" selon le gouverneur Qadura Musa, qui a condamné ce meurtre.
Sale journée en Palestine hier. Alors que la municipalité israélienne de Jérusalem approuvait la construction de 942 nouveaux logements à Jérusalem-est occupée, à Jénine, des hommes masqués -encore non identifiés à ce jour - assassinaient Juliano Mer Khamis. Avec lui s’éteint l’un des trop rares symboles - un symbole beau, vivant et dynamique - d’une possible coexistence palestino-israélienne. [3]
Le directeur du "Théâtre de la Liberté" assassiné à Jénine
Juliano Mer-Khamis, le directeur israélo-palestinien du Théâtre de la Liberté à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a été abattu lundi après-midi par des hommes armés dans le camp de réfugiés de la ville.
Un groupe de tireurs non identifiés a ouvert le feu dans l’après-midi sur la voiture de Juliano Mer-Khamis, réalisateur et militant pour la paix, qui se revendiquait à la fois "juif et palestinien", le touchant de cinq balles, a précisé le chef de la police de Jénine, Mohammad Tayim. Selon des témoins, il a été assassiné par deux tireurs masqués. "Il a été abattu par un tireur masqué qui a tiré cinq balles par la fenêtre de sa voiture", a déclaré de son côté le gouverneur de Jénine, Qaddoura Moussa, ajoutant qu’une femme de Bethléem avait également été blessée à la main par les tirs.
"Nous n’avons encore arrêté personne mais nous avons formé une commission de l’ensemble des services de sécurité palestiniens pour enquêter sur son meurtre et nous espérons des résultats dans les heures qui viennent", a-t-il ajouté, indiquant qu’a sa connaissance le comédien n’avait "pas reçu de menaces".
La victime dirigeait le théâtre de la Liberté, fondé dans le camp de réfugiés de Jénine par sa mère, Arna Mer (1930-1995), militante pour les droits des Palestiniens, tout comme son fils, et mariée à Saliba Khamis, un Arabe Israélien, dirigeant du Parti communiste israélien. A l’origine, le "Théâtre des pierres" avait été lancé durant la première Intifada (1987-1993). Pour Arna Mer, ardente militante de la paix, il s’agissait de créer un espace préservé où les enfants échapperaient à la violence du conflit et de l’occupation. Détruit en 2002 lors d’une opération de l’armée israélienne contre les groupes armés palestiniens, l’établissement a revu le jour en 2006 sous le nom de "Théâtre de la Liberté" grâce à Juliano Mer-Khamis, réalisateur du documentaire Les enfants d’Arna, avec le soutien de Zakaria Zoubeïdi, chef local du groupe armé palestinien des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, qui a participé aux combats à l’époque. Zakaria Zoubeïdi a déclaré à la chaîne 10 israélienne que "tout le monde l’aimait dans le camp" de réfugiés.
Mais le théâtre ne faisait pas l’unanimité à Jénine et a été notamment visé par des tentatives d’incendie, Juliano Mer-Khamis ayant lui-même affirmé avoir été par le passé la cible de menaces. La dernière production du théâtre était une représentation d’Alice au pays des merveilles.
A Ramallah, une cinquantaine d’artistes se sont rassemblés lundi soir sur la place centrale d’Al-Manara pour dénoncer cet assassinat et rendre hommage à la victime, dont la mort est "une perte pour la Palestine".
Juliano Mer-Khamis, l’acteur « juif et Palestinien » abattu par balles à Jénine

Ramallah : hommage à Juliano Mer-Khamis le 4 avril 2011.
REUTERS/Mohamad Torokman
L’acteur Juliano Mer-Khamis, 52 ans, a été abattu par balles ce lundi 4 avril à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Juliano Mer-Khamis, comédien et militant politique très connu en Israël, qui se revendiquait à la fois « juif et Palestinien » dirigeait le Théâtre de la Liberté.
L’arbre généalogique de Juliano Mer-Khamis était insolite et romanesque : son père, Saliba Khamis, était un Arabe israélien, ancien dirigeant du Parti communiste d’Israël. Sa mère, Arna Mer, juive et pro-palestinienne, militante des droits de l’homme, avait créé le Théâtre des Pierres, à Jénine, pendant la première Intifada dans les années 80. Le théâtre avait été détruit par les Israéliens en 2002 puis reconstruit.
C’est devant ce théâtre, rebaptisé depuis Théâtre de la Liberté que Juliano Mer-Khamis a été abattu ce lundi par des tireurs non identifiés qui ont pu prendre la fuite. Le comédien, qui était en voiture, a été atteint de cinq balles, a précisé le chef de la police de Jénine.
Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a immédiatement condamné cet assassinat : « un acte qui viole nos valeurs et notre foi en la coexistence ».
Juliano Mer-Khamis incarnait cette coexistence. Il avait servi dans l’armée israélienne comme parachutiste et militait inlassablement aux côtés des Palestiniens.
Au cinéma, il avait tourné dans le film Kippour avec le réalisateur israélien Amos Gitai. À la tête du Théâtre de la Liberté de Jénine, il avait travaillé avec Zakaria Zoubeidi, ancien chef militaire local de la Brigade des martyrs d’al-Aqsa.
Artiste et militant, Juliano Mer-Khamis se savait menacé. Son théâtre avait été incendié deux fois ces dernières années. Les islamistes n’avaient pas apprécié la pièce La Ferme des animaux d’après le roman de George Orwell parce que des acteurs musulmans jouaient des cochons.
La dernière production du théâtre était une représentation d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
Ils ont tué Juliano !
Il n’y a pas de morts plus importants que d’autres. En Palestine, chaque jour un homme, une femme, un enfant est assassiné directement ou indirectement par les sionistes.
Juliano Meïr Khamis était l’un des trois fils d’Arna Meïr et de Saliba Khamis. Elle, ancienne militante sioniste devenue anarchiste lorsqu’elle découvrit ce qu’était vraiment le sionisme, lui dirigeant du Haddash le parti communiste israélien. A 18 ans, les garçons ont du "choisir" s’ils étaient Juifs ou Arabes car pour les infâmes autorités sionistes il n’est pas possible d’être arabe de religion juive.
J’ai connu Juliano, avec Spartak et Abit aux côtés de Arna, alors qu’elle ouvrait les écoles à domicile dans le camp de réfugiés de Jénine, les bibliothèques dans le camp, qu’elle développait les fêtes et le théâtre pour que les enfants oublient un moment l’horreur de l’occupation.
Puis lorsque le cancer a rongé Arna, Juliano l’a accompagné pour dire au revoir au Camp et à Jénine. Puis il a repris, construit, développé ce qu’elle avait ébauché, le théâtre !
Juliano, fils d’Arna et de Saliba était la Palestine dans ce qu’elle aura un jour de meilleur ; le produit de l’amour et de la lutte, de l’art et de la résistance.
J’ai de la peine pour sa compagne, ses frères et ses amis, la population de Jénine et en particulier du camp de réfugiés et de la colère !
Que soient maudits ceux qui directement ou indirectement l’ont assassiné !
Et que nul ne se laisse tromper lorsque les trompettes de la désinformation vont se mettre à sonner, ce sont les ennemis du peuple palestinien qui ont exécuté le fils d’Arna !
Régine Fiorani, dans Médiapart