Henning Mankell, le père de Kurt Wallander, le héros des romans policiers suédois, est mort dans la nuit du 4 au 5 octobre à 67 ans, atteint d’un cancer qu’il avait annoncé l’année dernière. Engagé contre l’apartheid en Afrique du Sud, il vivait entre la Suède et l’Afrique, au Mozambique : « Ce que j’ai appris en Afrique m’a permis de devenir une personne meilleure… Grâce à l’Afrique, j’en sais davantage sur le monde ».
On connait moins son engagement pour les Palestiniens. En 2009 il participait au « Palestine Festival of Literature », à Jérusalem, festival que les israéliens ont cherché par tous les moyens à interdire, au motif qu’ils auraient menacé la sécurité d’Israël. Il raconte : « Prétendre que nous posions à ce moment une menace terroriste réelle pour Israël est absolument dépourvu de sens. Mais en même temps, ils avaient raison : nous représentons une menace… et exprimons ouvertement nos points de vue sur l’oppression de la population palestinienne par Israël. Les mots sont dangereux. »
Henning Mankell en profite pour visiter la Cisjordanie et témoigne de ce qu’il a vu, et surtout tire la leçon de son voyage : « L’Etat d’Israël ne peut s’attendre qu’à être vaincu, comme toutes les puissances occupantes. Les Israéliens détruisent les vies. Mais ils ne détruisent pas les rêves. La chute de ce scandaleux système d’apartheid est la seule chose concevable, car elle est impérative. La question n’est donc pas si mais quand elle se produira. Et comment. »
En 2010, Henning Mankell faisait partie de l’équipage d’un des bateaux le la Flottille de la Liberté, arraisonnée dans les eaux internationales de la Méditerranée, faisant une dizaine de morts : « Naturellement, il faut envisager sérieusement de traîner Israël devant la Cour pénale internationale », réclame l’écrivain qui ajoute : « Je vends beaucoup de livres en Israël et je vais voir si j’interdis la traduction de mes livres en hébreu. En même temps, je ne veux pas toucher les mauvaises personnes, donc il faut que j’y réfléchisse ».
Les mots peuvent être dangereux, ça dépend de quel côté on est.