La ville d’Hébron connaît une
situation très particulière compte
tenu de sa division en deux zones,
H1 et H2, la première sous contrôle de
l’Autorité Palestinienne (mais où l’armée
israélienne continue de procéder à des
arrestations, contrôles et patrouilles) et
la seconde sous contrôle israélien.
H2 : la souricière
- ©Hebron Rehabilitation Committee.
- Tandis que la ville demeure
divisée en zones, 101 barrages
sont disséminés dans « H2 »
(20% du territoire)
De retour dans la vieille ville après plusieurs
semaines d’absence, c’est le
choc.
Au cours du mois d’août, l’armée israélienne
a mis en place de nouveaux portails
métalliques et détecteurs électroniques
à différents accès de la zone H2
restée sous contrôle militaire israélien
depuis 1997. Au printemps dernier, deux
tourniquets et un portail détecteur avaient
déjà été installés à proximité de la Mosquée
d’Abraham, obligeant ainsi fidèles
et visiteurs à franchir cinq obstacles et
à subir cinq contrôles en moins de 100m
pour accéder au Haram... Au total 101
barrages sont maintenant disséminés
dans H2 [1] Quelques tours de clés et
toute la population de ce secteur se trouve
prisonnière...
- ©Hebron Rehabilitation Committee.
Cette fois, les nouveaux portails ont été
répartis de façon à limiter encore le périmètre
à l’intérieur duquel peuvent se
déplacer les habitants de la zone et à
décourager les allées et venues entre la
partie H1 (80% de la superficie de la
ville) et la partie H2 (20% comprenant
la vieille ville et les abords de Kyriat
Arba). En dehors de ce périmètre se
trouvent les colonies...on s’en serait
douté.
Depuis leur installation, certains de ces
portails sont fermés en permanence,
d’autres non. En parcourant la vieille
ville, on ne sait donc où nous porterons
nos pas, tantôt on passe, tantôt on ne passe
pas : il faut faire des détours, revenir
sur ses pas, marcher, encore marcher...
Les nouveaux « dispositifs de contrôle »
installés à proximité de Bab El Zawyie
(coeur commerçant d’Hébron) et sur le
chemin de la rue des Martyrs qui longe
le cimetière et la colonie de Beit Hadassah
fonctionnent, eux, de manière permanente,
de même que celui permettant
l’accès à la colline de Tel Rumeida,
laquelle surplombe le cimetière et cette
même rue des Martyrs.
Au total, il n’est donc plus possible
d’arpenter H2 et la vieille ville comme
il y a quelques années. Au lendemain
de la signature du Protocole d’Hébron
de janvier 1997, instaurant la division
H1/H2, il fallait bien compter trois
heures pour faire un tour complet et
monter jusqu’à Tel Rumeida. Désormais
en moins d’une heure on aura
arpenté une petite zone où les quelques
boutiques et commerces encore ouverts
végètent, tenus pour la plupart par des
septuagénaires qui voient leur espace
vital se rétrécir comme une peau de
chagrin.
Les habitants de ce triste secteur continuent
parallèlement à subir des incursions
régulières et plus ou moins longues
(parfois tout la nuit) de soldats dans les
habitations de nombre de Palestiniens, certains
d’entre eux utilisés comme boucliers
humains « pour protéger la vie des
soldats » [2] . Et, il y a quelques semaines,
un jeune habitant a été tué par l’armée
israélienne à l’entrée nord du souk alors
qu’il était assis à attendre un ami...
Décourager, humilier, pousser dehors,
l’entreprise israélienne a déjà porté ses
fruits : 43% de la population palestinienne
a quitté H2 entre octobre 2000 et
l’été 2003 [3]. Parallèlement, un nouveau
bâtiment construit pour les colons de
Tel Rumeida a été inauguré au printemps
2005 et abrite de nouveaux
colons...
Chantal Abu Eisheh,
Hébron, septembre 2005.