Photo : Plateau du Golan © leehuzysberg
Le plateau du Golan est officiellement reconnu comme faisant partie de la Syrie depuis l’indépendance du pays en 1944.
Malgré de nombreuses guerres, revendications et contre-revendications, la communauté internationale continue de considérer cette région pittoresque et riche en ressources comme faisant partie de la Syrie.
Israël, qui occupe le territoire depuis 1967, maintient sa souveraineté sur le plateau du Golan.
En 2019, les États-Unis de Donald Trump ont décidé de reconnaître officiellement le Golan comme israélien - une décision que le président Joe Biden n’a pas annulée.
Samedi, un tir de roquette apparent a touché un terrain de football à Majdal Shams, la plus grande ville du Golan, tuant 12 enfants.
Ces enfants appartenaient à la communauté druze syrienne qui constitue la majorité de la population du Golan.
Washington, certains médias et des responsables israéliens ont déclaré à tort que la frappe avait eu lieu dans le « nord d’Israël », soulignant ainsi le statut incertain de la région et de ses habitants.
Ces décès ont également suscité de nouvelles menaces du gouvernement israélien à l’encontre du Liban, Israël accusant le Hezbollah d’être à l’origine de l’attaque, ce que le mouvement libanais dément. Aucun des enfants tués n’était citoyen israélien.
Quel est le statut du plateau du Golan ?
Le plateau du Golan est un plateau stratégique situé à cheval entre Israël et la Syrie et surplombant le sud du Liban. Il a été capturé par Israël au cours de la guerre du Moyen-Orient en 1967 et annexé par la suite, ce qui n’a jamais été reconnu par la communauté internationale.
La partie occupée du Golan désigne les deux tiers occidentaux du plateau géologique du Golan, ainsi que la partie du mont Hermon occupée par Israël.
Le Golan est reconnu comme faisant partie de la Syrie par les Nations unies. La résolution 242 des Nations unies appelle Israël à se retirer du Golan et des autres territoires qu’il a occupés en 1967, notamment la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Cependant, Israël a refusé à plusieurs reprises de le faire et, en 1981, a déclaré que le territoire était officiellement annexé à Israël.
Depuis 1974, la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Undof) surveille le cessez-le-feu entre la Syrie et Israël et patrouille le long de la ligne de démarcation entre les zones du Golan contrôlées par les Syriens et les Israéliens.
Après l’instauration d’un cessez-le-feu en 1967, Israël a commencé à construire des colonies sur le Golan et à y installer des colons juifs, en violation du droit international.
À la fin des années 2000, des pourparlers secrets ont été entamés entre la Syrie et Israël et auraient inclus la possibilité que le territoire revienne à Damas en échange d’un accord de paix.
Toutefois, les négociations ont échoué lorsqu’Israël a lancé une guerre contre Gaza en 2009.
En mars 2019, le président américain de l’époque, Donald Trump, a signé un décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, une décision que les experts ont dénoncée à l’époque comme une violation du droit international, qui interdit aux États d’acquérir des terres par la force.
Malgré les critiques formulées à l’époque, l’administration Biden, après avoir évincé Trump lors des élections américaines de 2020, n’est pas revenue sur cette décision et a qualifié le territoire de « nord d’Israël » plutôt que de Syrie ou de territoire occupé.
Qui habite le Plateau du Golan ?
La guerre de 1967 a forcé des centaines de milliers de Syriens à fuir le Golan pour se réfugier dans d’autres parties de la Syrie. La population de la région est aujourd’hui composée d’Arabes syriens et de colons juifs israéliens.
Depuis que la guerre civile syrienne a éclaté en 2011, il est de plus en plus fréquent que des Syriens du Golan prennent la nationalité israélienne, bien que la grande majorité d’entre eux la rejette.
La communauté druze compte environ 23 000 personnes sur les hauteurs du Golan et cohabite avec quelque 25 000 colons juifs israéliens qui vivent dans des colonies illégales au regard du droit international.
Secte monothéiste répandue principalement dans le Levant, la foi druze est considérée comme une ramification de l’islam chiite ismaélien qui s’est développée au XIe siècle, bien que la communauté soit très secrète quant à ses croyances.
Certains Druzes modernes s’identifient comme musulmans, mais on pense que leur foi a été influencée par d’autres religions et philosophies qui ont prévalu dans l’est de la Méditerranée pendant des siècles, notamment le gnosticisme et le néo-platonisme.
Les Druzes ont souvent été persécutés et n’autorisent pas les conversions, qu’elles soient positives ou négatives, ce qui rend la communauté insulaire et très soudée.
Les citoyens druzes d’Israël, contrairement aux autres citoyens arabes, sont tenus de servir dans l’armée israélienne et sont considérés comme mieux intégrés dans la société israélienne que les citoyens palestiniens musulmans et chrétiens du pays.
Les Druzes des hauteurs du Golan occupé, en revanche, n’ont pour la plupart pas la citoyenneté israélienne et ont conservé leur identité et leur citoyenneté syriennes. Les Druzes non citoyens sont considérés comme ayant un statut de « résident permanent » par le gouvernement israélien, mais ils ne peuvent pas participer aux élections ni voyager avec un passeport israélien.
Depuis le début de la guerre contre Gaza en octobre, des combats sporadiques opposent Israël au mouvement libanais Hezbollah. Des centaines de personnes ont été tuées au Liban et des dizaines en Israël.
Le plateau du Golan n’a pas pu échapper à l’effusion de sang. Avant même l’incident de mercredi, des roquettes tirées par des groupes armés sur Israël ont tué plusieurs personnes sur le territoire.
Pourquoi le Golan est-il si important ?
On estime que le Golan fournit environ un tiers des réserves d’eau douce d’Israël. L’eau du Golan est acheminée vers la mer de Galilée et le Jourdain.
Comparé à d’autres régions occupées par Israël qui peuvent avoir une importance stratégique ou culturelle, le conflit autour du Golan est principalement motivé par les ressources.
Seule frontière terrestre d’Israël avec la Syrie, ce territoire revêt également une importance stratégique.
Ces dernières années, le Golan a parfois été frappé par des missiles et d’autres formes de tirs en provenance de Syrie, Israël ripostant contre des cibles syriennes et iraniennes.
Israël a affirmé que la menace permanente de l’Iran, de la Syrie et de leur allié libanais, le Hezbollah, signifiait que le maintien du contrôle du Golan était vital pour la sécurité.
Le paysage est encore jonché de débris de la guerre de 1973 au Moyen-Orient, ainsi que de bases militaires et d’avant-postes établis au cours des décennies écoulées.
Au début du mois, le Hezbollah a lancé une attaque contre une base située au sommet du mont Hermon, au cours de laquelle le groupe a pris pour cible des systèmes de renseignement, les « détruisant et déclenchant un incendie majeur ».
Alors que les tensions continuent de monter entre Israël et le Liban, le plateau du Golan devrait conserver son rôle central dans la sécurité de la région.
Traduction : AFPS