Journaliste israélien engagé, militant
anticolonial et pour une paix juste
entre Israéliens et Palestiniens, Uri
Avnery propose chaque semaine une chronique
politique de la situation proche-orientale
associant pamphlet et pédagogie. On
se souvient que les Cahiers de Confluences
avaient déjà publié deux premières années
de décryptage par Uri Avnery de l’Intifada
palestinienne, de ses motifs, de ses
objectifs, de son organisation et de la stratégie
israélienne, singulièrement de la
répression, couvrant les évènements de
septembre 2000 à septembre 2002, dans
une traduction française que l’on doit à
Roland Massuard et Sylviane de Wangen.
Cet été, la dénonciation de la guerre au
Liban a été l’occasion pour le journaliste
de publier deux chroniques chaque semaine,
que nous donnent à lire aujourd’hui les
deux traducteurs. Le livre s’ouvre en fait
non sur la guerre au Liban mais sur celle
menée contre la population palestinienne :
le 8 juillet 2006, Uri Avnery titre son propos
« Une guerre unilatérale » et écrit :
« (...) nous avons maintenant une guerre
unilatérale. Une guerre dans laquelle un
seul côté (le plus fort) jouit de tous les
droits d’une partie belligérante, alors que
l’autre (le plus faible), n’a pas de droits du
tout. » Le 15 juillet, il accuse : « Moins de
trois mois après sa formation, le gouvernement
Olmert-Peretz a réussi à plonger
Israël dans une guerre sur deux fronts,
dont les buts sont irréalistes et dont on ne
peut prévoir les résultats. » Une semaine
plus tard, il dénonce le fait que la guerre
était de longue date planifiée. L’auteur
scrute les objectifs de la guerre autant que
ses effets, humains, politiques, stratégiques.
Mais au-delà des faits et de leur mise en perspective,
Uri Avnery sait aussi revenir sur
ce qui nourrit les subjectivités dans les
deux sociétés, en particulier la société israélienne,
sur les ressorts profonds des regards
sur l’autre et sur soi et sur les dynamiques
à l’oeuvre.
Le journaliste n’épargne guère l’hypocrisie
ou le double langage, surtout quand il
s’agit de politiques ou d’intellectuels dont
la responsabilité est d’autant plus engagée
qu’ils sont influents. Ainsi d’un texte sans
complaisance du 6 septembre à l’encontre
de ceux qu’il qualifie de « de gauche, mais ».
« Je ne pense pas que la guerre aurait
atteint des proportions aussi monstrueuses
sans le soutien massif des gens “de gauche,
mais” qui a rendu possible la formation d’un
consensus général, sans entendre la protestation
du camp de la paix cohérent (...) ».
A travers cette succession de textes, le livre
donne à voir et à comprendre dans leur
linéarité trente-trois jours de guerre, mais
il permet aussi de cerner les enjeux de la
guerre qui se poursuit au Proche-Orient et
dont le peuple palestinien, en premier,
continue à payer le tribut.