Photo : Une femme se tient au milieu des ruines du quartier populaire al-Rimal à Gaza City après un bombardement israélien le 10 octobre 2023 - Crédit : Mohammed Zaanoun (Active Stills collective)
La décision d’appeler à un « cessez-le-feu » ou à une « pause humanitaire » à la suite des bombardements israéliens sur la bande de Gaza assiégée divise les dirigeants politiques du monde entier.
Israël a entamé une campagne de bombardements incessants contre Gaza le 7 octobre après une attaque surprise des combattants du Hamas, qui a tué quelque 1 400 Israéliens.
Les bombardements israéliens sur l’enclave déjà appauvrie ont tué plus de 9 000 Palestiniens, dont au moins 3 750 enfants et plus de 2 325 femmes, en seulement 26 jours, en plus des raids meurtriers menés depuis des mois en Cisjordanie occupée.
Israël a également imposé un « siège total » aux civils de Gaza, interdisant l’entrée de carburant et de nourriture ainsi que de biens essentiels à la survie - une mesure interdite par le droit international.
Pourquoi les dirigeants occidentaux se sont-ils montrés si réticents à appeler à un cessez-le-feu et ont-ils choisi de soutenir une « pause humanitaire » ?
Qu’est-ce qu’une pause humanitaire ?
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), une pause humanitaire est définie comme une « cessation temporaire des hostilités à des fins purement humanitaires », afin de permettre l’acheminement de l’aide dans les zones de guerre.
Elle nécessite « l’accord de toutes les parties concernées » et est généralement en vigueur pour « une période définie et une zone géographique spécifique où les activités humanitaires doivent être menées ».
Le 28 octobre, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré qu’il était « encouragé ces derniers jours par ce qui semblait être un consensus croissant au sein de la communauté internationale, y compris dans les pays soutenant Israël, sur la nécessité d’au moins une pause humanitaire dans les combats ».
Cependant, Israël n’a fait qu’intensifier ses bombardements et a pris pour cible des camps de réfugiés et des hôpitaux où se réfugient des milliers de civils, « sapant ainsi les objectifs humanitaires visés », selon M. Guterres, qui a également souligné son inquiétude pour le personnel de l’ONU à Gaza chargé d’acheminer l’aide humanitaire.
M. Guterres a lancé un appel pressant en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, qui permettra également « l’acheminement de l’aide humanitaire à un niveau correspondant aux besoins dramatiques de la population de Gaza, où une catastrophe humanitaire est en train de se dérouler sous nos yeux ».
Qu’est-ce qu’un cessez-le-feu ?
L’OCHA définit un cessez-le-feu comme une « suspension des combats convenue par les parties à un conflit, généralement dans le cadre d’un processus politique ». Il est conçu pour durer et couvre souvent l’ensemble de la zone géographique du conflit.
Son objectif est généralement de « permettre aux parties d’engager un dialogue, y compris la possibilité de parvenir à un règlement politique permanent », selon l’OCHA.
Les appels à un cessez-le-feu se sont multipliés dans le monde entier, des centaines de milliers de manifestants étant descendus dans les rues pour exiger la fin des bombardements israéliens sur Gaza, en particulier dans les pays où les gouvernements n’ont pas soutenu un cessez-le-feu.
Dans une lettre de démission, un haut fonctionnaire des Nations unies a vivement critiqué l’organisation pour ne pas avoir mis fin à ce qu’il appelle « un génocide qui se déroule sous nos yeux » à Gaza.
Craig Mokhiber, également avocat américain spécialisé dans les droits humains, a déclaré que « le massacre actuel du peuple palestinien » est enraciné dans des décennies de persécution par Israël « basée entièrement sur leur statut d’Arabes et associée à des déclarations d’intention explicites de la part des dirigeants du gouvernement et de l’armée israéliens ».
M. Mokhiber a quitté son poste à la tête du bureau de New York du Haut Commissariat des Nations unies aux droits humains le 31 octobre.
Pourquoi les pays sont-ils divisés sur la question du cessez-le-feu ?
La semaine dernière, la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, ont opposé leur veto à une demande de pause humanitaire à Gaza, appelant au contraire à un cessez-le-feu. La motion a rapidement été rejetée par les partisans traditionnels d’Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni.
La Maison Blanche a appelé à des « pauses humanitaires » pour permettre l’acheminement de l’aide à Gaza ou pour procéder à des évacuations, mais elle a jusqu’à présent refusé de discuter d’un cessez-le-feu, estimant qu’il ferait exclusivement le jeu du Hamas.
L’Union européenne a déclaré qu’elle ne ferait pas pression en faveur d’un cessez-le-feu en raison des « attaques » continues du Hamas.
Le président français Emmanuel Macron, lors d’une visite de solidarité avec Israël, est allé plus loin en suggérant la formation d’une coalition internationale pour lutter contre le Hamas.
Par ailleurs, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a proposé d’organiser une conférence de paix pour mettre fin au conflit entre Israël et la Palestine et reconnaître un État palestinien.
M. Sanchez a appelé à un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin aux attaques d’Israël contre la Palestine dans la bande de Gaza, ajoutant que l’aide devrait être autorisée à entrer de façon permanente afin de répondre aux besoins humanitaires.
Les États arabes ont également appelé à un cessez-le-feu et à une paix complète, conformément au mandat adopté et à l’initiative de paix arabe.
Le groupe arabe aux Nations unies a déclaré que la seule façon de garantir une paix durable est de créer un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale, sur la base des frontières du 4 juin 1967.
La guerre sans répit d’Israël contre Gaza est entrée jeudi dans son 27e jour.
Traduit par : AFPS