PLP : Comment appréciez-vous
le plan de désengagement de
Sharon à Gaza ?
Samia Bamya : Malgré l’optimisme du
monde, nous ne sommes pas très optimistes.
Bien sûr, chaque pouce de terre
que les Israéliens quitteront sera le bienvenu.
Mais nous voyons que nous n’avons
aucune maîtrise sur ce qui va se passer
à Gaza et qu’en revanche ce que nous
redoutions se produit. Pendant que le
monde entier s’illusionne sur le pas en
avant que constitue le retrait des colons
de Gaza, Sharon consolide la colonisation
de la Cisjordanie par l’expansion
rapide des colonies et l’avancée du mur
d’annexion. Il transforme les barrages
de Qalandya et de Betléhem en frontières
officielles, sur le modèle d’Erez qui sépare
Gaza d’Israël, en annexant de facto des
régions palestiniennes entières et les
grans blocs de colonies. Cela signifie
que cet ancien scénario qui consiste à
morceler le territoire palestinien en quatre
cantons se met en place. Bravo à M.Sharon
qui est en train de définir unilatéralement
les issues finales : Jérusalem et
les frontières. Les conditions, qui sont
aussi celles de l’Union européenne, pour
rendre viable le retrait de Gaza, ne sont
pas appliquées. Qui aura le contrôle sur
les frontières que ce soit du côté égyptien
ou israélien ? Comment allons-nous
relier la Cisjordanie à Gaza ? Quid de
ce fameux passage prévu depuis Oslo
et qui n’a jamais existé ? Aurons -nous
le droit de reconstruire l’aéroport, le port ?
Le monde sait que si ces conditions ne
sont pas remplies, Gaza va devenir une
grande prison dont Israël aura toujours
les clefs. Il y a un proverbe arabe qui
dit : « on jette du sable dans les yeux »,
c’est un numéro d’illusionniste. Il ne
s’agit pas d’un retrait mais d’un redéploiement.
Les conditions dans lesquelles
il s’effectue montrent que nous sommes
en train de perdre la possibilité d’avoir
un Etat palestinien. Exactement ce que
M.Weissglass, conseiller de M.Sharon
et son représentant auprès des Etats-
Unis, avait déclaré : « “Gaza first, Gaza
last ”. Le plan de désengagement de
Gaza, c’est le formol nécessaire pour
qu’il n’y ait pas de processus politique
avec les Palestiniens. »
- © Khalil Abu Arafeh, Alquds
- Israël se retire de Gaza pour mieux terminer la construction du Mur encerclant la Cisjordanie
Bien sûr, la résolution de la Cour suprême
israélienne après que des colons l’ont saisie
pour qu’elle statue sur l’illégalité du
retrait de Gaza, est intéressante. Pour
la première fois, la Cour suprême a
déclaré que Gaza, la « Judée-Samarie »
et Jérusalem ne sont pas des terres
israéliennes. Mais c’est comme pour les
résolutions de l’ONU, on peut faire toutes
les déclarations ; si sur le terrain, rien
n’est fait pour arrêter la colonisation forcée,
ce seront des paroles en l’air.
PLP : Qu’est-ce qui a changé, sur le terrain,
depuis la mort de Yasser Arafat ?
S. B. : Au quotidien, nous constatons
que la vie des gens est de plus en plus
difficile. A Charm El Cheick, des engagements
ont été pris qu’Israël, comme
d’habitude, n’a pas tenus. Il recommence
comme durant le processus d’Oslo, à
renégocier ce qui avait déjà été négocié
A Jéricho, l’armée israélienne n’occupait
pas la ville, elle devait retirer le
check-point à l’entrée. Il est toujours là.
A Tulkarem, les incursions se poursuivent.
En fait, les soldats peuvent revenir
à n’importe quel moment.
En ce qui concerne les prisonniers, c’est
le marchandage. Nous demandons la
libération des prisonniers politiques.
Nous ne sommes pas concernés par les
criminels. Dans le premier groupe des
libérés, il y avait 200 prisonniers politiques,
pour la plupart en fin de peines
et 200 droits communs. En deux, trois
jours, l’armée emprisonne 60 nouvelles
personnes. Israël avait accepté que les
Palestiniens de Cisjordanie déportés à
Gaza puissent rentrer chez eux. Personne
n’est rentré, sauf quelques-uns,
à Jéricho.
Le retrait de l’armée d’occupation sur
les positions de septembre 2000 n’a pas
commencé. Israël a repris sa politique
d’assassinats extra judiciaires dans le
but de provoquer des ripostes du Jihad
ou du Hamas.
Comme si Sharon alimentait la révolte
sur le terrain pour que les Palestiniens,
une fois de plus, doutent d’une issue
politique et que tout éclate de nouveau.
Jusqu’à quand Mahmoud Abbas pourrat-
il appeler au calme, si rien ne change ?
Aujourd’hui, Israël est en train d’avaler
littéralement nos terres et de mettre en
place un vrai système d’apartheid, raciste.
Comment le monde ne le voit-il pas ?
Quand nous aurons des « Erez » partout,
des portes dans les murs pour
entrer et sortir avec des permis pour
circuler, des routes principales qui nous
sont confisquées parce qu’elles vont
nous contenter de tunnels, il n’y aura
plus d’entité palestinienne possible. Que
fait la communauté internationale, en
ce début de 21ème siècle ?
Les déclarations de Bush, lors de la visite
de Mahmoud Abbas à Washington, marquaient
une évolution positive puisqu’il
s’est prononcé pour l’arrêt de l’expansion
des colonies et de la construction du
Mur et pour une relance des négociations
sur les frontières, bien que nous considérions
que les frontières ne sont pas
négociables. Bush a même fait référence
aux lignes d’armistice de 1949.
Mais est-ce que l’administration américaine
va s’engager concrètement sur le
terrain ? Est-ce que l’Europe qui, pendant
les trois dernières années, a dit
qu’elle ne pouvait rien faire seule, va
saisir cette opportunité pour peser sur
l’administration américaine ? Si elle le
veut, l’UE a les moyens de jouer un rôle
plus important, ne serait-ce qu’au travers
des relations transatlantiques...
Cela fait un an que la Cour de Justice
Internationale a donné son avis... Rien
ne s’est passé. Même Koffi Annan, qui
devait rédiger un rapport sur les dégâts
causés par le Mur, ne l’a pas fait. On a
demandé aux pays membres de prendre
les mesures nécessaires pour l’application
de ce jugement. La Suisse, qui était
mandatée, prépare son rapport, mais le
monde a entériné la position d’Israël qui
ne veut rien entendre de cette décision
de la CIJ. Nous avons laissé un an au
quartette, à la communauté internationale
pour agir. Nous allons être obligés,
de nouveau, d’interpeller l’AG de l’ONU
et peut-être le Conseil de Sécurité pour
exiger l’application.
Nous avons réussi avec les non-alignés
et les pays arabes à obtenir des sanctions
contre les compagnies qui subventionnent
ou qui investissent dans la construction
du mur ou des colonies. Cela, au moins,
va-t-il être appliqué ?
PLP : Quelle est la marge de manoeuvre
de l’Autorité palestinienne ?
S. B. : M.Abbas a été élu sur un programme.
Ce programme contient une
partie interne concernant l’ordre et la
sécurité des citoyens, les réformes à
mettre en oeuvre, et une partie externe :
la promesse d’un retour vers les négociations.
A mon avis, nous ne pouvons pas séparer
les deux. A quoi bon mettre en oeuvre
la réforme sécuritaire -ce qu’il a commencé
en réorganisant les forces de
sécurité - alors que les incursions militaires
israéliennes se poursuivent ? Si
Israël refuse que nos policiers et nos
forces de sécurité soient armés, alors
qu’il y a des groupes armés sur le terrain,
comment les policiers peuvent-ils
exercer leur mission ? Quand Poutine
a offert des blindés à l’Autorité palestinienne,
Israël a fait un scandale. Ce
n’est pas sérieux. Si moi, simple citoyen,
je vois qu’il y a des policiers à chaque
coin de rue mais que les jeeps de l’armée
israélienne rentrent comme elles veulent
dans les centres urbains, quel respect
vais-je avoir pour nos policiers ?
Comment peuvent-ils être crédibles ?
Dans le plan d’action que nous avons
signé avec l’UE, une clause indique qu’il
s’agit de « promouvoir la culture de la
non-violence »...Comment pouvonsnous
propager cette culture si, tous les
jours, les gens continuent d’être humiliés
aux cheks-points, arrêtés chez eux ?
Les Israéliens sont présents dans toutes
nos décisions et, pourtant, nous avons
besoin de réformes. Comment les réaliser
quand la politique d’occupation est
prédominante dans nos vies ? On est
en train de perdre chaque jour. La terre,
de nouveau, est l’enjeu du conflit.
La communauté internationale devrait
être beaucoup plus sérieuse pour faire
appliquer ses décisions par Israël. Que
ce soit par des pressions, par le dialogue,
ce qu’elle veut, mais qu’elle se fasse entendre ! Où
allons-nous ? Nous voulons parvenir à la paix. Mais nous en
avons assez du « processus » de paix qui n’en termine jamais
avec l’occupation. Il est temps qu’il y ait une proposition globale sérieuse. Les dirigeants d’Israël sont intelligents.
Quand nous préparions les rapports pour la CIJils ont demandé à sa Cour de justice de redéfinir les tracés du mur.
Ils avaient bien compris qu’à un moment donné ils pouvaient
être sous pression et qu’ils devaient lâcher du lest.
PLP : Comment analysez-vous le résultat
des élections municipales et la montée
du Hamas ?
S. B. : Selon les premières analyses,
le fait qu’Hamas ait accepté le dialogue
avec l’OLP et le Fatah, qu’il ait décidé
de se transformer en parti politique et
d’accepter le processus électoral, c’est
positif. Qu’il le veuille ou non, se présenter
pour les législatives, c’est reconnaître
une décision de l’Accord d’Oslo.
Hamas s’est montré très intelligent parce
que les candidats sur leurs listes municipales
n’étaient pas tous du Hamas. Ils
ont recruté des figures populaires crédibles
et respectées des Palestiniens.
Ils ont respecté le jeu démocratique.
Maintenant, jusqu’à quel point les gens
ont-ils voté pour le Hamas ou pour ces
personnalités ? Ou encore pour exprimer
un vote sanction de l’Autorité ? Tant
que celle-ci n’arrivera pas sérieusement
à appliquer le programme politique de
M.Abbas et à ouvrir des négociations, je
crois que nous aurons un vote de protestation.
L’Autorité a une lourde responsabilité
dans ce mécontentement, ainsi que le
Fatah. Le président, le Premier ministre,
la plupart des ministres, le président du
Conseil législatif sont membres du Fatah.
Tout dépend maintenant de la façon
dont celui-ci va résoudre ses contradictions
internes. Le Congrès a été repoussé.
Cela fait quinze ans qu’il n’y a pas eu
d’élections de ses représentants. Le
Congrès devra établir très clairement un
programme politique. Actuellement,
n’importe quel groupuscule peut se réclamer
de la bannière du Fatah, et faire ce
qu’il veut. Seul un Congrès peut mettre
un terme à ces agissements en affirmant
son appartenance au mouvement
du peuple palestinien, en définissant
une ligne politique claire et des critères
stricts d’adhésion.
Je crois que nous sommes rentrés trop
vite dans l’euphorie électorale. On voulait
faire, dans la foulée, la présidentielle,
les municipales, les législatives ; tenir
les congrès des Unions populaires, des
syndicats, des partis. Il est vrai que c’est
très important de tenir les législatives,
puisque le Conseil législatif aurait du être
renouvelé en 1999. Mais les discussions
autour de la nouvelle loi électorale ont pris
beaucoup de retard. Nous sommes parvenus
à un consensus. Je crois que nous
aurons notre double système : au niveau
des circonscriptions et au niveau national.
C’était le pourcentage de représentation
qui posait problème. Je crois qu’on
va vers 50%-50% et que ce sera bénéfique.
Et puis il y avait le débat sur le
pourcentage minimal
pour être élu. Finalement
c’est passé de 5
à 2%. Une fois la loi
adoptée, il faut un délai
de trois mois avant de
pouvoir tenir des élections.
Pour ouvrir une alternative,
nous avons
besoin d’une troisième
voie. Aujourd’hui, il
y a deux forces, le
Fatah et le Hamas, et
tous ces petits partis
libéraux de gauche.
La présidentielle a
montré combien ils étaient minoritaires.
Mains nous ne pouvons pas évacuer la
question essentielle : comment tenir
des élections s’il n’y a pas retrait des
positions israéliennes sur les lignes de
septembre 2000 comme le demande la
« feuille de route » ? Comment un candidat
pourra-t-il faire campagne s’il ne dispose
pas de mobilité, de sa liberté de
mouvement et d’expression ?
On voit bien que nous vivons une période
où s’ouvrent des possibles dans une
grande incertitude. Tout dépendra du
rôle de la communauté internationale et
du « quartette » qui est le sponsor de la
« feuille de route ». Vont-ils laisser face
à face le gouvernement israélien et l’Autorité
palestinienne, sachant le déséquilibre
des forces ?
Les Palestiniens ont donné un signe
politique fort en votant pour le programme
de réformes et le retour aux négociations.
Si une fois de plus, ils constatent
que ça ne sert à rien, qu’ils sont aussi
misérables qu’avant et qu’au contraire,
leurs terres continuent d’être avalées,
je me demande jusqu’où ira l’explosion
de violence ?
PLP : Nous avons constaté, au cours de
notre voyage, un grand sentiment
d’impuissance...
S. B. : C’est très dangereux parce que
c’est ce qui va conduire à un nouvel
extrémisme. Je crois que nous sommes
vraiment dans une période charnière. Il
faut absolument que le monde s’implique
sérieusement.
PLP : Quel rôle l’Europe peut-elle jouer
dans cette période ?
S. B. : C’est un dilemme parce que
nous savons que, depuis Oslo, c’est
l’Union européenne qui a soutenu notre
projet de construire nos institutions, nos
infrastructures depuis la canalisation
d’eau jusqu’au circuit de télévision, même
pendant l’Intifada, alors qu’il y avait un
risque réel de faillite de l’Autorité à cause
du manque de moyens financiers. Notre
frustration vient d’une autre attente : que
l’Europe joue un rôle politique à la mesure
des enjeux. Je qualifierais nos relations
de l’ordre du « dépit amoureux ». Nous
avons besoin, dans ce monde unipolaire,
du contrepoids de l’Europe. Nous
ne serions plus là si l’Europe ne s’était
pas impliquée dans notre projet politique.
Mais si elle ne
bouge pas politiquement,
ce sera un
gâchis. Nous savons
qu’elle a les moyens
de convaincre Israël
et elle ne les utilise
pas. Nous l’avons interpellée,
lui disant que
rien n’avait été fait pour
faire appliquer l’accord
d’association par Israël.
Au contraire, nous
sommes entrés dans
une forme de coopération
plus étroite, avec
les accords de voisinage.
L’Europe nous demande de faire des
réformes. Mais sur le terrain, comment
la vie va-t-elle changer ? Comment
l’économie va-t-elle se relever, sans
l’application par Israël de ses obligations
? Pourquoi l’Europe accepte-telle
la violation de ses propres lois, de
ses propres accords ?
L’Europe avançait l’idée selon laquelle
l’Amérique devait s’engager et faisait
valoir qu’elle ne pouvait pas bouger
seule. Aujourd’hui, c’est le moment. Dans
cette relation transatlantique, l’administration
Bush souhaite que l’Europe joue
un rôle. C’est sur le plan politique que
l’Europe peut prendre une initiative.
PLP : Vous croyez que Bush a réellement
changé de politique ?
S. B. : Ses déclarations montrent que
oui. Mais si c’est sérieux, pourquoi Sharon
ne l’écoute-t-il pas ? Les spéculations
sur le retrait de Gaza vont bon train.
Nous avons le monde entier sur le terrain.
Nous avons une coopération en
matière de sécurité avec les Américains,
les Européens veulent tous réformer nos
forces de sécurité, mais personne ne
veut arrêter les incursions, les assassinats
extra-judiciaires, l’avancée du Mur...
Donc, ce monde qui dit que la solution
passe par la reconnaissance de deux
Etats oublie la loi internationale, les positions
de principes, le
droit des peuples à
l’autodétermination.
Comment ce monde
peut-il permettre la disparition
d’une grande
partie de nos terres sur
laquelle devrait s’établir
cet Etat ?
C’est pourquoi certains
Palestiniens et Israéliens
disent que « deux
Etats, ça ne marchera
pas » et proposent un
Etat bi-national. Ce qui
ne marchera pas non
plus. Car les Israéliens
veulent leur Etat, juif.
Mais qu’ils nous laissent
le terrain où nous voulons établir
notre Etat.
Les références de la « feuille de route »
sont la résolution 242 et le droit international.
Mais concrètement... la communauté
internationale se mobilise dans
d’autres parties du monde pour faire
appliquer ce droit ; quand il s’agit d’Israël,
c’est le silence. Il y a deux poids, deux
mesures. Nous en avons assez
d’entendre que l’Europe ne peut pas
bouger à cause de l’antisémitisme, après
l’Holocauste... Jusqu’à quand allonsnous
payer pour un crime que nous
n’avons pas commis ? Nous avons payé
un lourd tribut en 1948. Nous avons
reconnu l’existence d’Israël sur 78 % de
notre terre. Et nous devons encore payer ?
Je ne suis pas très optimiste mais c’est
la réalité. Un petit volet d’espoir s’est
ouvert et s’il se referme, ce sera une
catastrophe, pire qu’en 2000. Pour les
deux peuples ... D’où votre responsabilité.
Aujourd’hui, c’est nous qui demandons :
« où est notre interlocuteur israélien ? »
Il est clair que l’argument israélien prétendant
qu’ils n’avaient pas d’interlocuteurs
palestiniens, était un mensonge.
Aujourd’hui, ils en ont un qui a dit très clairement
les choses. Quelle a été leur
réponse : rendre la vie encore plus difficile
; détruire le moindre petit pas vers
un calme complet et un retour aux négociations.
Chaque jour, sur le portable, je
reçois des messages : incursions, morts...
Mais on restera là. On ne peut aller nulle
part. Seulement, les malheurs risquent
d’être encore plus grands.
PLP : Qu’attendez-vous du mouvement
de solidarité ?
S. B. : Il peut lancer la campagne de
sanctions contre les compagnies qui
contribuent à construire le mur. Peutêtre
cela fera-t-il pression sur les gouvernements
pour qu’ils agissent également.
C’est toujours pour moi une surprise que
tant de gens dans cette communauté
internationale ne soient pas désespérés
et continuent d’être solidaires. J’ai tellement
l’impression parfois, qu’on est
un peuple de survivants !
Propos recueillis par Monique Etienne, à Ramallah,
le 11 juin 2005.