Caen – Devant une soixantaine de participant.es, deux médecins ont pris la parole pour témoigner de la situation sanitaire dramatique à Gaza. Cette rencontre, organisée par des associations locales de solidarité dont l’AFPS 14, a permis de lever le voile sur les conditions de vie dans la région, à travers des récits poignants et des images saisissantes.
Le Dr Chemseddine Bouchakour, anesthésiste, a récemment passé deux semaines à Gaza avec une équipe médicale. Il a présenté un diaporama intitulé "De Gaza 2023-2024 à Caen 1944", accompagné d’une bande sonore enregistrée pendant son séjour. Le médecin a détaillé son expérience à l’hôpital européen de Khan Younès, un établissement débordé de patients, entouré de tentes de réfugiés, où les conditions sont particulièrement éprouvantes : froid hivernal, manque d’eau et de nourriture, peur omniprésente, bombardements incessants, et une souffrance généralisée.
Le Dr Bouchakour a souligné le manque de lits, l’équipement insuffisant, l’afflux constant de blessés nécessitant des amputations, et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les chirurgiens. La situation est telle que même les maladies bénignes ne peuvent être soignées. Pourtant, malgré ces conditions extrêmes, la population palestinienne garde une incroyable dignité, avec des enfants qui continuent à jouer, et une solidarité entre Palestiniens qui reste une forme de résistance.
Il a également rappelé que les personnels de santé et les humanitaires sont régulièrement pris pour cible par l’armée israélienne. Certains d’entre eux ont été arrêtés, torturés, et même exécutés, soulignant ainsi la brutalité du conflit.
Le Dr Areski Gsmi, membre du Collectif Blouses Blanches pour Gaza, fondé en novembre 2023 et comptant près de 1000 membres, a également pris la parole. Il a évoqué les difficultés auxquelles font face les soignants français pour s’engager en faveur de la Palestine, en raison des pressions hiérarchiques et du respect du "droit de réserve". Il a également présenté les actions de son association, sa collaboration avec PalMed, et a projeté plusieurs vidéos illustrant leur travail.
La soirée s’est poursuivie par un débat, où des personnels de santé et des représentants syndicaux ont exprimé leur effroi face à la situation et la difficulté de mobiliser leurs collègues. Cette rencontre s’est conclue par un repas partagé, permettant aux participants de continuer à échanger dans une ambiance conviviale, malgré la gravité des sujets abordés.