Ce nettoyage ethnique réalisé fin avril 1948 est souvent occulté par l’occupation en juin 1967 de la partie Est de la ville suivie de sa colonisation, de son annexion, et d’un nettoyage ethnique moins rapide, toujours en cours 75 ans après.
Fin avril 1948, les quartiers arabes de l’ouest de la ville sont pilonnés, attaqués, puis nettoyés par les forces sionistes. Les troupes britanniques sont inactives sauf pour un quartier, désarment les rares porteurs d’armes et ne protègent pas la population malgré les obligations de la charte du Mandat et de la résolution 181. Malgré une forte résistance notamment lors de l’attaque (26 avril) du village de Nabi Samuel qui commande l’un des accès de la ville, 8 quartiers palestiniens de Jérusalem-Ouest et 35 villages palestiniens voisins subissent un nettoyage ethnique.
Le 30 avril tous les Palestiniens de Jérusalem-Ouest et de ces villages, environ 80 000 personnes, ont été chassés de leurs foyers et se sont réfugiés vers l’Est, y compris Jérusalem- Est. Alors que 70 % de la propriété foncière de Jérusalem-Ouest était palestinienne, les villages ont tous disparu, de belles maisons de quartiers riches comme Katamon (où l’hôtel Sémiramis avait été explosé par la Haganah le 5 janvier : 24 morts), Cheikh Jarrah, Talbiya (où habitait Edward Said)... sont habitées par des familles juives.
Yitzhak Levy, chef du renseignement de la Haganah : "Tandis que le nettoyage ethnique de Katamon était en cours, les pillages et les vols ont commencé. Des soldats et des citoyens y ont pris part. Ils entraient dans les maisons et prenaient les meubles, les appareils électriques et les produits alimentaires." (cité par Ilan Pappe).
Le nettoyage ethnique ne put s’étendre au secteur Est grâce à l’intervention mi-mai de la Légion arabe jordanienne.
Sources : ouvrages de Ilan Pappe, Henry Laurens, Vincent Lemire, Sandrine Mansour, Dominique Vidal, Walid Khalidi.