A quelques jours du neuvième conseil d’association entre l’Union européenne (UE) et Israël qui doit se tenir le 15 juin prochain, l’AFPS est vivement préoccupée par le risque d’un rehaussement des relations entre l’UE et Israël, qui ne pourrait être perçu que comme un message d’encouragement à la poursuite de la politique des dirigeants israéliens et aurait donc des conséquences dramatiques pour l’avenir de la paix dans la région.
Nous avions déjà été particulièrement choqués par l’attitude de la France qui, le 8 décembre dernier, plaidait auprès de ses partenaires européens en faveur d’une décision de principe pour un tel rehaussement. Ce choix de la France faisait fi des préoccupations exprimées quelques jours plus tôt par les parlementaires européens, lesquels avaient décidé de reporter leur décision de donner ou non leur “avis conforme” à l’intégration d’Israël à une série de programmes communautaires. La France, elle, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, engageait ses partenaires à avancer dans la voie d’un rehausssement des relations politiques et stratégiques, visant la participation de Tel-Aviv au plus haut niveau à nombre de comités et de groupes de travail stratégiques, de défense et de sécurité, y compris sur le Proche-Orient.
M. Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, n’a pas hésité à soutenir que ce rehaussement des relations euro-israéliennes permettrait de mieux faire passer auprès de Tel-Aviv les messages de l’Europe. Qu’il s’agisse du siège insupportable de la bande de Gaza, de la colonisation, du mur de l’annexion, de barrages militaires, des quelque 11.000 prisonniers politiques palestiniens... toute l’histoire démontre pourtant l’inverse. Pire : moins de deux semaines après l’engagement de M. Bernard Kouchner avec ses partenaires en faveur d’un tel rehaussement, le gouvernement israélien de Mme Tzipi Livni entamait vingt-deux jours d’offensive meurtrière contre la population palestinienne de la bande de Gaza. En toute impunité.
Il ne faut pas répéter la même erreur. Le gouvernement de M. Benyamin Netanyahou non seulement poursuit la politique de ses prédécesseurs, mais en outre refuse explicitement de reconnaître les engagements pris par Israël, en particulier dans le cadre de la feuille de route, et refuse explicitement toute négociation fondée sur le droit international, en particulier concernant le droit au retour des réfugiés et la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Son gouvernement entend qui plus est avancer dans la voie de mesures ouvertement racistes d’exclusion à l’encontre des Palestiniens d’Israël.
Cela ne peut plus durer. L’avenir de la paix, aujourd’hui particulièrement compromis, nécessite de mettre un terme à l’impunité d’Israël.
La France se déshonorerait à ne pas intervenir avec détermination contre tout rehaussement des relations entre l’UE et Israël. Elle se déshonorerait en n’exigeant pas, en particulier, la levée immédiate du siège imposé en toute illégalité à la population palestinienne de la bande de Gaza. Elle se déshonorerait à ne pas intervenir avec détermination en faveur de véritables pressions sur les dirigeants de Tel-Aviv pour les contraindre à appliquer leurs obligations et le droit international. Cela passe notamment par la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël, conformément aux articles 2 et 79 de cet accord.
C’est ce qu’exigent, de plus en plus nombreux, les citoyens soucieux de paix et du respect du droit.
Paris, le 10 juin 2009.