Q - Selon vous, qu’est-ce qui a conduit à la qualification des six ONG comme « terroristes » par Israël ?
R. Avant la désignation comme « terroristes », il y a eu une longue campagne de provocations et de diffamations des organisations palestiniennes. Nous ne nous sommes pas laissés intimider, continuant à avancer dans le dossier des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, à la suite d’un travail approfondi depuis plusieurs années, fondé sur le droit international, pour contester la politique d’occupation coloniale d’Israël. C’est ce travail avec la cour pénale internationale (CPI) et d’investigation sur les entreprises impliquées dans les colonies, qu’Israël veut sanctionner.
Le gouvernement israélien tente de nous dissuader de notre lutte, en prenant une décision politique qui n’a pas de fondement juridique ou sécuritaire. Ils espèrent, en nous coupant les aides, que la CPI n’aura pas les preuves nécessaires pour son action. Mais la CPI les aura !
Nous voulons augmenter au niveau international les coûts pour Israël de sa politique et arriver à faire reconnaître sa responsabilité par une décision de la CPI. Nous cherchons à démasquer la chaîne des intérêts économiques qui soutiennent Israël et à la contester : dénoncer les intérêts économiques qui soutiennent la politique israélienne par notre travail à la fois sur les entreprises et sur les droits de l’humain.
Q - Qu’est-ce que cela implique pour les six ONG ciblées, pour la Palestine, pour Israël ?
R - Pour les six, cela confirme la valeur de notre travail et la nécessité de le poursuivre. Pour Israël, cela confirme sa pratique de l’apartheid et tout ce qu’il est prêt à faire pour la maintenir.
Notre travail n’est pas un métier, mais une conviction, un partage de valeurs. Celle que la colonisation est contraire à toutes les valeurs de ce siècle et aux principes des droits humains.
Israël a eu tort en pensant que l’Autorité palestinienne ne nous soutiendrait pas. Elle l’a fait, ainsi que les partis politiques palestiniens et notre peuple. Car ils savent que l’occupation ne vise pas seulement les ONG palestiniennes, mais à atteindre l’existence des Palestiniens, la terre de Palestine. Sur l’agenda de l’occupant, il n’y a pas le mot paix.
Q - Y a-t-il un lien entre les six ONG ?
R- Nous travaillons collectivement en tant que groupe des six. Nous considérons qu’il s’agit d’une décision politique nécessitant une action politique. Nous n’avons aucune confiance dans le système judiciaire de la puissance occupante.
Nous œuvrons pour demander à la communauté internationale de ne pas reconnaître, ni tenir compte des désignations d’Israël et parallèlement pour que ces accusations soient levées.
Nous continuerons à dénoncer les crimes de guerre, à poursuivre ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité et à défendre les victimes, notre peuple.
Q - Quelles sont les actions que vous menez ensemble ?
R- Nous poursuivons notre travail avec encore plus d’énergie face à ces actes. Nous continuerons même s’ils ferment nos organisations, même s’ils nous emprisonnent, même s’ils coupent toutes les aides. Nous puisons notre énergie du soutien du peuple, de nos amis et de nos alliés dans le monde entier, y compris ceux de l’AFPS et des personnes que j’ai rencontrées lors de votre congrès.
Les ONG sont devenues des lieux de rencontres de celles et ceux qui nous soutiennent.
Q - Nous avons construit la campagne de l’AFPS contre l’apartheid sur le travail de la société civile palestinienne dont Al-Haq. Pour vous, quelles sont les priorités de cette campagne ?
R – Il faut amplifier le message que nous portons pour déjouer les tentatives israéliennes de faire taire le messager. Continuer de dénoncer, d’informer et poursuivre la mise en œuvre de la campagne contre le régime d’apartheid à tous les niveaux.
L’action de l’AFPS est un excellent exemple de ce qu’il faut faire.
Q - Que voulez-vous dire sur la CPI ?
R - La CPI est un des moyens pour qu’Israël subisse les conséquences de sa politique d’occupation et de son régime d’apartheid. La seule façon de mettre fin à l’occupation coloniale d’Israël et à sa pratique de l’apartheid est d’accroître les coûts qui en découlent pour lui par toutes les voies légales, y compris la CPI. Nous espérons que celle-ci avance efficacement dans son investigation, car un procès qui dure longtemps perd en efficacité.
Q - Que souhaitez-vous ajouter ?
R – L’attaque du gouvernement israélien à notre encontre nous a permis de voir nos soutiens de par le monde. Je veux remercier les associations, les syndicalistes, les universitaires, qui nous soutiennent... S’il y a un terrorisme, c’est celui du gouvernement d’Israël. Le lieu où devrait être notre accusateur, c’est derrière les barreaux pour ses crimes. Notre objectif à présent est de pouvoir passer le flambeau à la nouvelle génération, pour que la lutte continue.