Dès le retour de ma 1ère mission civile en Palestine, en mai 2003, je souhaitais repartir là-bas. En automne 2004, du 25-10-04 au 26-11-04, je rejoignais une mission civile organisée par Paris, et du 6-11-04 au 17-11-04, avec une amie, Lola, je me suis rendue à Naplouse.
Les autres jours, je suis restée à Jérusalem.
Par cet écrit, je souhaite faire partager quelques réflexions sur ce que j’ai vu et entendu à Jérusalem, et dans les Territoires Occupés [1].
Plusieurs sortes de murs déracinent les oliviers, captent les sources d’ eau , volent les terres, démolissent les maisons , détruisent les marches , séparent les paysans de leurs champs, les familles entre elles , les malades de leurs médecins, les élèves de leurs écoles , emprisonnent les Palestiniens .
- Le mur en béton, large de 70 à 100 mètres avec fossés et barbelés, haut
de 8 mètres, avec ses miradors, caméras et mitrailleuses télécommandées,
qui, tel un énorme serpent, dévore tout sur son passage et étouffe l’espoir
de Paix.
A Abu Dis, dans l’agglomération de Jérusalem, vivaient en bonne entente
Chrétiens et Musulmans. Aujourd’hui l’église est d’un côté, la mosquée de
l’autre. Les familles séparées ne peuvent passer par « la porte du mur »
pour se retrouver, sans une autorisation israélienne ....et malheur à ceux
qui font passer une personne « étrangère », car ils seront considérés
comme criminels !
Dans une localité proche, le mur traverse le cimetière. Il n’y a plus de
place pour enterrer les morts ! Plus loin, un Palestinien qui venait de
construire sa maison a dû la vendre à bas prix car elle était sur le tracé du
mur ! Achetée pour un colon, le mur avait pu se déplacer !!
A l’intérieur de Qualquiya, le mur est l’unique horizon. Une seule ouver
ture en permet l’entrée ou la sortie pour ses 43.000 habitants, lorsque l’ar
mée, omniprésente, ne décide pas de tout bloquer !Dans tous les cas c’est
l’attente, sous le soleil ou la pluie !
Ce 22 novembre 04, nous étions sept dans un véhicule (94ème mission civile)
à quitter Qualquiya pour aller cueillir des olives à Qufin. Au « passage »,
du check- point, arrêt obligé. Relève des soldats. Ils prennent tout leur temps
pour quitter ou mettre leurs gilets pare-balles, fumer, téléphoner, ou s’en- . guuler. Aucune attention pour ceux qui attendent. Le Palestinien, qu’il soit
jeune ou vieux, malade ou bien portant, est toujours méprisé !
- La barrière de sécurité, large ruban de 20 mètres, électrifiée de part et
d’autre, est réservée aux colons, aux voitures militaires et israéliennes.
A Budrus, village proche de Jérusalem, elle est en construction, complétant
les ravages causés par la route dite militaire. La plupart des oliviers,
lorsqu’ils n’ont pas été arrachés sont devenus interdits.
Avec quelle émotion un Palestinien, accompagné de deux compatriotes,
est allé cueillir quelques olives sur ses arbres devenus aujourd’hui
interdits et avec quelle rapidité l’armée et la police israélienne sont
intervenues !
« si vous n’aviez pas été là, nous a-t-il dit nous étions 4 françaises) nous
aurions été battus et emprisonnés deux mois !
« tout nous est interdit, seuls quelques chemins, ici, nous l’est un peu
moins. »
- Les colonies, qui poussent comme des champignons au sommet des colli
nes sont toutes reliées entre elles par des routes interdites aux Palestiniens.
Armés, les colons terrorisent les villageois, quelquefois les tuent, gazent les
moutons, polluent l’eau. Lors de la cueillette des olives, si des « Interna-
tionaux » (missions civiles), et des anti-colonialistes israéliens ne sont pas
au côté des Palestiniens, dans certains villages la récolte devient impos
sible parce que trop dangereuse. A Koutif, en Cisjordanie, un homme de
32 ans, père de 2 enfants, a été tué par un colon ce mardi 27-11-04, alors qu’il
travaillait dans son arbre.
- Les check-points conditionnent l’entrée et la sortie de la bande de Gaza,
et des grandes villes de la Cisjordanie.
J’en ai pratiqué quelques-uns. Ce sont de longs passages avec des tourni
quets qui bloquent les Palestiniens. Lorsqu’elles sont autorisées,
les entrées ou les sorties se font « goutte à goutte ». Présentation des
papiers d’identité, fouilles, bagages passés aux rayons X, tout
peut-être pratiqué, au gré de l’humeur des soldats qui n’ont aucune atten
tion, aucun respect, pour le vieillard, la femme enceinte ou le malade.
En mai 2002, à Quibia, village martyr en partie détruit par l’armée de
Sharon en 1953 (73 civils tués, 200 expulsés vers la Jordanie), Aîcha
Ali Hasan- 21 ans- est décédée pour n’avoir pu être dialysée. Une parmi de
nombreux autres !
Les check-points peuvent rester fermés plusieurs jours, ou de longues heures leurs jours d’ouverture .
Ainsi en a-t-il été ce mercredi 17-11-04. A 7h15, Lola, des Naplousiens et moi-
même, sortions de Naplouse par le check-point de Huwwara.
Fermé à 10 heures, de nombreuses personnes ont dû attendre jusqu’à 17 heures
dans le froid et sous la pluie, pour pouvoir rentrer chez-elles. Aucun
endroit couvert pour se protéger.
Seuls les soldats « méritent-ils » d’être à l’abri ?
- Les barrages volants sont fréquents, inattendus. Quelques jeeps militai
res, voitures de police, une chaîne avec de grosses pointes en fer tendue sur
une partie de la route, et le tour est joué ! Nouveaux contrôles, nouvelles
attentes, nouvelles humiliations !!
Ce même jour, 3 ou 4 kms au-delà du check-point de Huwwara, le car qui
nous emmène vers Kalandia doit s’arrêter. Les hommes descendent par la
porte arrière, remontent par celle avant, après avoir montré leurs papiers
maintes et maintes fois. Deux jeunes sont suspectés -il ne fait pas bon être jeu-
ne en Palestine !- la sœur et la mère présentes dans le bus, en descendent
et interviennent. Nous pouvons repartir. Quelques kilomètres plus loin,
nouveau barrage. La méthode de vérification a changé : sur ordre d’un
soldat, tous les papiers des passagers du car sont récupérés par le chauffeur et
présentés. Mais attention il ne faut pas trop s’approcher...le soldat ne supporte
pas . D’un geste arrogant il demande au chauffeur de reculer. Un vieil homme
palestinien descend fumer sa cigarette. Un autre soldat lève son arme contre lui !
Ces murs rendent très difficile l’accès à l’Université pour les étudiants. Les responsables politiques ,
médicaux, enseignants ne peuvent se retrouver pour travailler ensemble. C’est ainsi qu’un formateur
de Ramallah ne peut rencontrer son collègue de Gaza qu’au Caire !
Avant ce séjour en novembre 2004 je comprenais difficilement ce que signifiait « ville occupée »
Je l’ai compris en me rendant à Naplouse. Ville encerclée dans laquelle il est impossible de
pénétrer sans franchir un check-point . Aucune personne étrangère n’est autorisée à rentrer ici. Avec d’autres Internationaux, je suis passée par la montagne, en toute illégalité [2], accompagnée de passeurs.
Six heures de route pour faire une soixantaine de kms.
Cinq véhicules différents et un passage à pied. Ces passeurs prennent des risques énormes : être
tués ou aller en prison. Ils le font pour gagner un peu d’argent, faire vivre leur famille et dé
noncer ce qu’ils subissent : « Photographiez, nous disent-ils, au difficile croisement avec un autre véhicule ! »
Naplouse, la belle ville de Naplouse, si riche en histoire, avec son puits de Jacob tout proche de la montagne de Garizim, où vivaient les Samaritains il y a 2000 ans [3], ses vieux quartiers aux rues voûtées, aux échoppes, églises, hammams, savonneries, plusieurs fois centenaires, n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Bien que l’accueil, la gentillesse, la solidarité de ses habitants restent très forts, la douceur de vivre a fait place à l’humiliation, à l’inquiétude, à la pauvreté.
Naplouse est occupée depuis le douloureux printemps 2002, où bombardements,
assassinats ciblés, couvre-feux ne cessaient. Aujourd’hui, les incursions israéliennes
restent quotidiennes. On y tue toujours des enfants, à bout portant, dans les maisons,
devant chez eux, sur le trajet de l’école. Lors de mon séjour, le garçon tué
au centre ville , vers 17 heures, ce mardi 9 novembre, n’avait que 10 ans et
Myriam, 11 ans, a été abattue chez elle le 15 septembre 04. Ce ne sont que des exem
ples parmi d’autres !. Les affiches sur les murs des rues, témoignent de la fréquence
de ces actes. Quant aux jeunes décédés, ils sont nombreux !
La visite des cimetières m’a remplie d’effroi !
Lorsque les victimes de l’occupation israélienne ne meurent pas sur le coup,
elles sont grièvement blessées. Des membres doivent être amputés. Des balles
traversent le crâne en le brisant. 140 enfants ont déjà été opérés à l’hôpital de
Rafidiya, devenu hôpital de référence en Palestine. Le chirurgien qui les opère
explique avoir acquis une grande expérience de terrain : « Lorsque l’on amène un enfant dans le coma et que les ambulanciers me disent qu’il est préférable de le laisser mourir, je refuse et je tente l’opération. ». Brahim et Hassad , 13 ans chacun, ont eu ainsi leur vie sauvée. Tous
deux, après l’intervention, ont pu retourner à l’école...avec un handicap moteur qui devrait s’atténuer. Mais combien resteront de grands handicapés à vie ?
Les maisons détruites sont nombreuses. Au printemps 2002, dans la vieille ville de Naplouse
5 immeubles ont explosé, tuant leurs 40 occupants. Un peu plus loin, un énorme
tas de gravats, rappelle l’existence de 150 maisons.
Un homme d’une soixantaine d’années, debout parmi des ruines raconte : « j’habi
tais ici avec ma famille et j’étais boulanger. Dans la nuit, l’aviation israélienne a
bombardé ma maison, mon four à pain .Je n’ai eu que le temps de m’enfuir avec
ma femme et mes enfants. Je n’ai plus rien. Je ne travaille plus. J’habite dans un
autre quartier ». L’homme pleure.
Une femme qui nous accompagne explique : « en 2002, la vieille ville a été assiégée. Les soldats passaient de maison en maison en faisant des trous dans les murs. Des fenêtres ils tiraient sur les passants dans les rues. Il y a eu beaucoup de morts. Les soldats laissaient saigner ceux qui n’étaient
que blessés, empêchant les ambulances de s’approcher.
Tout était bloqué. Les enfants n’avaient plus rien à manger. En une seule nuit, 63 personnes ont été tuées. » Une plaque commémorative le rappelle.
Toutes les nuits, en ce mois de novembre 2004, les soldats sont là . Ils tuent toujours. Les maisons continuent d’exploser.... Mais on n’en parle plus dans les médias, comme si c’était devenu une banalité !
Toujours dans la vieille ville, les rues ne sont pas éclairées « pour que les soldats ne voient pas les jeunes ». Des barrières avec des barils remplis de ciment, des grosses pierres, ferment l’accès à certaines rues « pour que les voitures militaires ne puissent rentrer. »
Protection dérisoire, face à la 4ème armée du monde !
Des 3 camps de réfugiés, à la périphérie de Naplouse, celui de Balata m’a le plus impressionnée. 23.000 habitants vivent ou plutôt survivent dans un
espace très réduit. Trois écoles primaires accueillent les nombreux enfants.
Ce camp, lui aussi, subit fréquemment les bouclages de l’armée israélienne. Bombardements,
assassinats ciblés, destructions des maisons, morts...... Existe-t-il une seule famille sans un enfant tué, en prison ou blessé ? je n’en suis pas sûre.
Lors de mon séjour, une adolescente de 14 ans a été arrêtée. Un enseignant rencontré s’inquiète des nombreux élèves qui ont des difficultés scolaires importantes en raison des violences qu’ils vivent.
Après quelques jours passés ici, j’ai l’impression que toute personne palestinienne est considérée par l’armée d’occupation comme un terroriste en puissance, depuis le jeune enfant jusqu’au vieillard.
Le Père Y. -75 ans- a été braqué.....une bombe a éclaté dans la cour de son église.
Le vieux prêtre orthodoxe, gardien de l’église qui abrite le puits de Jacob, nous montre les blessures qu’il porte à la tête « les soldats sont rentrés ici, m’ont frappé, ont profané ces lieux en tirant sur un Christ. »
Les familles qui le peuvent essayent de se protéger avec des portes en fer.
Malheur à vous ou à vos voisins, si vous refusez d’ouvrir à l’armée !
Cet été 2004, des soldats ont demandé à pénétrer chez les petites sœurs de Mère Thérésa qui accueillent des enfants lourdement handicapés et des femmes très pauvres, en fin de vie. Elles n’ont pas accepté. Les soldats sont montés sur le toit de leur maison, et ont tiré sur celle d’en face, tuant 5 Palestiniens.
Le plus inquiétant, pour l’avenir, est de constater que ce qui se passe, n’est qu’une nouvelle étape d’un plan de destruction du peuple palestinien, élabore depuis une cinquantaine d’années.
Tout a été minutieusement réfléchi . Il semble que rien ne pourra arrêter cette machine infernale qui fait fi de toutes les résolutions de l’ONU, des décisions du tribunal de la Haye et veut quoiqu’il en coûte arriver à ses fins : prendre le plus possible de terres et d’eau aux Palestiniens et les contraindre à l’exode en les humiliant, les affamant, les terrorisant.
La tragique histoire de Qalquiya en témoigne . Depuis 48 le gouvernement israélien a toujours eu en ligne de mire cette ville qui compte actuellement 43.000 habitants.
En 1949, interdiction pour les paysans d’accéder à leurs champs proches du littoral.
En 1967 l’armée parvient à détruire 1560 maisons des 2000 que compte Qalquiya. Les habitants réussissent à rebâtir leur cité grâce à l’aide de certains membres du conseil de sécurité.
Isolement progressif de la ville avec la construction tout autour de 25 colonies.
Celle du mur de l’apartheid débute le 13-06-02. 2.200 dunums (22 hectares) appartenant à 543 agriculteurs se trouvent éradiqués.
Forage de huit puits aux limites de la ville...l’eau est volée.
40%des magasins....45,5% des entreprises ont dû fermer.
85% des terres vouées à l’agriculture sont désormais interdites d’accès.
La pauvreté ne cesse d’augmenter. Le bouclage de la ville est fréquent avec son lot de bombardements, d’incursions militaires et de morts. A titre d’exemple, Qalquiya a été bouclée du 10-10-03 au 26-11-03 !
Face à cette destruction la résistance palestinienne est toujours bien vivante
« Sharon peut bien déraciner les arbres, et nous affamer. Mais nous ne le laisserons
pas nous déraciner... Sharon ne pourra pas éradiquer la volonté de paix et de liberté ancrée dans nos esprits...... » clament les habitants de Qualquiya.
Où puisent-ils ce courage, cette détermination, que l’on retrouve chez tous les Palestiniens rencontrés ?....sinon dans la certitude que cette terre de Palestine est la leur depuis des millénaires ! Les Philistins , ce qui signifie étymologiquement les Palestiniens, ne sont-ils pas déjà mentionnés dans la première partie de la Bible (Genèse- chapitre 21 verset 32) ?
Cette résistance se manifeste à différents niveaux :
- les liens familiaux restent forts. En dehors des jours de couvre-feux, et malgré les
incursions israéliennes fréquentes, à Naplouse, les enfants continuent d’aller à
l’école. Les boutiques sont ouvertes. Les gens se rendent visite et circulent à l’in
térieur de la ville. Le jour de la fête clôturant le Ramadan, tous ceux rencontrés
étaient habillés de neuf, les plus fortunés aidant ceux qui n’avaient rien.
- l’éducation des enfants, la formation des jeunes, demeurent des priorités.
- des maisons détruites sont reconstruites.
- la Parole puise sa Force dans la Vérité :
« je leur montre ce que vous nous faites » répond le jeune
Palestinien aux soldats l’interpellant à Budruss.
« nous avons une carte d’identité, vous un passeport....cela
prouve bien que c’est vous qui êtes étranger ici » explique
ce Palestinien de 60 ans à une Israélienne qu’il reçoit.
- les religieux chrétiens, hommes et femmes, palestiniens et étrangers, dénoncent ce
qu’ils voient
« je suis sur la liste noire... » nous confie cette petite sœur de
Jérusalem.
« le gouvernement israélien n’aime pas lorsque les religieux
parlent parce qu’il sait qu’ils sont crus à l’étranger »
commente cet homme d’affaires palestinien.
- les difficultés se contournent :
-l’accès de Naplouse est interdit aux étrangers....on passe par
la montagne !
-A Ramallah, le développement de l’agriculture est devenu
très difficile. Le Parc ( Palestinian Agricultural Relief
Committee) fait des recherches et expérimente de nouvelles
plantations à Jéricho.
-de projets de Vie surgissent des forces de la Mort :
-les « amis de St Etienne », à Naplouse travaille avec l’asso-
ciation « les amis de Naplouse » de St Etienne, pour la
création d’un centre de loisirs dans un quartier populaire de
la ville. Déjà des enfants se retrouvent . Accompagnés de
bénévoles ils font du théâtre, écoutent des contes et les miment
-à l’entrée du camp de Balata, un club accueille des enfants.
Ils récupèrent des bombes explosées, en font des œuvres
d’art.
Un musicien met ses compétences au service d’un groupe
qui chante au rythme d’un piano
Des camps sont organisés l’été.
Un instituteur projette d’agrandir le club pour créer un lieu
de vie et d’expression.
Les élèves des 3 écoles vont pouvoir correspondre, via In
ternet, avec des écoles françaises de la Loire, en France.
-dans la vieille ville de Naplouse, à l’initiative d’un architecte
palestinien -des portes et volets de maisons, églises et mos
quées bombardées sont récupérées. Des enfants viennent y peindre leur histoire. Ces oeuvres
deviendront les supports d’un calendrier vendu
à l’étranger.
« Parole de portes sans maisons »
-construction d’un lieu de création artistique,
d’exposition, d’une bibliothèque d’art, d’un
musée dans une ancienne savonnerie et dans des
appartements ayant appartenu à sa famille, en partie
détruits par les bombardements.
-Une association des Droits de l’Homme fait quelques avancées à
la cour d’appel - les paysans, lors de la cueillette des olives
devront-être protégés par l’armée.
- un jeune arrêté par les militaires lors d’une
manifestation pacifique a été relâché
La lutte des anti -colonialistes israéliens auprès des Palestiniens ne faiblit pas. Présents sur le terrain, ils rendent possible la récolte des olives, la reconstruction de maisons, les manifestations non-violentes. Ils surveillent les check-points et dénoncent.
A Budrus, le 1er novembre 2004, lors de la manifestation contre le mur, un anti-colonialiste était là. (d’autres devaient venir, mais en raison d’un attentat à Tel-Aviv, tout avait été bloqué). Connu en raison de ses positions pacifiques, incarcéré plusieurs fois pour cela, il a été le premier à être tabassé par les soldats. Car si les manifestations sont non-violentes, la réaction de l’armée ne l’est guère ! C’est ainsi qu’à Budrusss les soldats ont immédiatement riposté aux manifestants : coups de matraque, tirs en l’air, grenades lacrymogènes, tirs à balles réelles contre un jeune caché derrière un bosquet de cactus et qui lançait une pierre .Encerclement par des véhicules militaires. Nouveaux tirs. Angoisse des mères qui essayaient de retenir leurs grands enfants. Elles redoutaient qu’ils affrontent les soldats et se fassent tuer.
Ces anti-colonialistes osent braver l’interdiction d’accès aux territoire occupés. Entre Qufin et Tulkarem, un panneau rouge, annonçait : « Chers citoyens. La rentrée dans ces villages et ces villes vous est interdit. Réservée aux autorités militaires ». S’ils y sont blessés, ils devront payer leurs soins à l’hôpital. !
Des femmes israéliennes, portant le badge « Women Right’s Watcher (W.R.W) » sont présentes aux check-points, aux heures de pointe.
A Qalandia, lors de mon retour à Jérusalem, en cette fin d’après-midi du Ier novembre, avec les
Internationaux en mission avec moi, trois W.R.W étaient là. Heureusement. Un coup de feu, des cris, un attroupement, la « machine à régulation » stoppée.
Deux jeunes Palestiniens venaient d’être attrapés et violemment frappés. Pourquoi ? Intervention immédiate des « W.R.W » . L’une parle aux soldats en hébreu, l’autre téléphone, la troisième écrit et nous demande de rester et de photographier. Un des jeunes est relâché, l’autre emmené à l’intérieur du check-point.
Les « Femmes en Noir », de tous âges, depuis 17 ans, se retrouvent chaque vendredi sur une place, à Jérusalem -Ouest, aux croisements de plusieurs rues. Elles brandissent de grandes mains noires et des banderoles portant l’inscription « NON A L’ OCCUPATION » », en arabe, en hébreu ou en anglais.
Avec Lola nous y sommes allées 2 fois et nous avons pu y remarquer deux Israéliens dont l’un portait la kippa.
Quelques Internationaux de passage les avaient rejoints. Nous étions une trentaine..
Dès que la manifestation se met en place, l’armée et la police arrivent.
Les artisans de justice et de paix existent , palestiniens et israéliens.
Grande est leur volonté de construire un état palestinien, viable, libre , souverain et reconnu.
Longue sera la route tant que la communauté internationale n’interviendra pas pour exiger du gouvernement israélien qu’ il respecte les résolutions de l’ ONU et les droits de l’ homme.