C’est son moment préféré de la journée, pendant sa saison favorite. Pour Doha Assos, rien n’égale le déjeuner sous les oliviers au moment des récoltes, après une matinée à trimer le ventre creux alors que l’air est empli des effluves des presses à huile en contrebas. « Si on mange tôt, on est trop lent le matin », lance l’agricultrice palestinienne de 59 ans en ouvrant sa glacière débordante.
De ce flanc de colline au sud de Naplouse, elle voit tout. Son humble maison de briques nues au cœur du village de Burin, de l’autre côté de la route 60, principale artère de la Cisjordanie, mais aussi ces champs d’oliviers auxquels elle n’a plus accès, phagocytés par un avant-poste des colons. Et puis il y a ce qu’elle ne voit pas d’ici mais dont on ne peut ignorer la présence toute proche, 300 mètres plus haut : la colonie juive orthodoxe de Yitzhar, cœur idéologique du mouvement messianique des « jeunes des collines », craints pour leurs attaques anti-Arabes. Notamment durant la saison des olives. ...