Deux thèmes internationaux ont plus ou moins directement pesé sur le choix des électeurs : en négatif, celui de l’entrée ou non de la Turquie dans l’Europe, en positif celui de la guerre contre l’Irak. Mais en aucune manière les enjeux posés par les rapports de l’Europe avec les Etats-Unis à propos de l’Irak et par l’absence d’une vraie initiative européenne sur le conflit israélo-palestinien n’ont été réellement débattus.
C’est dans ce contexte que la question palestinienne s’est (mal) retrouvée même si plusieurs listes politiques l’ont plus ou moins prise en compte mais certainement pas à la hauteur des attentes que nous avions exprimées à l’occasion d’un meeting-interpellation publique organisé [1] à Paris où étaient présents, avec Leila Shahid, les représentants de quatre listes [2]. Cette insuffisance liée à un certain recul de la mobilisation en faveur de la Palestine, s’est trouvée confrontée en Ile-de-France à la liste Euro-Palestine décidée unilatéralement par la CAPJPO. Si cette liste a permis à des citoyens de pouvoir exprimer par leur vote une solidarité avec la Palestine, elle a surtout contribué, en semblant opposer le mouvement de solidarité avec la Palestine aux partis politiques représentés au Parlement européen, à compromettre l’élection ou la réélection d’euro-députés qui ont beaucoup œuvré pour la cause palestinienne et à marginaliser la question palestinienne dans le système politique français et européen. Il en est résulté une logique de division et même une violente et inadmissible mise en cause de Leila Shahid elle-même qui ne peut que servir les ennemis de la cause palestinienne.
Que fera le nouveau Parlement européen pour la Palestine ? Que fera l’Union européenne ? Ils ne feront rien s’il n’y a pas affirmation et développement, comme nous y convie l’Appel de Strasbourg qui a organisé une belle manifestation symbolique internationale la veille même des élections, d’un mouvement puissant de l’opinion publique européenne pour exiger une action efficace, y compris en termes de sanctions économiques, seule susceptible de faire reculer Sharon et de faire avancer une perspective de solution politique. Tel est l’enjeu de la nouvelle période qui s’ouvre.