Dans le dernier épisode de la crise qui fait rage au sein de son parti, le prisonnier politique palestinien et dirigeant vétéran du parti Fatah, Marwan Barghouti, a assemblé sa propre liste indépendante de candidats pour les élections législatives palestiniennes.
La décision de Barghouti, annoncée lundi, est survenue après que le Comité central du parti Fatah, dont il est membre, ait apparemment été incapable d’arriver à un accord avec le Président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, sur une sélection de candidats.
Selon des sources ayant parlé au site d’information Arab48, la liste de Barghouti est "essentiellement Fatah" mais inclus aussi des personnalités nationales et des indépendants.
La liste de Barghouti sera la quatrième liste émergeant du Fatah, s’ajoutant à la liste officielle menée par Abbas, la liste Assemblée nationale démocratique de Nasser Al-Qudwa et la liste du Bloc de réforme démocratique de Mohammed Dahlan.
"Il n’y aura pas d’élections sans Jérusalem. C’est un partenaire clef du processus démocratique" - Azzam Al-Ahmad, OLP et parti Fatah
Il est prévu que les élections aient lieu le 22 mai, mais cette date a été remise en question lorsque deux membres du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont annoncé que les élections ne pouvaient pas avoir lieu sans la participation des Palestiniens vivant à Jérusalem.
Israël a, de façon répété, refusé les tentatives de tenir de telles élections à Jérusalem, que l’Etat considère comme étant un territoire israélien malgré la nature contestée de la ville.
"Il n’y aura pas d’élections sans Jérusalem" a affirmé Azzam Al-Ahma qui est aussi membre de l’actuel Comité central du Fatah dirigé par Abbas, durant une interview TV lundi. "C’est un partenaire clef du processus démocratique."
Ahmad a ajouté que le mouvement Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, est aussi d’avis que les élections ne devraient pas se tenir sans les résidents de Jérusalem.
De tels reports ont été monnaie courante sous la direction d’Abbas. Alors que le mandat d’Abbas a officiellement expiré en juin 2009, aucune élection présidentielle n’a été organisée par l’AP en 16 ans.
Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 juillet, cependant il n’est pas clair si la même demande d’un vote à Jérusalem causera des délais.
Barghouti Président ?
En dépit de son emprisonnement, Barghouti reste l’un des responsables palestiniens les plus populaire et il est attendu qu’il soit un rival majeur de Abbas s’il se présente à l’élection.
Les sondages d’opinions du Centre Palestinien pour la politique et les sondages ont régulièrement montré que Barghouti gagnerait les élections présidentielles, qu’il se présente pour le Fatah ou pour un nouveau parti.
Un officiel du Fatah, familier des discussions sur une candidature à l’élection de Barghouti, a rapporté à MEE en janvier qu’il était estimé que si il candidate, la moitié des soutiens du Fatah se rangeraient à ses côtés contre Abbas, notant que la rivalité entre les deux dirigeants vétérans pourrait attiser des divisions supplémentaires au sein du parti.
Barghouti a été arrêté la dernière fois dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée en 2002 et condamné à cinq peines consécutives de prison à perpétuité pour son rôle supposé dans une série d’attaques durant la seconde intifada. Son emprisonnement est largement considéré comme politique par les Palestiniens qui appellent depuis longtemps à sa libération.
Alors que sa candidature représente une menace évidente pour Abbas, 85 ans, sa victoire potentielle compliquerait aussi la capacité de l’AP à gouverner en raison de son emprisonnement en Israël.
Selon les sources de MEE, des discussions se sont tenues sur la façon de compromettre les ambitions politiques de Barghouti sans créer de clash interne au sein du Fatah, dont Abbas est le Président.
Les options que l’on rapporte avoir été présenté au dirigeant emprisonné incluaient sa candidature au mandat de Président du Conseil législatif palestinien dont il est membre depuis 1996.
Une autre alternative lancée fut pour Barghouti de créer son propre parti et de mener sa candidature sous cette bannière.
La famille de Barghouti a expliqué à MEE qu’elle ne pouvait pas confirmer s’il avait l’intention ou non d’être candidat, disant que sa position sur la question deviendrait claire après une réunion prévue au Caire cette semaine entre factions politiques palestiniennes pour parler des élections.
Barghouti est né en 1958 dans le village de Kobar au centre de la Cisjordanie. Il a été Président du mouvement de jeunesse du Fatah durant ses études d’histoire et de sciences politiques à l’Université de Birzeit. Il a été arrêté la première fois par les forces israéliennes en 1976, trois ans après être devenu membre du Fatah.
Traduction : AFPS
Photo : AFPS - AT
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