« Nous sommes opposés à l’opération militaire de la Turquie en Syrie contre les Kurdes, qui doivent être protégés », affirme l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, dans un entretien aux Echos, en marge du 17e Forum de Rhodes de l’Institut Dialogue des Civilisations.
Israël avait de bonnes relations avec les Kurdes en Irak, ajoute-t-il. Mais il reste extrêmement prudent pour juger la décision du président Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord-est de la Syrie, ouvrant ainsi la voie au président Recep Tayyip Erdogan pour lancer une vaste opération de nettoyage contre les Kurdes syriens qui furent pourtant les alliés des Américains dans la guerre contre Daech. « Nous n’avons pas à intervenir dans des décisions politiques américaines dans des domaines qui ne sont pas directement liés à Israël », dit-il. Il reconnaît néanmoins que « l’on pourrait s’attendre à une position américaine plus forte dans cette région » pour répondre à des provocations de l’Iran ou de la Turquie.
« Israël a les moyens de faire face à l’Iran »
Il est vrai aussi que la sécurité d’Israël ne dépend pas d’une présence des Etats-Unis ou d’autres puissances dans la région. « La décision américaine concerne les Kurdes, pas Israël », affirme-t-il. Pour les Israéliens, la plus grande menace reste l’Iran et sa volonté de s’enraciner en Syrie directement par le biais de conseillers militaires et par l’intermédiaire des combattants du Hezbollah libanais.
En tout cas, pour l’ancien Premier ministre, il faut chasser l’Iran de Syrie. Ce qui, note-t-on par ailleurs, risque d’être rendu encore plus difficile par l’offensive turque et le départ des forces spéciales américaines du nord-est syrien. Mais, affirme Ehud Olmert, Israël a les moyens de faire face à la menace iranienne.
« Nétanyahou est fini politiquement »
Quant à la situation politique intérieure en Israël, Ehud Olmert a un jugement sévère sur Benjamin Nétanyahou, qui lui a succédé en 2009. « Il a été incapable de former un gouvernement après le scrutin d’avril. Il sera incapable d’en former un nouveau après les élections législatives anticipées de septembre.Il est politiquement fini », affirme-t-il.
Il n’est pas non plus exclu à ses yeux qu’il y ait un troisième scrutin et qu’après un « nouveau Premier ministre arrive », peut-être Benny Gantz, aujourd’hui le principal rival politique de Nétanyahou, mais rien ne semble certain. Sur le plan judiciaire, sans se prononcer sur les affaires en cours, Nétanyahou a de « sérieux problèmes », souligne Ehud Olmert, qui avait été condamné pour sa part pour des affaires de corruption remontant à son mandat de maire de Jérusalem.
La solution à deux Etats est toujours sur la table
Sur un autre plan, Nétanyahou a commis une « erreur historique en abandonnant son propre engagement de la solution de deux Etats », un Etat palestinien et un Israélien. Mais le prochain gouvernement reviendra à cette solution.
Le président palestinien Mahmoud Abbas est « un partenaire et il faudra négocier avec lui », affirme Olmert qui, alors Premier ministre, avait été très proche en 2008 de conclure un accord. Cet accord se fera sur la base des frontières de 1967, affirme-t-il.