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Comment ne pas être indignés par l’accumulation des événements de cet été ? À MasaferYatta, au sud d’Hébron, c’est la plus grande opération de nettoyage ethnique depuis 1967 qui a été déclenchée, avec chaque jour de nouvelles destructions de maisons, de nouvelles attaques de colons et de l’armée israélienne avec l’objectif affiché d’obliger les habitants à partir. À Jénine, à Naplouse, les meurtres de jeunes Palestiniens par l’armée israélienne se sont poursuivis, la population n’en peut plus et la situation est de plus en plus explosive. Le 5 août, l’armée israélienne déclenchait une nouvelle opération militaire de bombardement de la Bande de Gaza, dans un concept inédit de « guerre préventive ».
Le 18 août, c’était le raid de l’armée israélienne contre les locaux de sept des plus grandes organisations palestiniennes de défense des droits humains. Et le 4 septembre, une nouvelle décision de prolongation de la détention administrative de Salah Hamouri. Depuis le 30 juin, Israël est de nouveau entré dans une période électorale : dans le contexte de totale impunité dont il bénéficie, le crime est payant devant l’opinion publique. Plus que jamais, ce sont les sanctions qui devraient s’imposer, à l’exact opposé de la décision prise le 18 juillet par le Conseil Affaires étrangères de l’Union européenne, de reprendre les réunions du Conseil d’Association avec Israël après 10 ans d’interruption : un signal d’impunité reçu cinq sur cinq par les dirigeants israéliens, puisque les exactions israéliennes se sont enchaînées dans les semaines qui ont suivi cette annonce. Et malgré ces violations caractérisées des droits humains, malgré les nombreuses protestations, cette réunion reste prévue début octobre à Prague.
Cet été a aussi été marqué par l’irruption dans le champ politique de la question de l’apartheid israélien, par la proposition de résolution parlementaire signée par 38 députés « condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ». Nous saluons cette initiative, et apportons tout notre soutien à ces député·e·s, face aux attaques indignes qu’ils et elles ont subi. La réaction hystérique des inconditionnels de l’État d’Israël, dans un tir de barrage savamment orchestré, montre à quel point la mise en évidence de ce régime d’apartheid est ressentie comme une menace par les dirigeants israéliens.
Face à ces attaques, nous faisons d’abord le choix de l’information, de la discussion, de la pédagogie. Nous devons convaincre bien au-delà de celles et ceux qui sont déjà engagés pour la Palestine. L’apartheid n’est pas un slogan, c’est la définition juridique d’un crime contre l’humanité subi par le peuple palestinien dans son ensemble. Il n’est pas question de déterminer ni d’exclure quelque avenir que ce soit, il s’agit de montrer qu’aucun avenir acceptable ne pourra se construire sur une telle injustice.
Mais c’est aussi l’action qui s’impose à nous. En tournée en France, Munther Amira et Amal Khader, militant et militante de la résistance populaire, nous ont montré comment le peuple palestinien s’organise, dans des conditions particulièrement difficiles, pour résister tous les jours à la colonisation, au vol des terres et des ressources, à la violence des colons et de l’armée israélienne d’occupation.
C’est à nous qu’il revient de mener le combat de manière efficace en France et en Europe. Nous continuerons à faire connaître la situation du peuple palestinien dans toutes ses composantes et à soutenir son combat pour le droit et pour la vie. Nous agirons avec toujours plus de détermination pour réussir nos campagnes. La campagne #StopColonies entre dans une nouvelle phase et une nouvelle dynamique, c’est de chacune et chacun d’entre nous que dépendra son succès. Nos amis palestiniens nous montrent l’exemple d’une volonté sans faille, et c’est pour nous un très grand encouragement à faire de même.
Bertrand Heilbronn, 27 septembre 2022