C’est en général dans les
moments de forte pression
ou de crise grave que se révèlent
les dirigeants. Jusqu’à présent, les
dirigeants palestiniens ont lamentablement
échoué.
Il est facile de faire porter la responsabilité
à d’autres. On peut sans aucun
doute pointer du doigt l’occupation ininterrompue
depuis quarante ans. L’échec
du processus d’Oslo ne peut être non
plus écarté et l’état de siège injuste que
subit la Palestine, tout particulièrement
Gaza, a certainement contribué à cette
grave crise.
De fortes attentes sont tout autant responsables.
Les Palestiniens manifestaient
de fortes attentes après leur rejet
du Fatah, affaibli par un niveau de corruption
jamais atteint et une absence de
partage du pouvoir.
Le peuple avait ensuite fondé beaucoup
d’espoirs dans la signature de l’accord
de la Mecque, qui faisait advenir le gouvernement
d’unité nationale. La communauté
internationale, qui avait fait
de nombreuses promesses au président
palestinien Mahmoud Abbas et à son
autorité modérée, n’a pas réussi à forcer
les Israéliens à concrétiser ces promesses.
Au contraire, les Israéliens ont
vu en Abbas un pouvoir faible (ce qu’il
ne nie pas lui-même) et par conséquent
n’ont pas jugé utile de le soutenir.
Mais tout ceci ne dédouane pas des dirigeants
qui n’ont pas eu le courage
d’affronter les problèmes en face.
Abbas est un type sympathique qui détestait
la militarisation de l’Intifada, a rompu
les ponts avec la base
militante et ne se préoccupait
pas du militant
lambda du Fatah.
Il passait le plus clair
de son temps à rencontrer
les dirigeants
du monde et à voyager
dans les capitales
internationales. Une
situation dont on aurait
pu s’accommoder si
la Palestine avait été
libérée et si la bande de
Gaza avait fait partie
de l’Union européenne.
Mais la réalité
est bien différente
et ne peut être traitée
par un discours de pure
forme.
Abbas a fait une analyse
majeure de la
situation. Il a déclaré
que tous ceux qui
détiennent et utilisent
des armes à feu sont
responsables. Une analyse
qui semble sortir
de la bouche d’un
observateur de la vie politique. Mais un
président qui n’est autre que le commandant
en chef des forces armées palestiniennes
ne doit pas donner une analyse
de la situation, il doit définir et
mettre en oeuvre une politique en accord
avec un Etat de droit. Yasser Arafat
refusait de se débarrasser de son costume
de révolutionnaire parce qu’il
jugeait que l’occupation ne s’arrêtait
pas simplement parce qu’il avait été élu
et qu’il avait accédé à la présidence
d’une autorité palestinienne non souveraine.
En dépit des critiques, Yasser
Arafat avait compris qu’il devait préserver
des liens forts avec les militants,
même s’il devait pour cela acheter leur
soutien.
Si la situation est critique, des solutions
existent, même si elles sont désormais
difficiles à mettre en oeuvre. Le président
palestinien doit montrer sa détermination
et mettre fin à des mois d’atermoiements.
Soit l’état de droit est rétabli,
soit l’anarchie armée règne. Si le commandant
en chef est incapable d’ordonner
à ses forces de faire
respecter l’état de droit,
il n’a plus d’autre solution
que de prendre la
seule décision valable
et de passer la main.
Une telle décision renverrait
la balle dans le
camp israélien. Ils se
sont accaparé la terre
mais sans en endosser
les responsabilités. Ce
sont des occupants distants,
qui ne sont pas
contraints à payer le
prix de l’occupation. Ils
doivent choisir entre
mettre réellement fin à
l’occupation ou endosser
entièrement la responsabilité
de son devenir.
Les Israéliens ont aussi
une alternative. Ils peuvent
libérer des prisonniers
modérés de premier
plan comme
Marwan Barghouti et
laisser les Palestiniens
être dirigés par un leader affirmé, qui
bénéficie du fort soutien de la base nécessaire
pour permettre le rétablissement
de l’état de droit en Palestine. La communauté internationale ne peut
pas nier sa responsabilité d’avoir
poussé à l’état de fait actuel.
Mais comme pour tout mouvement
de libération crédible, le
facteur clé, c’est le peuple.
Depuis longtemps désormais,
le peuple palestinien a perdu
tout intérêt pour les deux camps
majeurs (le Fatah et le Hamas).
Les courageux Palestiniens de Gaza
et de Cisjordanie qui ont défié les militants
armés (certains l’ayant payé de
leurs vies) sont les vrais héros. Ce
mouvement populaire durera-t-il longtemps ?
Les jours à venir nous le diront.
Nb : Ceci a été écrit avant la décision du
président Abbas de dissoudre le
gouvernement Haniyeh et de déclarer l’état
d’urgence (avertissement de l’auteur).