Cette lutte engage la femme palestinienne, tout à la foi à préserver son foyer, ses enfants, des conséquences de l’occupation mais aussi de revendiquer ses droits dans une société où la détention de l’autorité est encore dévolue aux hommes.
La politique coloniale, d’occupation, par les restrictions de déplacement, les démolitions de maisons, le harcèlement, l’intimidation et les mauvais traitements aux points de contrôle israéliens en Cisjordanie, y compris autour de Jérusalem-Est, le vol des terres, la violence quotidienne fragmentent et déstructurent la société palestinienne, la colonisation et l’apartheid génèrent de fortes difficultés économiques, d’accès à la santé, un chômage élevé. La situation est encore plus terrible à Gaza, soumise au blocus depuis plus de 13 ans.
En effet traditionnellement le mari, le père, est le chef de famille. Ce statut est perpétuellement remis en cause par les conditions mêmes de la colonisation : incarcération, insécurité, humiliations…
Ces conditions de vie sont une source de frustration qui favorise la violence domestique. De même l’état d’insécurité permanent tend à restreindre la liberté des femmes palestiniennes, pour leur « sécurité ». L’emprisonnement des hommes, comme leur propre emprisonnement ont des effets délétères sur la société palestinienne, sur leur condition de femme.
L’absence du mari a des conséquences économiques directes. L’épouse, la mère doit tout prendre en charge au sein du foyer, mais aussi consacrer du temps pour visiter en prison son mari, son fils, détenus loin du domicile. Dans le même temps, ben souvent, elle se trouve sous surveillance. Où va t-elle, Qui vient à la maison ? Que fait-elle ? Et le fils aîné peut devoir prendre en charge des tâches et des responsabilités en devenant « l’homme de la maison », perdant ainsi de nouveau son autonomie.
L’emprisonnement de la femme, s’il est de longue durée, peut avoir comme conséquence, entre autres, que le mari prenne une seconde épouse pour s’occuper des enfants.
L’État d’Israël exploite à des fins politiques et de communication, les images et les rôles dévolus aux hommes et aux femmes dans la société palestinienne. C’est l’un des outils de pression sur la société. Ainsi, le père qui ne peut empêcher l’arrestation de ses enfants, ou de leur mère, lors des raids nocturnes de l’armée israélienne, les humiliations infligées aux femmes lors des fouilles pour les visites en prison, les tortures, la suspicion d’agression sexuelle pendant les interrogatoires. Toutes ces humiliations et maltraitances sont dévastatrices pour les relations homme, femme au sein de la société civile palestinienne.
Les femmes palestiniennes luttent au sein de syndicats, d’organisations structurées, organisent la solidarité, gèrent des lieux d’éducation, de protection des femmes.
Cela se traduit notamment par des actions de sensibilisation, pour l’évolution du droit. Les lois en vigueur en Palestine peuvent être de type militaire, ottomanes, jordaniennes, voire égyptiennes à Gaza.
Les femmes résistent par la culture : peinture, musique, cinéma (réalisatrice de film, actrice), théâtre ; par le sport (football par exemple) ;
Elles résistent chaque jour, en maintenant la structure familiale, en faisant du foyer un lieu échappant à la violence extérieure, en assurant l’éducation des enfants et le quotidien, avec parfois très peu de moyens. Et ce d’autant plus lorsque l’électricité n’est disponible que quelques heures par jour, que l’eau potable vient à manquer, comme c’est le cas à Gaza.
Elles en paient le prix fort. La politique de violence et de harcèlement menée par l’État d’Israël fait partie de buts de l’occupant de réduire au silence celles et ceux qui défendent les droits humains et qui s’opposent à l’apartheid israélien. Ainsi,
- Khitam Al-Sa’afin, âgée de 59 ans, est une dirigeante féministe palestinienne, et une défenseure des femmes palestiniennes et de la liberté et de la justice pour le peuple palestinien. Elle est la Présidente de l’Union des Comités de Femmes Palestiniennes (UPWC / UCPF) 1, est membre du secrétariat de l’Union Générale des Femmes Palestiniennes 2. Elle participe activement au Forum Social Mondial et à une Coalition régionale des Défenseures des Droits Humains des Femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Le 2novembre 2020, elle a été arrêtée chez elle et placée en détention administrative pour quatre mois. L’ordre de détention administrative a été renouvelé pour quatre mois supplémentaires jusqu’en juin2021. Le juge militaire a confirmé le renouvellement fondé sur son rôle actif dans des activités citoyennes.
Elle avait auparavant été arrêtée le 2juillet 2017. Un ordre de détention administrative d’une durée de trois mois avait été émis à son encontre au motif qu’elle était membre actif du Front Populaire de Libération de la Palestine.
- Khalida Jarrar, députée palestinienne (Conseil Législatif palestinien), militante féministe, défenseuse des droits humains, arrêtée le 31 octobre 2019, non jugée pendant 16 mois, a été condamnée à deux ans de prison assortis d’une amende le 1er mars. Elle avait déjà été arrêtée en 2015 et 2017, alors qu’elle était à la tête du comité des prisonniers du Conseil législatif palestinien, à chaque fois placée en détention administrative renouvelée plusieurs fois. Lors de l’audience du 1er mars, le procureur militaire a modifié l’acte d’accusation pour le limiter à son rôle politique et à son travail avec l’Autorité palestinienne. Pendant sa détention, elle n’abandonne pas la résistance. Elle aide, notamment, les jeunes à étudier pour leur permettre de passer leur diplôme.
En tant que régime d’apartheid, Israël empêche et réprime les tentatives des étudiant.e.s de mettre en pratique leurs droits fondamentaux, dont la liberté d’expression et de participation à la vie politique. De telles violations systématiques sont élaborées pour les intimider en leur interdisant d’exercer leurs droits.
En tant que régime d’apartheid, Israël empêche et réprime les tentatives des étudiant.e.s de mettre en pratique leurs droits fondamentaux, dont la liberté d’expression et de participation à la vie politique. De telles violations systématiques sont élaborées pour les intimider en leur interdisant d’exercer leurs droits.
- Layan Kayed, étudiante en licence de sociologie à l’université de Birzeit, a été arrêtée le 8juin 2020 en franchissant avec sa mère le point de contrôle militaire de Za’tara, au prétexte de participation à des activités syndicalistes étudiantes.
Elle n’a toujours pas été jugée. Il s’agit d’une détention totalement arbitraire. Les prisonnier.e.s de ce type de détention ne sont pas comptabilisé.e.s et ne figurent pas dans les données fournies par les autorités carcérales israéliennes. Les Palestiniens parlent d’un millier de personnes ainsi embastillées.
La lutte pour la libération nationale est considérée comme prioritaire, plus urgente, que de donner suite aux revendications des femmes.
La liberté, la protection des droits des femmes et de leur dignité, l’accès à la participation à la vie politique, sociale et économique et à la prise de décision sont indispensables à une libération complète de la Palestine. Les mouvements des femmes palestiniennes sont de tous les combats, soutenons-les.
Christine,
membre du GT prisonniers politiques palestiniens