Puma a appelé à agir contre la haine. Alors pourquoi soutient-il la haine qui détruit des vies et empoisonne le beau jeu ?
Il y a huit ans, ma vie a changé à tout jamais. J’avais 22 ans et je vivais mon rêve de footballeur. J’étais en équipe nationale, j’avais représenté mon pays aux Jeux Olympiques, et je venais de signer dans un club professionnel en Cisjordanie. Mais en route pour rencontrer mon nouveau club, j’ai été arrêté par les forces de sécurité israéliennes. Aucune accusation n’a jamais été portée contre moi, et je n’ai pas non plus été amené devant un tribunal, et pourtant j’ai été emprisonné pendant trois ans et sauvagement torturé. Ce n’est qu’après une grève de la faim de 96 jours que la pression internationale a obligé le régime israélien à me libérer.
Pourquoi moi ? Tout ce que j’avais toujours voulu, c’était de jouer au football. Mon plus grand souhait était d’utiliser mes compétences pour faire honneur à mon peuple. D’être partie prenante d’un jeu qui, pour moi, porte sur la paix, l’amour, et les liens avec d’autres nations et cultures. Mais pour un régime qui a besoin que le monde ferme les yeux sur la haine, l’injustice et les violations à l’encontre de mon peuple, cela fait de moi une menace. Parce que les Palestiniens dans les stades internationaux rappellent au monde que nous existons, que nous sommes aussi humains que vous l’êtes, et que nous méritons le même respect et les mêmes protections de base que toute autre personne. C’est pourquoi nous assistons à la suppression des talents palestiniens et aux attaques contre ceux-ci par tous les moyens possibles. C’est pourquoi nous assistons à des restrictions et des interdictions qui affectent les compétitions, qui empêchent l’entraînement et le soutien, et qui mettent les personnalités des sports et de la culture en danger d’être emprisonnées, exilées ou tuées.
Aujourd’hui, je constate que les sports dans le monde sont obligés par le mouvement Black Lives Matter d’affronter le racisme et la haine – et pourtant le préjudice qui a détruit ma carrière est largement ignoré. Le géant des vêtements de sport, Puma, a pris position publiquement contre le racisme, en publiant des annonces et en organisant des « échanges sincères » sur le racisme. Et pourtant il continue d’être complice de l’asservissement de mon peuple. Puma est le principal mécène de l’Association de Football d’Israël, qui, selon Human Rights Watch, comprend des clubs de football basés dans les colonies sur des terres palestiniennes volées. En vertu du droit international les colonies sont illégales, concourent à de graves violations des droits de l’homme, et affectent directement la liberté de mouvement des Palestiniens, l’accès aux ressources naturelles et la possibilité de construire des maisons. Au lieu de s’opposer à cette injustice, le mécénat de Puma apporte une légitimité internationale à l’Association de Football d’Israël, en détournant l’attention des violations et de la haine grandissantes auxquelles font face les Palestiniens.
Nous ne pouvons pas faire des choix sélectifs avec le racisme. Soit nous sommes contre toute haine et toutes violations des droits et de l’humanité, soit nous faisons partie du problème. En ce moment, Puma fait partie du problème.
S’il vous plaît, joignez-vous à moi pour lui demander d’être à la hauteur de ses propres paroles — et joignez-vous aux athlètes palestiniens en boycottant Puma.
Pour plus de renseignements allez sur : redcardpuma.com (carton rouge à Puma)
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers