Photo : Les enfants palestiniens Reda Ali Bsharat et Hamza Ammar Bsharat ont été tués avec le jeune homme Adam Bsharat lors d’une attaque aérienne israélienne dans le village de Tamoun, au sud de Tubas, en Cisjordanie occupée © Eye on Palestine
Cela s’est passé mercredi matin. Hamza et Reda Bsharat, des cousins âgés de dix et huit ans, étaient assis devant leur maison dans le village de Tamoun, près de Naplouse, en Cisjordanie.
« Ils se préparaient à aller à l’école », explique Amar, le père de Hamza, qui précise qu’ils se trouvaient dans la cour de la maison. Mais pour eux, la journée d’école n’a jamais commencé.
Les deux enfants ont été tués par une frappe de drone de l’armée israélienne. Un autre cousin, Adam Adin Ahmed Bsharat, 23 ans, a été tué à leurs côtés. L’armée affirme que la frappe visait ce qu’elle a identifié comme un groupe qui posait des explosifs improvisés.
« Il s’agit d’enfants âgés de huit et dix ans. De quels explosifs parlent-ils ? » s’interroge Amar. Haaretz a également demandé à l’armée si elle maintenait sa déclaration initiale, mais elle a refusé de répondre.
La souffrance de la famille n’a pas été limitée à la frappe du drone. « L’armée est entrée dans la maison », raconte Amar. « Les soldats ont tout cassé, ils ont frappé un secouriste et l’ont empêché de s’approcher. » Il raconte qu’ils ont même chassé les mères en pointant leurs armes sur elles. Mon fils était dans les bras de sa mère, ils l’ont pris, ont pointé un fusil sur elle et lui ont dit : « Rentre dans la maison ».
Amar raconte que les soldats sont également entrés dans les maisons de la famille, toutes situées les unes à côté des autres, laissant derrière eux le chaos. « Ils sont également entrés dans la maison de mon frère et y ont cassé des objets, et sont entrés dans la maison de ma mère de 70 ans, l’ont saccagée et lui ont dit de ne pas bouger. »
Il raconte qu’à ce moment-là, les soldats ont enveloppé les corps des enfants dans des couvertures et les ont emmenés. Ce n’est qu’après plusieurs heures, vers 17 heures, que les corps ont été rendus aux familles endeuillées. « S’il y avait un problème avec les enfants, ils ne nous auraient pas donné leurs corps » s’indigne Amar.
Il affirme que des représentants de l’armée lui ont dit que la frappe de drone était une erreur, selon leurs propres termes. « Mais cela ne m’aide pas », dit-il. « C’est mon fils, né après dix ans de mariage par fécondation in vitro, et maintenant l’armée vient me dire qu’elle est désolée. »
Amar précise que l’armée s’est intéressée à lui et au reste de la famille et n’a rien trouvé. « Ni moi, ni mon fils, ni aucun membre de la famille - nous n’avons de problème avec personne. Nous n’avons aucun parent en prison ni aucun shahid », a-t-il déclaré.
Il ajoute que lui, son frère et son neveu Adam, qui a été tué lors de la frappe du drone, travaillent dans des colonies de Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain. « J’étais au travail dans la colonie de Naama lorsque cela s’est produit, et mon frère était à Petza’el » a-t-il déclaré.
Le maire de Tamoun, Naji Bani Odeh, a déclaré à Haaretz que la frappe de drone avait provoqué la colère et l’anxiété des habitants. « Tout le monde a peur et s’assure que ses enfants ne montent pas sur le balcon ou le toit. Tout le monde a été surpris. Personne ne sait pourquoi cela s’est produit. »
Il ajoute que ce n’était pas la première frappe aérienne dans le village. « Ils ont bombardé Tamoun la veille » dit-il. « Mais c’était la nuit, dans la rue, et non dans les maisons. Il s’agissait d’adultes, pas de mineurs. »
Les cousins tués mercredi ne sont pas les premiers innocents tués par les récentes frappes aériennes de l’armée israélienne en Cisjordanie. Fin décembre, une frappe de drone a tué deux femmes dans le camp de réfugiés de Tulkarm. Elles ont été tuées chez elles.
Une enquête interne de l’armée israélienne a révélé que la frappe visait des hommes armés et qu’un dysfonctionnement rare s’est produit au cours de la frappe, entraînant la mort des deux femmes.
« L’incident a fait l’objet d’une enquête, les conclusions seront examinées et les leçons tirées. L’armée israélienne regrette tout préjudice causé aux personnes non impliquées » peut-on lire dans une déclaration officielle.
Traduction : AFPS