La semaine dernière, l’armée israélienne a fermé 45 magasins palestiniens dans la vieille ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée, sans dire aux propriétaires des commerces pourquoi ni quand ils seraient autorisés à rouvrir.
La fermeture, que les résidents palestiniens ont décrite comme une punition collective, a commencé le 27 janvier après que les magasins ont été pris pour cible par des colons israéliens lors d’affrontements entre des Palestiniens et des étudiants religieux juifs dans la Yeshiva d’Hébron voisine. Selon des témoins oculaires et des images vidéo, les affrontements - qui se sont déroulés dans la zone H2 de la ville, sous contrôle militaire israélien total - ont donné lieu à des jets de pierres par les deux parties, et l’un des étudiants juifs a été légèrement blessé à la tête.
"J’étais assis dans mon magasin lorsque les colons ont commencé à le bombarder de pierres", a déclaré la semaine dernière Bader al-Tamimi, dont le magasin d’électroménager faisait partie de ceux fermés par les FDI. "Ils ont cassé certains de mes appareils photo, et certains de mes clients ont été blessés. Je me suis mis à l’abri à l’intérieur du magasin. Le barrage a duré environ 40 minutes, et les soldats stationnés à proximité n’ont rien fait."
"Lorsque des jeunes Palestiniens sont arrivés et ont commencé à jeter des pierres sur les colons, les soldats ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur les Palestiniens. L’officier responsable nous a alors dit de fermer les magasins, et les soldats ont commencé à verrouiller les portes. Ils ne nous ont pas permis de rouvrir depuis lors". Al-Tamimi a ajouté qu’il pensait que ce mouvement faisait partie d’une tentative permanente de judaïsation de la zone.
Samedi, les propriétaires ont essayé de rouvrir leurs magasins, mais des soldats sont sortis de la yeshiva et leur ont ordonné de fermer à nouveau. Les soldats sont également entrés dans plusieurs magasins pour dire aux clients que tout achat est interdit et qu’ils doivent partir. Plus tard, le commandant a déclaré la zone comme étant une zone militaire fermée et a ordonné aux soldats de former une ligne devant les magasins pour empêcher quiconque d’entrer.
Les colons, quant à eux, affirment que les Palestiniens ont provoqué les affrontements en attaquant la yeshiva avec des pierres, et que les étudiants de la yeshiva n’ont fait que lancer des pierres en représailles. Une vidéo circulant sur les médias sociaux montre des étudiants debout sur le toit de la yeshiva et jetant des pierres sur les Palestiniens en bas.
Quoi qu’il en soit, il est clair que les commerçants visés par l’armée israélienne n’étaient pas impliqués dans les affrontements, mais ils ont tout de même dû subir de graves conséquences économiques.
C’est loin d’être la première fois que des commerces palestiniens de la ville sont fermés par l’armée israélienne. Les magasins en question se trouvent à proximité de la rue Shuhada, autrefois une artère commerciale florissante qui a été fermée aux Palestiniens après que le colon israélien Baruch Goldstein a massacré 29 fidèles dans la mosquée Ibrahimi voisine en avril 1994. Selon l’association israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem, quelque 2 000 entreprises palestiniennes ont fermé leurs portes dans le quartier depuis les années 1990, que ce soit en raison de restrictions importantes de la liberté de mouvement ou d’ordres de fermeture directs des autorités israéliennes.
Aref Jabar, résident local et activiste, a déclaré à +972 que la fermeture des 45 entreprises la semaine dernière peut être considérée comme faisant partie du même schéma. "La fermeture forcée est une rediffusion de la politique déjà mise en œuvre dans la rue Shuhada", a-t-il déclaré. "Les colons savent par expérience que chaque fois que la violence se produit, ce sont les Palestiniens qui sont punis. C’est pourquoi ils ont attaqué les magasins mardi dernier. Cela leur apporte des gains politiques - l’expulsion des Palestiniens de la vieille ville. Les soldats ordonnent normalement aux magasins d’ici de ne fermer que le samedi. C’est la première fois qu’ils restent fermés sans interruption pendant plus d’une semaine."
Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré à +972 qu’afin de "préserver l’ordre public", le commandant de la brigade Yehuda a décidé d’user de son autorité pour fermer temporairement un certain nombre de magasins proches des sites "où des émeutes ont eu lieu", et où les commerces étaient "utilisés pour lancer des pierres et pour faciliter la fuite des forces de sécurité."
Traduction : AFPS