Des responsables du Labour ont ri après avoir appris qu’un membre expulsé pour antisémitisme présumé était mort.
Cet incident est révélé dans l’épisode de samedi de The Labour Files, deuxième d’une nouvelle série en trois parties réalisée par l’unité d’investigation d’Al Jazeera.
Halima Khan, ancienne chargée d’enquête du parti, retient ses larmes en racontant l’histoire, disant qu’elle s’en veut.
La femme âgée en question a subi une attaque et est décédée peu après avoir appris son expulsion du parti - une mesure disciplinaire que Khan avait appliquée.
Selon Khan, le personnel réuni lors d’une réunion a même célébré la mort de la femme.
"Lors de la réunion, un officier supérieur a ri et déclaré : "Regardez, nous sommes des tueurs antisémites maintenant !". Khan se souvient. "Toute la salle a éclaté de rire."
"Je me suis effondrée", dit Khan. "Je ne savais pas comment faire face à quelque chose d’aussi horrible. Je m’en suis voulue. C’est quelque chose qui m’a profondément impactée."
Khan a travaillé dans l’équipe disciplinaire du parti entre 2019 et 2021.
Alors que Jeremy Corbyn, militant de la solidarité avec la Palestine, était leader du Labour entre 2015 et 2020, une campagne d’accusations d’antisémitisme grossièrement exagérées et fabriquées a été brandie comme une arme politique majeure par ses adversaires - y compris la droite travailliste, ainsi qu’Israël et son lobby.
Cette campagne a finalement conduit à la disparition politique de Corbyn et à son expulsion en tant que député du Labour.
Khan révèle également que le personnel du Labour a reçu "l’ordre de parcourir les pages Facebook et les réseaux sociaux des personnes pour lesquelles nous recherchions du matériel antisémite. Le mot ’Palestine’ était inclus comme terme de recherche, ce qui est la chose qui m’a le plus alarmée."
La nouvelle série d’investigation d’Al Jazeera a commencé à être diffusée jeudi, révélant ce que la chaîne satellitaire basée au Qatar a déclaré être "la plus grande fuite de documents de l’histoire politique britannique."
La version intégrale de chaque épisode sera disponible exclusivement en ligne, des versions abrégées étant diffusées à la télévision.
Le trésor de documents du Labour ayant fait l’objet de fuites met à nu l’âpre guerre interne menée par l’establishment travailliste de droite pour s’accrocher aux rênes du pouvoir après que Corbyn a été porté à la tête du parti par un raz-de-marée d’enthousiasme populaire.
Une conversation WhatsApp de janvier 2017 entre trois hauts responsables du Labour révélée dans le deuxième épisode montre que Claire-Frances Fuller, alors responsable de la gouvernance interne du Labour, a écrit qu’elle était "sur le point de poignarder" Corbyn.
Tracey Allen, une assistante senior du secrétaire général du parti de l’époque, Iain McNicol, a répondu que poignarder Corbyn pourrait entraîner "une sanction disciplinaire".
Fuller réplique que cela en vaudrait la peine.
Le haut fonctionnaire Mike Creighton a démenti qu’il n’y avait "rien dans [le] règlement sur le fait de poignarder" mais que ce serait "mal vu".
"Iain a d’excellents couteaux, mais un pic à glace aurait une certaine ironie", a répondu Allen, dans une référence claire au meurtre du communiste russe Léon Trotsky.
Des menaces violentes
Les membres juifs du parti qui soutenaient Corbyn ont été victimes d’un harcèlement anti-juif et de menaces violentes par téléphone, apparemment de la part de militants pro-israéliens mécontents de leur soutien à la Palestine et à Corbyn.
La coprésidente de Jewish Voice for Labour, Jenny Manson, réécoute un message vocal la traitant de "putain de salope nazie" qui "devrait brûler dans un four à gaz".
Naomi Wimborne-Idrissi, une autre dirigeante de JVL, se souvient d’appels téléphoniques d’un homme qui prétendait savoir où elle vivait et qu’il allait "me mettre dans un fauteuil roulant".
La dernière partie de The Labour Files doit être diffusée lundi.
Traduction et mise en page : AFPS / DD