Le 7 février 2023
En tant qu’organisations de défense des droits humains basées en Israël, qui s’efforcent de protéger et de défendre les droits de toutes les personnes en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, nous exprimons notre grave préoccupation face aux déclarations de la Commission européenne, qui associent le rapport d’Amnesty International « L’apartheid d’Israël contre les palestiniens : système cruel de domination et crime contre l’humanité » à l’antisémitisme.
Dans de récentes réponses à des questions au Parlement européen, le Haut Représentant de l’UE, Josep Borrell, a fait référence à la définition de l’antisémitisme de l’IHRA de manière à suggérer qu’elle s’appliquerait au rapport d’Amnesty. En outre, M. Borrell a déclaré catégoriquement "il n’est pas approprié d’utiliser le terme d’apartheid en relation avec l’État d’Israël." Nous déplorons une telle formulation et sommes en désaccord avec cette déclaration.
Par notre travail, nous documentons, vérifions et confrontons l’injustice, l’inégalité et les violations des droits de l’Homme et du droit international qu’Israël commet à l’encontre des Palestiniens. Beaucoup d’entre nous ont utilisé le terme et/ou eu recours à la désignation légale de "l’apartheid" par rapport à divers aspects du traitement des Palestiniens par Israël. Le débat autour du crime d’apartheid dont Israël est accusé et de sa portée géographique, est non seulement légitime, mais aussi absolument nécessaire. Dans ce contexte, la Commission européenne ne devrait pas tourner le dos aux faits et aux évolutions sur le terrain, en ayant recours à une position dogmatique de "non approprié."
Nous rejetons de tout cœur l’idée que le rapport d’Amnesty International témoignerait d’une animosité antisémite. Plus largement, nous sommes profondément préoccupés par l’instrumentalisation croissante des allégations d’antisémitisme. Bon nombre des plus éminents spécialistes de la vie, de l’histoire et des persécutions juives ont alerté sur le fait que la lutte contre l’antisémitisme dans le monde était affaiblie par l’utilisation intolérable, inexacte et instrumentalisée de l’accusation d’antisémitisme à des fins politiques, afin d’éviter un débat ouvert et critique sur les politiques oppressives d’Israël envers les Palestiniens. La Commission européenne devrait s’abstenir de valider et d’alimenter une telle instrumentalisation de quelque manière que ce soit – aussi dans l’intérêt de la lutte contre l’antisémitisme.
Nous demandons instamment à la Commission européenne de retirer sans équivoque son insinuation selon laquelle le rapport d’Amnesty International intitulé « L’apartheid d’Israël contre les palestiniens » aurait quoi que ce soit à voir avec l’antisémitisme. Avec la même urgence, nous appelons la Commission à soigneusement considérer les faits et les arguments sur lesquels sont basées les désignations légales d’apartheid par rapport à divers aspects du traitement des Palestiniens par Israël - et de reconsidérer sa position à cet égard."
Adalah / B’Tselem / Breaking the silence / Combatants for Peace / Gisba - Legal Center for Freedom of Mouvement / Hamoked - Center for the Defense of the lndividual / Haqel : In Defense of Human Rights/- Human Rights Defenders Fund / Ofek : The Israeli Center for Public Affairs / Parents Against Child Detention / Physicians for Human Rights-Israel / Yesh Din