Photo : Davantage de familles palestiniennes fuient le quartier d’Hamad à Khan Younis après les nouveaux ordres d’évacuation israéliens, 12 août 2024 © Quds News Network
Des milliers de personnes ont fui la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, après que l’armée israélienne a annoncé une nouvelle opération visant à débusquer les militants du Hamas qui, selon elle, s’y sont regroupés.
À al-Jala, un quartier du sud de la ville que l’armée israélienne avait précédemment désigné comme zone humanitaire, les habitants ont emballé leurs affaires dimanche, ne sachant pas où se réfugier. Israël a déclaré que des roquettes avaient été tirées depuis la zone.
"Nous ne savons pas où aller", a déclaré Amal Abu Yahia, 42 ans, mère de trois enfants, à l’agence de presse Associated Press. Elle a emmené ses enfants à al-Mawasi, un camp de tentes surpeuplé situé sur la côte, mais n’a pu trouver aucun abri.
Son mari a été tué lorsqu’une frappe aérienne israélienne a touché la maison de leurs voisins en mars, mais ils sont retournés à Khan Younis en juin pour s’abriter dans leur maison gravement endommagée. "C’est mon quatrième déplacement", dit-elle.
De vastes étendues de Gaza ont été bombardées et réduites à l’état de ruines : Khan Younis a subi des destructions massives au cours de la bataille de plusieurs mois menée par l’armée israélienne pour prendre la ville au début de l’année.
Les troupes israéliennes sont de plus en plus contraintes de retourner dans des zones qui avaient déjà été la cible d’intenses combats, engageant à nouveau le Hamas et d’autres militants qui se sont regroupés dans les zones urbaines.
Le nord du territoire est coupé du sud par un corridor militaire israélien, et les "zones humanitaires" de plus en plus réduites qu’Israël affirme être sûres pour les civils sont déjà surpeuplées. Bien que certaines régions aient été désignées comme zones d’évacuation, notamment al-Mawasi, l’armée israélienne y a mené des frappes.
Philippe Lazzarini, chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a déclaré dans un message sur X : "Les habitants de Gaza sont pris au piège et n’ont nulle part où aller. Ces derniers jours, plus de 75 000 personnes ont été déplacées dans le sud-ouest de la bande de Gaza.
"Certains ne peuvent emporter que leurs enfants, d’autres transportent toute leur vie dans un petit sac. Ils se rendent dans des endroits surpeuplés où les abris débordent déjà".
La nouvelle opération israélienne à Khan Younis intervient alors que l’on s’attend à ce que les négociations sur le cessez-le-feu reprennent au Caire ou à Doha dans le courant de la semaine, après que les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont appelé les deux parties à reprendre les pourparlers. Dans une déclaration, les dirigeants des trois pays, qui ont joué un rôle déterminant dans l’instauration d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre, ont déclaré qu’il n’y avait aucune excuse "de la part de quelque partie que ce soit pour un nouveau retard".
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que son pays enverrait une délégation aux pourparlers qui débuteront le 15 août, bien qu’il ait été accusé à maintes reprises de faire traîner les choses pour assurer sa propre survie politique. Le Hamas n’a pas encore répondu à l’invitation.
La relance des pourparlers est considérée comme plus vitale que jamais après l’assassinat, le mois dernier, d’un haut commandant du Hezbollah et d’Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas. Ces assassinats, perpétrés à Beyrouth et à Téhéran et imputés à Israël par le groupe libanais et l’Iran, menacent de transformer la guerre à Gaza en un conflit régional.
Le Hezbollah et d’autres alliés iraniens dans la région ont déclaré qu’ils cesseraient d’attaquer Israël lorsque la guerre à Gaza prendrait fin. Près de 40 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza lors du conflit déclenché par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, au cours duquel environ 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage.
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l’élection présidentielle, Kamala Harris, a déclaré samedi qu’il était urgent de parvenir à un cessez-le-feu et à un accord sur la libération des otages.
"L’accord doit être conclu. Il doit être conclu maintenant", a-t-elle déclaré lors d’un événement à Phoenix, en Arizona. Elle a ajouté que le président Joe Biden et elle-même travaillaient "24 heures sur 24" sur les négociations.
"Israël a le droit de s’en prendre aux terroristes du Hamas. Mais comme je l’ai dit à maintes reprises, il a aussi, je crois, la responsabilité d’éviter les pertes civiles", a-t-elle ajouté, en référence au bombardement israélien d’une école utilisée comme abri dans la ville de Gaza, qui a fait environ 80 morts samedi.
Dimanche également, le bureau du président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé qu’il se rendrait à Moscou la semaine prochaine pour discuter de la guerre avec le président russe, Vladimir Poutine.
M. Abbas, qui réside en Cisjordanie, s’est rendu à Moscou pour la dernière fois en février, lorsque la Russie a accueilli des pourparlers de réconciliation entre le Fatah de M. Abbas, le Hamas et d’autres factions palestiniennes. Plusieurs tentatives visant à combler le fossé entre le Fatah et le Hamas depuis que ce dernier a pris le contrôle de Gaza à l’issue d’une brève guerre civile en 2007 ont échoué.
Traduction : AFPS