Plusieurs enfants palestiniens prisonniers à la prison d’Ofer ont fait part à l’avocat palestinien Wael Awakah de leur expérience de la torture et des mauvais traitements, parmi lesquels des raclées et des menaces de la part des soldats de l’occupant israélien et des interrogateurs à partir du moment de leur arrestation.
Awakah a rapporté que Waleed Riyad al-Dali, âgé de 14 ans, élève de dixième année de scolarité et habitant du village de Biddu dans le district de Ramallah, a été capturé le 28 septembre 2017 à 17 h dans le centre de son village par des soldats de l’occupant israélien en civil déguisés en Palestiniens. Il a été agressé et battu par les soldats, frappés à coups de poing à la tête et laissé en sang lors de leur attaque.
Waleed a ensuite été emmené dans une jeep militaire vers une colonie tout en étant enchaîné et en ayant les yeux bandés. Il a rapporté avoir été battu par les soldats à coups de crosses de fusil et avoir reçu d’eux des coups de pied pendant le trajet vers la colonie. Waleed a été interrogé à la base militaire de la colonie ; l’interrogateur l’a menacé du lui briser les mains, lui a refusé toute nourriture et lui a proféré des jurons et des insultes obscènes.
Yazid Akram Humaidan, 15 ans, habitant aussi de Biddu, a aussi été capturé le 28 septembre dans le centre de la ville par des soldats de l’occupant israélien en civil, qui l’ont jeté sur le sol, et qui l’ont frappé à coups de poing et giflé. Yazid a déclaré que l’un des soldats de l’occupant israélien en civil lui a écrasé le cou de son pied, si fort qu’il a eu peur pour sa vie alors qu’il était frappé sur la tête et le visage de coups violents.
Yazid a déclaré que des interrogateurs lui ont hurlé dessus et l’ont injurié dans une colonie proche et qu’il était physiquement affaibli et fatigué pendant l’interrogatoire étant donné qu’il avait été opéré seulement deux mois avant.
Hamada Jamal Abu Eid, 16 ans, a aussi été capturé à Biddu le 28 septembre par les forces d’occupation opérant en civil. Il a déclaré que quelqu’un lui a mis le canon d’une arme sur la tête, avant de tirer en l’air, provoquant sa chute sur le sol où il a été battu sur le corps et à la tête. Il a déclaré qu’il a été frappé et giflé alors qu’il était emmené dans une colonie proche pour interrogatoire, et que pendant l’interrogatoire lui-même il a été l’objet de jurons et d’insultes.
Awakah a dit que Hamada semblait toujours fatigué et malade pendant l’entretien, avec une douleur intense et persistante à la tête. Tous les trois font partie d’environ 300 enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, pour la plupart dans les prisons d’Ofer et de Megiddo, ainsi que 10 filles mineures détenues à la prison de HaSharon.
En outre, la pratique d’envoyer des enfants - et particulièrement des enfants de Jérusalem - en résidence surveillée, mise en lumière par le rapport de septembre 2017 des associations de défense des droit humains des prisonniers palestiniens, a continué. La résidence surveillée dénie aux enfants le droit de quitter leur foyer, même dans de nombreux cas pour des études ou pour un traitement médical, et force les parents et les adultes autour d’eux à se transformer en geôliers sous la menace de châtiments supplémentaires et d’emprisonnement.
Le 12 octobre, l’adolescent Bilal Khalil Ghatit de Jérusalem a reçu un ordre de résidence surveillée avec l’imposition d’un « bracelet de surveillance électronique » à la cheville. Il a déjà été maintenu depuis mai en résidence surveillée, et n’a pas pu quitter son foyer, aller à l’école ou aller voir des parents. Ses parents sont aussi devenus des prisonniers ; l’un d’eux doit rester à la maison avec lui en permanence. Bilal a été arrêté en avril 2017 par les forces d’occupation qui ont envahi la maison familiale dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem ; il a été libéré en mai mais assigné à résidence surveillée. Elève de neuvième année d’enseignement, on lui a refusé la possibilité d’aller à l’école.
Le père de Bilal a rapporté qu’il paye 180 NIS (43 €) pour le dispositif de surveillance électronique ; en cas d’un mauvais fonctionnement du dispositif ou même d’une coupure d’électricité à la maison, la demeure est l’objet de violentes descentes des forces d’occupation, a-t-il remarqué, en rappelant le jour de l’arrestation de Bilal, où ils ont fait irruption dans sa chambre alors qu’il dormait et où ils ont battu son frère quand il a essayé d’intervenir.
Un autre enfant palestinien, Adam Hamdan, 14 ans, de Ras al-Amud dans le quartier de Silwan à Jérusalem, a aussi reçu le 12 octobre un ordre de résidence surveillée ; il a été arrêté le mardi 10 octobre alors qu’il allait à pied à l’école et accusé d’« avoir jeté des pierres, » une des accusations les plus à la mode utilisées par l’occupant israélien pour criminaliser et emprisonner les enfants et les jeunes palestiniens.
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens dénonce la poursuite de façon systématique de l’emprisonnement, de la torture, des mauvais traitements et des violences envers les enfants palestiniens de la part de de l’occupant israélien. Nous exigeons la libération immédiate de tous les enfants palestiniens prisonniers dans les prisons israéliennes et nous appelons à une plus grande mobilisation pour soutenir les centaines d’enfants palestiniens qui chaque année sont emprisonnés, soumis à l’isolement cellulaire et à des traitements cruels et inhumains, à de violentes descentes traumatisantes d’avant l’aube pour arrestation et aux invasions de leur maison, à la privation de leur droit à la santé et à l’enseignement - tout cela faisant partie d’un tissu méthodique d’oppression entre les mains du projet israélien de colonisation de peuplement.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers