Photo : 148 journalistes au total ont été tués depuis le début de l’agression israélienne à Gaza en octobre 2023 © Quds News Network
Plus de 60 médias et organisations de la société civile ont signé une lettre demandant à Israël d’accorder aux journalistes un accès indépendant à la bande de Gaza assiégée.
"Nous demandons aux autorités israéliennes de lever immédiatement les restrictions imposées aux médias étrangers qui entrent dans la bande de Gaza et d’accorder un accès indépendant aux organisations de presse internationales qui souhaitent se rendre dans le territoire", indique la lettre.
Les entreprises et les organisations ont déclaré que le contrôle rigoureux exercé par Israël sur les personnes qui entrent dans la bande de Gaza a limité les reportages à ceux qui réussissent "les rares voyages sous escorte organisés par l’armée israélienne", ajoutant que "cette interdiction effective des reportages étrangers a imposé un fardeau impossible et déraisonnable aux reporters locaux pour documenter une guerre qu’ils vivent".
Middle East Eye, dont les reporters sont sur le terrain à Gaza, est signataire de la lettre. D’autres entreprises médiatiques de premier plan comme ABC, Bloomberg, NBC, NPR, CBS, le Financial Times, le New York Times et le Washington Post ont également signé la lettre.
Cette pétition intervient quatre jours après qu’Israël a autorisé un nombre restreint de journalistes à entrer et à filmer à Rafah, la ville frontalière du sud de la bande de Gaza qu’Israël martèle de frappes et de raids aériens depuis des mois.
La visite s’est déroulée sous la surveillance étroite de l’armée israélienne, les journalistes se déplaçant dans des véhicules israéliens à ciel ouvert. L’un des rapports produits par le Wall Street Journal sur cette visite comprend des commentaires de responsables militaires israéliens, mais aucun civil palestinien de Rafah. Le Wall Street Journal n’a pas signé la lettre.
"Nous demandons à Israël de respecter ses engagements en matière de liberté de la presse en fournissant aux médias étrangers un accès immédiat et indépendant à Gaza, et de respecter ses obligations internationales en matière de protection des journalistes en tant que civils", écrivent les signataires.
Le sort des journalistes palestiniens
La semaine dernière, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a annoncé que cinq journalistes palestiniens avaient été tués en une seule journée, ce qui porte à 158 le nombre total de personnes tuées depuis le 7 octobre, date à laquelle la guerre a éclaté.
En mai, les forces israéliennes ont détenu arbitrairement l’épouse du correspondant de Middle East Eye, Mohammed al-Hajjar, à un poste de contrôle militaire dans le centre de la bande de Gaza, obligeant la famille à se séparer alors qu’elle tentait de fuir les combats.
Maha Hussaini, collaboratrice de MEE, a reçu le prix du courage journalistique décerné par la Fondation internationale des médias féminins (IWMF) pour son reportage sur le terrain à Gaza, qui a notamment permis de découvrir les exécutions de Palestiniens par les Israéliens sur le terrain. Ce reportage a été utilisé comme preuve par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour accuser Israël de génocide.
L’organisation a ensuite annulé le prix après que le Washington Free Beacon a décrit à tort Mme Hussaini comme une partisane du Hamas et une antisémite, en citant des messages sur les médias sociaux commentant le conflit israélo-palestinien et sa propre expérience en tant que femme palestinienne piégée par l’occupation et le siège israéliens dans la bande de Gaza.
Les analystes des médias et les groupes de défense des droits ont dénoncé la couverture unilatérale de la guerre à Gaza. En avril, une note de service du New York Times a été divulguée, demandant aux journalistes d’éviter d’utiliser des mots tels que "massacre" et "tuerie" lorsqu’ils décrivent les violences perpétrées par Israël contre les Palestiniens.
De nombreuses personnes se sont rendues sur les réseaux sociaux pour remettre en question ce qu’elles considèrent comme un parti pris des médias occidentaux concernant la guerre d’Israël à Gaza, par rapport à la guerre de la Russie en Ukraine.
"L’hypocrisie dans sa forme la plus simple", a écrit un utilisateur des médias sociaux sur X, en comparant deux titres parus dans The Guardian décrivant deux attaques d’hôpitaux : "L’opération israélienne "ciblée" contre le Hamas", dans un titre, et "’Pas de mots pour ça’ : l’horreur du bombardement russe de l’hôpital pour enfants de Kiev", dans un autre.
Traduction : AFPS