Le 3 février, des détenus palestiniens en Israël ont refusé de prendre leurs repas et ont fermé des sections de leurs prisons en protestation contre les mauvais traitements et mauvaises conditions dont souffrent les mineurs et les femmes dans la prison de Damon. Dans une déclaration, ils ont déclaré qu’ils n’allaient pas « ignorer ce que le service pénitentiaire d’occupation fait à nos femmes et à la jeunesse ».
L’action a été menée entre une et trois heures de l’après-midi, précédant des discussions avec l’administration pénitentiaire israélienne. D’après l’agence de presse Wafa, les protestations on eut lieu dans les prisons d’Ofer, Naqab, Gilboa et Nafha.
Selon les détenus, les mineurs et les femmes de la prison israélienne de Damon ne bénéficient pas d’une alimentation et de boissons adéquates et manquent de couvertures et de vêtements chauds, nécessaires durant les mois d’hiver.
A Offer, une prison de la Cisjordanie occupée, l’administration pénitentiaire a déployé des forces de sécurité supplémentaires et a annulé les visites des familles après qu’un prisonnier a poignardé un gardien dans le cou, dans la matinée du 3 février.
En décembre, les prisons israéliennes renfermaient environ 5 000 Palestiniens, dont 41 femmes et 185 mineurs – 24 étaient âgés de moins de 16 ans, selon le groupe de défense des prisonniers palestiniens Addameer.
« Punition collective »
Siham Abdel Jaber, mère d’un garçon détenu à Damon, a déclaré qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son fils Mohammed, âgé de 17 ans, durant des semaines après son transfert à la prison avec 60 autres mineurs le 11 janvier. Elle est finalement parvenue à le voir à l’occasion d’une comparution devant le tribunal la semaine dernière, a-t-elle indiqué.
« Nous avons été informés, avec d’autres familles, que nous sommes interdits de visite pendant quatre mois, à titre de punition collective pour les détenus », a déclara Abdel Jaber.
Mohammed a été arrêté le 26 mars 2019 et fait face à sept accusations. Il est accusé d’avoir jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces israéliennes.
L’adolescent souffre d’une inflammation des valves cardiaques, ce qui requiert un suivi médical et une injection mensuelle. Abdel Jaber craint qu’il ne puisse les recevoir.
« Il avait l’air épuisé la semaine dernière au tribunal et les soldats israéliens l’ont empêché de me parler », a déclaré Abdel Jaber, ajoutant qu’elle a vu des bleus sur son visage, son cou et son corps en août. « Je lui ai demandé s’il avait été maltraité, et il a hoché la tête ».
Adel Zahran, dont le fils de 17 ans est également détenu à Damon, appelle les organismes palestiniens et internationaux à former un comité d’enquête afin de visiter la prison et vérifier les conditions de ses détenus. Originaire de Deir Abu Mishal, au nord de Ramallah en Cisjordanie, il reste éveillé toute la nuit à s’inquiéter pour son fils : « Je ne dors pas tant que je pense à lui. Nous n’avons pas de nouvelles d’Ammar depuis janvier et nous avons été interdits de lui rendre visite », a déclaré Zahran. « Isoler les enfants des prisonniers plus âgés vise à faire pression sur eux et à les empêcher d’avoir une éducation et un raisonnement politique national », a-t-il ajouté.
La famille de Moaid al-Anati, un enfant âgé de 14 ans originaire du camp de réfugiés al-Fawwar au sud d’Hébron, explique que leur fils a été battu le jour de son arrivée à la prison de Damon, en janvier. Mahmoud al-Anati, son père, raconte : « Nous vivons vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la peur et nous ne dormons pas la nuit… Sa mère ne se sentait pas bien après qu’on ait cessé d’avoir de ses nouvelles ».
Il explique qu’ils rendaient visite à Moaid deux fois par mois lorsqu’il était à la prison d’Ofer et étaient rassurés qu’il y ait des prisonniers plus âgés pour prendre soin de lui. Cela fait cinq mois que Moaid est emprisonné. Il risque une peine de onze mois de prison après avoir été accusé d’avoir jeté des pierres à des colons israéliens dans la vieille ville d’Hébron. « Moaid a été affecté après que son cousin a été tué par Israël. C’était en 2014 et Khalil al-Anati [son cousin] était son meilleur ami. Moaid suivait une thérapie chaque semaine pour en parler », raconte son père.
L’administration pénitentiaire israélienne n’a pas répondu aux sollicitations de Middle East Eye pour commenter ces les allégations d’abus.
Traduction de l’AFPS