Des colons israéliens ont enlevé et agressé physiquement la semaine dernière au Nord de la Cisjordanie un garçon palestinien âgé de 15 ans.
Des colons israéliens ont, le 17 juillet, enlevé et agressé Tareq Z., âgé de 15 ans, près de Homesh, une colonie israélienne évacuée située au Sud de la ville de Jénine en Cisjordanie occupée. Les colons ont poursuivi et heurté Tareq avec leur voiture, l’ont attaché au capot du véhicule, l’ont pendu par les bras à un arbre, et l’ont battu jusqu’à ce qu’il perde connaissance, selon les renseignements recueillis par Defense for Children International - Palestine. Il a repris connaissance à l’intérieur d’un véhicule militaires et a par la suite été transporté par une ambulance palestinienne à l’hôpital public de Jénine où il a reçu des soins pour ses blessures parmi lesquelles une fracture du genou, selon les documents recueillis par DCIP.
Tareq et cinq de ses amis ont pris la route vers 9h pour aller pique-niquer dans un endroit de leur village, Silat Ad-Dhaher, contigu à Homesh, ancienne colonie israélienne qui a été évacuée en 2005. Peu de temps après que les garçons soient arrivés, ils ont entendu les voix de gens parlant en hébreu et ils ont vu deux colons israéliens en vêtements civils marchant à proximité. L’un des colons était armé d’une arme de poing, selon les renseignements recueillis par DCIP. Effrayés, les garçons se sont enfuis. Les amis de Tareq ont réussi à s’échapper à travers les champs voisins, mais les colons dans leur voiture ont pourchassé Tareq le long d’une route agricole et l’ont enlevé et agressé physiquement.
« Nous avons pris note de la forte augmentation cette année du nombre d’attaques par des colons israéliens contre des enfants palestiniens, et les attaques sont de plus en plus graves », a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation à DCIP. « Les autorités israéliennes persistent à ne pas faire d’enquête sur les violences des colons à l’encontre des enfants palestiniens, et cette impunité a sans aucun doute conduit les colons israéliens à devenir plus effrontés et plus brutaux dans leurs agressions ».
Les colons on pourchassés Tareq dans leur voiture alors qu’il courait le long d’une route agricole. Après l’avoir heurté avec leur voiture, ils l’ont battu avec des bâtons alors qu’il gisait sur le sol, selon les renseignements recueillis par DCIP. Après ça, deux autres colons ont apportés des cordes tirées de la voiture, ont lié les mains et les pieds de Tareq, l’ont porté et l’ont assis sur le capot de leur voiture. Les colons ont attaché les cordes avec de longues chaînes en métal, sont rentrés dans la voiture, en tenant les chaînes en métal à partir des fenêtres, et ont roulé vers les ruines de la colonie, Tareq étant accroché au capot. Quand le conducteur a freiné, ceux qui avaient en main les chaînes en métal les ont lâché et Tareq est tombé par terre.
« J’ai regardé autour de moi et j’ai environ 70 colons. Quand ils m’ont vu, l’un deux m’a frappé plus d’une fois sur le dos et sur les jambes avec une barre métallique », a raconté Tareq à un enquêteur de terrain de DCIP. « Puis un autre colon est venu vers moi et m’a aspergé de gaz poivré, alors que je criais et que j’avais mal. J’avais vraiment peur ».
Les colons ont bandé les yeux de Tareq et lui ont attaché les mains derrière le dos avec un cordon en plastique. Il est resté immobilisé tandis que les colons le frappaient, lui donnaient des coups de pied, le giflaient et lui crachaient dessus pendant environ 90 minutes, selon les renseignements recueillis par DCIP. Les colons ont aussi accroché Tareq à un arbre sans que ses pieds puissent toucher le sol. L’un des colons a aussi infligée des décharges à Tareq avec une matraque électrifiée, lui a égratigné le pied avec un objet pointu, et lui a brûlé la plante du pied droit, selon les renseignements recueillis par DCIP.
Quand il a été détaché de l’arbre, un colon a frappé Tareq à la tête et l’a projeté sur un cactus. Tareq a perdu conscience et a ensuite repris connaissance à l’intérieur d’un jeep de l’armée israélienne.
Après avoir été informé par ses amis de l’enlèvement de Tareq, la famille de Tareq a pris contact avec les autorités palestiniennes. Elles ont pris contact avec les autorités israéliennes qui ont dépêché des soldats israéliens vers l’endroit, qui ont finalement trouvé Tareq. Les soldats israéliens ont amené Tareq à l’entrée d’une colonie israélienne.
Une heure après, Tareq a été rejoint par son oncle et par une ambulance palestinienne qui l’a transporté à l’hôpital public de Jénine où il a été examiné et radiographié, selon les renseignements recueillis par DCIP.
Tareq a eu des ecchymoses et des égratignures sur tout le corps, en plus d’une fracture du genou. La plante de son pied gauche a aussi été blessé et saignait. Il est sorti le lendemain de l’hôpital.
Bien que Homesh ait été évacuée officiellement en 2005, un groupe appelé Homesh d’Abord a créé un séminaire juif à cet endroit aussitôt après l’évacuation, selon Haaretz. Les colons israéliens de cet endroit sont connus pour être extrêmement violents, a rapporté Haaretz.
Les colons israéliens perpètrent quotidiennement des violences à l‘encontre des Palestiniens et de leurs biens dans toute la Cisjordanie occupée. Entre le 1er janvier et le 23 août, le Bureau des Nations Unies de Coordination de l’Aide Humanitaire (BCAH) / United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Aid (OCHA) a recensé 321 attaques de colons israéliens à l’encontre de civils palestiniens et de leurs biens. Pendant le seul mois de mai, DCIP a recensé quatre attaques de colons israéliens au cours desquelles des enfants palestiniens ont été blessés, dont deux enfants sur lesquels les colons israéliens ont tiré à balles réelles.
Israël a l’obligation, en tant que « Puissance Occupante », en vertu du droit international humanitaire, de protéger la population palestinienne vivant sous occupation militaire israélienne. Toutefois, la documentation de DCIP montre que les soldats israéliens fréquemment n’interviennent pas pour arrêter ou empêcher les attaques des colons israéliens. Bien souvent, les soldats israéliens protègent les colons israéliens alors qu’ils effectuent des attaques ou des actes de violence à l’encontre des Palestiniens et de leurs biens.
Tout en étant des civils, les colons israéliens reçoivent des armes à feu du gouvernement israélien et beaucoup d’entre eux souscrivent aux opinions ultra-nationalistes et font preuve d’une extrême violence envers les Palestiniens, y compris les enfants. Les colons israéliens qui attaquent les Palestiniens ont pour motif la volonté de déposséder les Palestiniens de leurs terres, selon l’association Yesh Din de défense des droits humains.
Bien qu’habitant dans le même territoire, les Palestiniens en Cisjordanie occupée sont soumis au droit militaire israélien, tandis que les colons israéliens habitant illégalement dans des villages permanents pour les seuls Juifs, construits sur des terres palestiniennes, sont soumis au système de droit civil israélien. Depuis que les forces israéliennes ont occupé en 1967 la Cisjordanie, les autorités israéliennes ont créé plus de 200 colonies pour les seuls Juifs dans lesquelles logent environ 700.000 citoyens israéliens, selon le Times of Israel.
Les colons israéliens qui attaquent les Palestiniens bénéficient d’une impunité rampante. Selon l’association israélienne Yesh Din de défense des droits humaines, 91% des enquêtes sur les crimes idéologiques à l’encontre des Palestiniens sont closes sans qu’aucune accusation n’ait été déposée.
Les autorités israéliennes s’abstiennent systématiquement d’enquêter sur des plaintes déposées contre des colons. Selon Yesh Din, entre 2005 et 2019, 82% des dossiers d’enquête à propos de crimes idéologiques à l’encontre de Palestiniens ont été clos en raison de manquements de la police.
Il est rare que des accusations soient portées et encore plus rare que des colons israéliens soient condamnés pour des violences ou des délits contre des Palestiniens. Il y a eu une exception récente quand un tribunal israélien a déclaré le colon israélien Amiram Ben-Uleil, 25 ans, coupable du meurtre à caractère raciste d’un enfant palestinien et de ses parents. Aux premières heures du 31 juillet 2015, Ben-Uleil et un autre homme masqué ont jeté des bombes incendiaires dans la maison de Ali Dawabsheh, âgé de 18 mois, de Ahmad, âgé de quatre ans, et de leurs parents, Saad et Riham, dans le village de Duma, au Nord de la Cisjordanie occupée. Seul Ahmad, qui a subi des brûlures sur plus de 60% du corps, a survécu.
L’Article 49 de la Quatrième Convention de Genève interdit à Israël, la Puissance Occupante, de transférer ses civils dans les Territoires Palestiniens Occupés. Il interdit aussi à Israël de transférer les Palestiniens, la population protégée, à moins que cela ne soit nécessaire pour la sécurité de la population protégée ou par nécessité militaire. Les violations de l’Article 49 constituent de graves violations du droit humanitaire international et équivalent à des crimes de guerre.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a réaffirmé l’interdiction de créer des colonies dans les Résolutions du Conseil de Sécurité 446, 452, 465, et plus récemment, 2334. Malgré cette interdiction, Israël a commencé à créer des colonies réservées aux seuls Juifs pour les civils israéliens peu de temps après qu’il ait occupé en 1967 la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, et la Bande de Gaza. Les autorités israéliennes déplacent fréquemment des communautés villageoises palestiniennes et s’approprient les terres des Palestiniens pour créer ces colonies réservées aux Juifs.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers