Photo : Une allée du quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem en 2014 - Source : Wikipédia
Des colons israéliens armés ont pris d’assaut le quartier arménien de Jérusalem-Est occupée, dimanche 5 novembre, dans le but de mettre la main sur un terrain à la suite de la signature d’un accord trouble entre le Patriarcat arménien de Jérusalem et Xana Capital, propriété de l’investisseur juif australien Danny Rubenstein.
M. Rubenstein possède un passeport israélien et se fait également appeler Danny Rothman.
La première révélation de cet accord remonte à 2021. Il a été contesté par un groupe de prêtres arméniens qui ont affirmé qu’il avait été conclu illégalement, sans ratification du synode et de l’assemblée générale.
Hagop Djernazian, un résident de la communauté arménienne et l’un des principaux militants contre la transaction foncière en question, a déclaré à The New Arab : « Nous nous battons pour notre existence, pour le statu quo de Jérusalem, nous devons maintenir une présence chrétienne arménienne à Jérusalem ».
La transaction porterait sur 11,5 dounams dans le quartier arménien, ce qui représente 25 % de la superficie totale du quartier arménien dans la vieille ville de Jérusalem. Il s’agit d’un vaste terrain actuellement utilisé comme parking, d’un séminaire et de cinq maisons d’habitation.
Le mois dernier, le patriarcat arménien a informé Xana Capital qu’il se retirait de la transaction. L’annulation de l’accord fait suite aux pressions exercées par la communauté arménienne locale et les Aréminiens du monde entier.
En mai dernier, l’agence de presse Petra a rapporté que l’Autorité palestinienne (AP) et la Jordanie avaient suspendu Nourhan Manougian de ses fonctions de patriarche de l’Église arménienne de Jérusalem parce qu’il avait « mal géré des propriétés chrétiennes culturellement et historiquement importantes dans le quartier arménien de Jérusalem ».
Selon une tradition établie de longue date et maintenue depuis des siècles, les nominations de hauts dignitaires ecclésiastiques en Terre sainte nécessitent généralement l’approbation des autorités qui gouvernent le pays. Actuellement, ces autorités sont Israël, l’Autorité palestinienne et la Jordanie.
Dans un communiqué publié le 6 novembre, le patriarcat arménien a déclaré que la partie avec laquelle il avait signé le contrat avait réagi à l’annulation de l’accord par
« la démolition des murs, la démolition du parking et l’enlèvement des revêtements en asphalte ».
Selon Hagop Djernazian, suite à l’annulation du contrat, une quinzaine de colons armés ont fait irruption dans le quartier arménien et ont commencé à abattre des parties d’un mur de pierre. Ils ont également partiellement détruit un sol asphalté.
Peu après, plusieurs membres de la communauté arménienne se sont rassemblés et ont empêché les colons de continuer à endommager la propriété.
Des vidéos et des images montrent les colons armés de fusils et accompagnés de chiens d’attaque en train de se disputer avec les membres de la communauté locale.
« Danny a engagé les colons du quartier juif », a déclaré M. Djernazian à The New Arab.
Après plusieurs heures de négociations tendues, les colons se sont dispersés.
M. Djernazian a déclaré à la TNA que les membres de la communauté s’étaient organisés pour garder la propriété et qu’ils étaient en train de la protéger.
M. Djernazian estime qu’environ 1 000 personnes d’origine arménienne résident dans la partie occupée de Jérusalem-Est.
Le New Imperial Hotel, situé à Jaffa Gate et longtemps propriété de l’Église orthodoxe grecque, a été vendu en 2004 à un groupe israélien de droite connu sous le nom d’Ateret Cohanim. L’Église orthodoxe grecque affirme que l’achat des propriétés était frauduleux et a contesté la légalité de la transaction. Cependant, les tribunaux ont statué en faveur des colons.
Le New Imperial Hotel se trouve à une minute de marche de la propriété louée à Rubnestein dans le quartier arménien. Les deux propriétés se trouvent à une minute de marche du Saint-Sépulcre, dans le quartier chrétien.
Traduit par : AFPS