Lettre aux candidats
Madame, Monsieur
Vous êtes candidat-e à la prochaine élection législative. Si vous êtes élu-e en juin 2007, votre mandat s’ouvrira dans une période critique et décisive au niveau international.
En effet, les crises actuelles au Proche et Moyen-Orient peuvent déboucher sur un règlement politique global ou bien sur une guerre en Méditerranée.
Par sa situation géographique, sa place en Europe et son attachement au droit international, notre pays est directement concerné par cet enjeu. Il doit donc jouer un rôle actif dans la recherche de solutions politiques au Moyen-Orient.
Comme vous le savez, le conflit israélo-palestinien est au cœur de toutes les problématiques de la région. C’est pour cette raison que l’Association France-Palestine Solidarité, avec la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, souhaite rencontrer les candidats pour connaître leur position à ce sujet et leur faire part de ses demandes.
Je souhaite donc vivement vous rencontrer pour connaître votre position personnelle et savoir ce que vous avez fait, ou comptez faire sur un certain nombre de points si vous êtes élue.
Les résolutions adoptées par les Nations Unies (en particulier la 242 et la338) prévoient le droit à un Etat palestinien aux côtés d’Israël, le retrait des troupes d’occupation et le droit au retour pour les réfugiés (conformément aux conventions de Genève). Aucune de ces résolutions n’a jamais été appliquée. Comment comptez vous agir pour faire évoluer sur ce point la politique étrangère de la France ?
En avril 2002, le Parlement européen décidait, en raison des atteintes portées par l’Etat d’Israël aux droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, le principe de sanctions et la suspension de l’accord d’association euro-israélien. L’Union Européenne décidait de ne pas donner suite à cette décision. Quelle action comptez-vous développer à l’Assemblée Nationale pour que la France exige l’application de cette décision ?
Le 9 juillet 2004 la Cour Internationale de Justice de La Haye condamnait la construction dans le territoire palestinien du mur d’annexion par l’Etat d’Israël et exigeait sa destruction. L’assemblée générale de l’ONU approuvait ce jugement le 20 juillet 2004 et appelait les Etats membres à agir pour faire appliquer cette décision. Le mur continue aujourd’hui de s’étendre, confisquant les terres palestiniennes les plus riches en eau. Que comptez-vous faire pour contrer la politique israélienne d’expropriation et d’annexion ?
Un mémorandum des diplomates européens en poste à Jérusalem daté du 21 novembre 2005 portant sur Jérusalem mettait en évidence la politique de purification ethnique menée par l’Etat d’Israël dans la partie occupée de la ville (Jérusalem-Est) qui a vocation à devenir la capitale du futur Etat de Palestine. Le 12 décembre 2005, les 25 ministres des Affaires étrangères de l’UE et Monsieur Javier Solana, Haut Responsable de la Politique Etrangère et de la Sécurité Commune, choisissaient de ne pas rendre public ce rapport. Quelle est votre position sur la situation de la ville de Jérusalem-Est ? Quelles initiatives comptez-vous prendre pour empêcher l’épuration ethnique ?
Les entreprises françaises Alstom et Connex-Veolia sont engagées dans un projet de construction de tramway dont le but exclusif est de relier les quartiers occidentaux de Jérusalem, en territoire israélien, aux colonies illégalement construites par cet Etat dans Jérusalem-Est occupée. Pour ce faire, de nouvelles expropriations de terrains appartenant à des citoyens palestiniens de Jérusalem vont avoir lieu. Ces entreprises se rendent de fait complices d’une violation de la IVe Convention de Genève. Quelle doit être selon vous la position du gouvernement français à cet égard ?
A la suite des élections législatives palestiniennes de janvier 2006, dont elle avait constaté la transparence, l’Union Européenne a lourdement sanctionné les Palestiniens en boycottant le nouveau gouvernement et en cessant toutes ses aides directes. Les Palestiniens se sont depuis dotés d’un gouvernement d’Union Nationale sans que le blocus soit levé. Que comptez-vous faire pour qu’il y soit mis un terme et que les aides à la démocratie palestinienne soient reprises ?
Dans l’attente de vous rencontrer sur ces sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur, ou de vous lire si une rencontre n’est pas possible,
Je vous prie d’accepter, Monsieur,Monsieur, mes salutations distinguées.
Françoise Leblon
Présidente de l’AFPS Val d’Oise
Réponse de B. Jacquin (Candidat LCR 2e circonscription du Val d’Oise)
Madame,
Je vous remercie de m’avoir saisi à propos de la question palestinienne.... C’est avec plaisir que nous vous rappelons nos principales positions concernant l’oppression vécue par le peuple palestinien.
Sur la politique de la France et de l’UE vis-à-vis d’Israël
Seules des sanctions politiques, économiques et diplomatiques peuvent contraindre le gouvernement d’Israël à renoncer à la construction du mur, à détruire les parties déjà construites de ce dernier, à évacuer les territoires occupés, à renoncer à la politique d’apartheid et de négation des droits fondamentaux du peuple palestinien. Nous préconisons, en ce sens et en premier lieu, la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, ainsi que l’arrêt immédiat de toute forme de coopération militaire et la plupart des coopérations commerciales avec l’État d’Israël tant que seront bafoués les droits de l’Homme et les droits nationaux du peuple palestinien.
Sur une intervention militaire
Naturellement, ayant participé à toutes les mobilisations sur ce terrain, notamment à l’occasion de leurs nombreuses grèves de la faim, la LCR se bat pour la libération de tous les prisonniers palestiniens qu’elle considère comme des prisonniers politiques et des prisonniers de guerre, détenus le plus souvent au mépris des dispositions de la Convention de Genève. C’est aux Palestiniens, et à eux seuls, de déterminer s’ils souhaitent ou non une intervention internationale et la nature de celle-ci. L’exemple de la Finul au Liban prouve à quel point le recours à des troupes étrangères peut s’avérer en contradiction avec l’intérêt national des peuples, si le cadre de l’intervention internationale, autant que les États appelés à jouer un rôle sur le terrain, ne s’inscrivent pas dans une logique de justice et d’autodétermination. En tout état de cause, si un règlement politique de la guerre de Palestine doit se trouver garanti par une force internationale de paix, il ne peut être question d’interposition - ce qui supposerait que l’on soit en présence de deux parties portant à égalité la responsabilité du conflit -, mais de protection d’un peuple qui subit depuis des décennies agressions et oppression. Et pour qu’une mission de protection ait un sens, elle devrait reposer sur l’application des résolutions des Nations unies, être placée sous le contrôle de l’Assemblée générale des Nations unies - et non d’un Conseil de sécurité au sein duquel Washington dispose d’une suprématie indéniable - et, surtout, être composée de troupes provenant de pays n’ayant aucun intérêt dans le conflit.
Faire respecter les résolutions de l’ONU
Seule une conférence internationale ayant pour objectif l’application des résolutions onusiennes bafouées par Israël et ignorées des États-Unis aurait aujourd’hui un sens. Ces résolutions concernent les territoires palestiniens occupés en 1967, le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés de 1948 et 1967, la question du Golan et, s’agissant du Liban, dont la situation est étroitement liée à celle de la Palestine, le règlement définitif du problème des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba ainsi que la libération des prisonniers. Si l’Union européenne doit agir, c’est en ce sens, et c’est à l’Assemblée générale des Nations unies que devrait revenir la charge d’organiser une telle conférence et de garantir ses conclusions.
Espérant avoir répondu à vos attentes, je vous prie d’accepter, au nom de la Fédération LCR du Val d’Oise, mes fraternelles salutations.
B. Jacquin (Candidat LCR 2e circonscription du Val d’Oise)
Réponse de Dominique LEFEBVRE (PS 95)
Madame,
Suite à notre entrevue de ce jour, je vous transmets par écrit les réponses au questionnaire que vous m’avez soumis, avec la Plateforme des ONG françaises, au sujet du conflit israélo-palestinien.
Avant de répondre à chacune des questions d’une manière précise, je souhaite vous exposer ma conception d’une solution du conflit israélo-palestinien qui, comme vous soulignez, est une question centrale du conflit du Proche-Orient. Ma position est fondée sur deux principes fondamentaux : le droit de l’Etat d’Israël à l’existence et à la sécurité et le droit des Palestiniens à un Etat souverain et viable. Je souhaite que la communauté internationale s’engage sérieusement pour trouver une solution sur la base des principes que je viens de citer, car, le fondement d’une telle paix existe : les résolutions de l’ONU, les termes de référence acceptés par les deux parties lors de la Conférence de Madrid et les contours d’une paix juste esquissés lors de la rencontre de Taba, en janvier 2001, entre Israël et l’Autorité palestinienne.
L’application des résolutions adoptées par les Nations Unies dépendra d’une intervention forte au niveau international, accompagnée d’une intervention de l’Union Européenne. Je suis convaincu qu’il n’y a pas de solution armée à ce conflit et que l’Etat d’Israël s’engage dans une impasse dans sa politique vis à vis des Territoires Palestiniens. En effet, dans le contexte politique de cette région, le garant de la sécurité d’Israël serait avant tout un Etat Palestinien souverain et viable. C’est pourquoi je m’engage, si je suis élu député, à œuvrer au sein de ma formation politique et lors des débats parlementaires à un renforcement de l’engagement français au niveau européen pour créer au niveau international les conditions d’une négociation plus efficace.
S’agissant d’une éventuelle suspension de l’accord d’association avec Israël, je note que la question est effectivement posée au sein des instances européennes, notamment au Parlement européen à l’initiative du groupe socialiste. Une telle suspension n’est pas un but en soi, mais un moyen de pression pour inciter Israël à infléchir sensiblement sa politique. Cependant, je crois que le principe des sanctions vis à vis de l’Etat d’Israël porte le risque de renforcer la logique d’enfermement à l’œuvre dans ce pays, notamment auprès de la population. La solution viendra avant tout de notre soutien aux éléments progressistes présents dans le pays, et à leur capacité à faire entendre leur voix auprès de leurs concitoyens.
La construction du mur israélien au delà des frontières de 1967 et la confiscation des terres palestiniennes est l’expression inacceptable de la poursuite de la politique de colonisation en Cisjordanie, et de fait, de l’approche idéologique du Grand Israël : la négation du droit à l’existence d’un Etat palestinien. Aujourd’hui, il faut que cette politique d’expansion cesse et que les colonies en place soient démantelées car il ne pourra jamais y avoir d’Etat stable en Cisjordanie avec le maintien de la colonisation.
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Le symbole de Jérusalem et son identité historique reposent sur la diversité et la co-existence de ses populations. Jérusalem doit rester une ville ouverte, qui préserve cette diversité, et le droit des Palestiniens à y vivre doit être garanti. La politique d’exclusion, de colonisation progressive, de départs forcés conduite par l’Etat d’Israël à Jérusalem Est est absolument condamnable.
L’implication de ces deux sociétés françaises dans ce projet de construction de tramway est tout à fait regrettable au vue des objectifs du projet et de l’état actuel du conflit israélo-palestinien, notamment le renforcement de la colonisation en Cisjordanie. Le gouvernement ne peut agir directement sur ces sociétés privées mais il devrait leur faire savoir qu’il trouve cette implication dommageable.
Ma réponse est oui. Les socialistes ont déjà demandé à l’Union européenne et à la France de reprendre immédiatement leur aide directe aux Palestiniens pour assurer le paiement des salaires des fonctionnaires et des services de base à la population. Cette situation est d’autant plus regrettable que l’Etat d’Israël, qui ne respecte pas le droit international, n’a jamais eu à subir aucune sanction.
Sur votre dernière question, concernant ma position sur l’emprisonnement par Israël des élus palestiniens, je pense qu’il s’agit là d’une politique contre-productive d’Israël qui ne respecte pas les institutions et élus palestiniens et entraîne une déstructuration de la vie politique palestinienne. Enfin, il ne faut pas oublier que ce sont ces pratiques qui font le lit du terrorisme.
En espérant avoir répondu à votre attente, Je vous prie de croire, Madame, à l’assurance de mes sincères salutations.
Réponse de Axel PONIATOWSKI (UMP 95)
Madame,
J’ai bien reçu votre mail dans lequel, en tant que présidente de l’Association France-Palestine Solidarité du Val d’Oise, vous me demandez un rendez-vous pour évoquer le problème palestinien.
Etant donné le calendrier extrêmement chargé de ces jours prochains, je n’aurai malheureusement pas le temps de vous rencontrer avant les élections.
D’ici là, permettez-moi quelques précisions.
Pour la France, les paramètres d’un règlement du conflit israélo-palestinien
n’ont pas changé. Ils ont été rappelés par le Président de la République dans
son discours prononcé devant la 61ème Assemblée générale des Nations unies :
’’la coexistence, dans la sécurité, de deux Etats viables, déjà largement
admise par les deux peuples concernés ; des frontières sûres et reconnues ; une
solution juste pour les réfugiés, comme pour Jérusalem’’.
Pour la France, tout comme pour l’Union européenne, toute modification des
frontières de 1967 doit faire l’objet d’un accord entre les parties, sachant
que la solution au conflit israélo-palestinien passe par le dialogue et la mise en oeuvre en
parallèle des obligations respectives des deux parties.
La France entend prendre toute sa part dans la recherche d’une solution
politique et d’un règlement négocié, qui, seuls, permettront de parvenir à une paix
juste et durable pour l’ensemble des peuples de la région, avec deux Etats
vivant côte à côte en paix et en sécurité.
Si je suis réélu, soyez assurée que j’œuvrerai ardemment au règlement de ce conflit qui martyrise le Moyen-Orient depuis tant d’années.
Je serai également heureux d’évoquer avec vous ces problèmes cruciaux.
En vous remerciant de votre mail, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma considération distinguée.
Axel PONIATOWSKI