Un centre juridique et de justice basé à Londres a déposé une plainte officielle auprès de Facebook, accusant la plateforme de médias sociaux de censurer et de suspendre arbitrairement des comptes affiliés à des agences de presse, des défenseurs et des journalistes palestiniens.
La plainte, déposée par le cabinet d’avocats londonien Bindmans LLP au nom du Centre international de justice pour les Palestiniens (ICJP) et du groupe de défense des droits numériques Sada Social, demande à la plateforme, qui a changé de nom en octobre dernier pour devenir Meta, de revoir d’urgence ses actions et d’expliquer pourquoi elle a censuré ces comptes.
"La plainte réitère la demande que Meta/Facebook divulgue et réexamine son processus décisionnel, et explique pourquoi les comptes ont été fermés, suspendus ou les messages supprimés, et si, ce faisant, un algorithme ou une discrétion humaine a été utilisé", a déclaré l’ICJP dans un communiqué de presse mardi [dernier].
La plainte a également été envoyée au rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression.
Depuis des années, Meta est accusé de censurer les expériences des Palestiniens et leur récit sur ses deux plateformes - Facebook et Instagram.
Ces critiques ont atteint un nouveau sommet en mai dernier lorsque des militants palestiniens ont constaté que leurs publications sur de multiples plateformes de médias sociaux, notamment Facebook, Instagram et Twitter, étaient supprimées et leurs comptes suspendus, souvent sans explication.
Depuis le début de l’année 2021, Sada Social a documenté plus de 600 cas de censure palestinienne sur Facebook et Instagram. L’association à but non lucratif affirme que les journalistes et les comptes de médias étaient les cibles de plus de 200 de ces cas.
En juin dernier, près de 200 employés de Facebook ont signé une lettre ouverte accusant l’entreprise de supprimer ou de déclasser injustement des contenus pro-palestiniens et ont exigé que de nouvelles mesures soient mises en place pour éviter cela à l’avenir.
Droits numériques des Palestiniens
En septembre, le conseil de surveillance de Facebook a demandé une étude indépendante sur les allégations de partialité dans la modération des messages palestiniens et israéliens par le géant de la technologie. Il a déclaré que les réviseurs de contenu ne devaient pas être "associés à l’un ou l’autre camp du conflit israélo-palestinien" et qu’ils devaient examiner la modération humaine et automatisée du contenu en arabe et en hébreu.
L’une des principales préoccupations des défenseurs du numérique est de savoir dans quelle mesure Facebook supprime le contenu palestinien à la demande du gouvernement israélien, notamment de l’unité cybernétique du ministère de la justice, et d’un réseau très organisé de bénévoles qui signalent les contenus pro-palestiniens.
La société a répondu qu’elle n’avait pas reçu de "demande légale valide" de la part d’une autorité gouvernementale dans le cas d’une publication particulière sur laquelle portait le rapport du conseil d’administration. La société a "refusé de fournir les autres informations demandées par le conseil".
L’ICPJ a également fait part de ses préoccupations concernant l’approbation préliminaire d’un projet de loi à la Knesset d’Israël. La proposition de loi accorderait aux tribunaux israéliens le pouvoir d’exiger le "retrait du contenu généré par les utilisateurs sur les plateformes de contenu des médias sociaux qui peut être perçu comme incendiaire ou comme portant atteinte à la sécurité de l’État ou à la sécurité du public".
La Coalition palestinienne pour les droits numériques (PDRC) et le Conseil des organisations palestiniennes des droits de l’homme (PHROC) ont averti que cette loi aurait de graves répercussions sur les droits numériques des Palestiniens et constituerait une menace pour la liberté d’expression des Palestiniens dans l’espace numérique.
Middle East Eye a contacté Meta pour obtenir des commentaires mais n’a pas reçu de réponse au moment de la publication.
Traduction : AFPS