Cela faisait ainsi partie d’un ensemble vaste et systématique de politiques visant à réaliser un niveau maximum d’exploitation économique y compris le vol de l’eau des aquifères palestiniens, à utiliser les sites touristiques palestiniens au bénéfice de l’économie israélienne, à confisquer les terres palestiniennes au bénéfice des colons juifs, et à restructurer totalement l’économie palestinienne pour qu’elle devienne le deuxième plus important importateur de produits israéliens.
Un chercheur palestinien a décrit jadis l’occupation israélienne comme étant le deuxième projet le plus rentable au Moyen Orient après le pétrole. Cela peut sembler un peu exagéré mais pas tant que ça.
La plupart des travailleurs palestiniens en Israël venaient des régions rurales. Ils étaient en grande partie des fermiers qui avaient perdu leurs terres (leur seule source de revenus) à cause des confiscations ou dont les terres ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins par suite de la concurrence injuste provoquée par les produits agricoles israéliens. Ironiquement, beaucoup de ces travailleurs se sont retrouvés employés comme main-d’œuvre bon marché sur leurs propres terres qui avaient été confisquées pour devenir des colonies juives. Le phénomène de main-d’œuvre palestinienne en Israël a entraîné le refus de reconnaître certains droits à ces travailleurs, ce qui les a rendus bon marché et commodes.
Ils sont bon marché parce que les Israéliens les ont privés des différents avantages sociaux auxquels tout travailleur en Israël a le droit. De plus, beaucoup d’entre eux travaillaient sans permis officiels ce qui permettait à leurs employeurs d’exploiter leur statut illégal et leur payer de bas salaires.
C’était commode parce que Israël pouvait bénéficier d’un grand nombre de travailleurs non israéliens sans avoir à s’occuper des problèmes habituels sociaux ou ethniques dont les autres pays qui emploient une main-d’œuvre immigrée doivent s’occuper. Malgré le fait que le nombre de Palestiniens travaillant en Israël était énorme (à certains moments ils atteignaient le nombre de 200.000) la plupart de ces travailleurs n’étaient pas obligés de rester la nuit et ainsi ne devenaient pas une communauté ethnique à l’intérieur de la société israélienne. Ils venaient le matin et retournaient la nuit dans leurs propres communes dans les territoires palestiniens.
Ce phénomène représentait un autre désavantage pour l’économie palestinienne. Il a créé un haut niveau de salaires artificiel qui placèrent les employeurs palestiniens dans une situation de concurrence difficile vis-à-vis des travailleurs palestiniens. Les employeurs palestiniens devaient entrer en concurrence avec les employeurs israéliens qui pouvaient se permettre de payer des salaires élevés par rapport aux standards palestiniens (quoique très bas selon les standards israéliens). Cela a réduit les incitations pour investir en Palestine et en conséquence a entravé la croissance économique.
Quand les confrontations ont commencé entre les Palestiniens et les Israéliens en septembre 2000, Israël a commencé tout à coup à empêcher les Palestiniens de travailler en Israël. Cette politique a coïncidé avec beaucoup d’autres mesures de punition économique collective décourageant les investissements et provoquant l’effondrement de beaucoup d’entreprises. Le résultat a été une augmentation fulgurante du chômage, allant d’un tiers à la moitié de la main-d’oeuvre palestinienne lors des quatre premières années de confrontations. Avec le plan de désengagement unilatéral israélien, Israël prévoit de ramener à zéro le nombre de Palestiniens de Gaza travaillant en Israël. Cela aurait pu être une mesure positive si Israël n’avait pas accompagné une telle politique d’un bouclage permanent de Gaza et des restrictions de circulation des personnes et des marchandises de Gaza vers la Cisjordanie, de Gaza vers le reste du monde et vice versa. Un tel bouclage en cours ne pourra qu’amener une détérioration supplémentaire de la situation sociale et économique.
L’intérêt de l’économie palestinienne et du bien-être en général demanderait une réduction graduelle du nombre de Palestiniens travaillant en Israël mais uniquement si cela va de pair avec une ouverture des frontières palestiniennes vers le monde extérieur, ouverture nécessaire pour attirer des investissements permettant d’augmenter la production et les exportations. Tout pays avec un aussi petit marché que celui des territoires de la Palestine suffoquerait économiquement à moins de pouvoir exporter soit son supplément de main-d’oeuvre soit le produit de ses travailleurs. L’amélioration des opportunités de travail avec une réduction du chômage et en conséquence un redressement économique, n’est pas seulement intéressant économiquement et socialement pour les Palestiniens mais est également une condition préalable pour la sécurité et la stabilité politique. Ceci est particulièrement le cas étant donné la corrélation statistique significative entre d’un côté une augmentation de la pauvreté et de l’autre, une augmentation du radicalisme et de l’extrémisme.