AT, AFPS - Pal Sol n°73
En pleine pandémie de coronavirus Donald Trump, président de la plus grande puissance mondiale, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, encourage Israël à détruire la Palestine et à en annexer une partie, pitoyable tentative de gagner sa réélection, son seul objectif. C’est l’équilibre imparfait construit après la victoire sur le nazisme qui est bel et bien menacé par les obsessions croisées de ces deux voyous que sont Trump et Netanyahou. C’est le sort d’un peuple, d’une région du monde et notre avenir même qui sont en jeu. Le choix d’une guerre sans fin pour imposer la domination d’un État sur un peuple. C’est l’abandon de toute idée de paix.
Annexion de facto, annexion de jure
Ne nous y trompons pas, tout le projet de colonisation depuis 1967 est un projet d’annexion, que ce soient les mesures qui régulent la vie quotidienne dans le territoire palestinien occupé ou la souveraineté territoriale d’Israël de fait sur l’ensemble de ce territoire. C’est bien une annexion basée sur la politique du fait accompli et de l’oppression d’un peuple. Annexion de jure (mais au sens du droit israélien qui fait fi du droit international) pour Jérusalem en 1980 et pour le Golan en 1981, annexion de facto jusqu’à maintenant pour le reste du territoire palestinien occupé.
Le symbole le plus flagrant de l’annexion de facto est la construction du mur : voler toujours plus de terre, encercler, déplacer et isoler la population palestinienne dans des bantoustans. Conquérir le plus de terres possible avec le moins de Palestiniens possible. La confiscation des terres saute aux yeux quand on voit la réalité des colonies mais l’emprise coloniale s’étend bien au-delà des colonies elles-mêmes : le projet colonial impacte tout le territoire ne serait-ce que par le quadrillage du réseau routier d’apartheid qui non seulement confisque toujours plus de terre mais entrave tout mouvement et prive les Palestiniens de l’accès à leurs terres et des contacts avec leurs familles.
L’annexion de facto a pris des proportions de plus en plus importantes depuis l’arrivée de Trump au pouvoir et particulièrement depuis qu’il a entériné la violation du droit en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. Depuis le début de l’année et l’annonce de l’annexion par Netanyahou, et à la faveur de la pandémie, Israël a passé la surmultipliée : arrestations, destructions de maisons, déplacements forcés, confiscations de terres, agressions par les colons et l’armée, harcèlement des populations, intrusions violentes dans les villes en zone A, assassinats, le quotidien des Palestiniens est un enfer. Il faut coûte que coûte faire de l’annexion un fait accompli, si possible irréversible. Ultime supercherie : Israël a trouvé une nouvelle dénomination pour tenter de masquer le fait de l’annexion : « extension de la souveraineté d’Israël ».
La communauté internationale, en lui accordant une impunité totale, porte l’entière responsabilité de la situation. Si elle laisse faire encore une fois Israël, sa responsabilité dans l’injustice faite aux Palestiniens sera totale ainsi que sa responsabilité dans l’abandon de toute idée de paix à l’échelle de la planète.
Maintenir les Palestiniens sous domination
Empêcher tout développement social, économique et culturel pour les Palestiniens est un des aspects clés de la politique annexionniste d’apartheid.
L’accès à l’eau serait encore plus contraint puisque les ressources hydriques les plus importantes sont situées dans des zones qui seront annexées ; l’annexion de la Mer Morte permettrait à Israël d’exploiter encore plus ses minéraux ; la destruction de l’agriculture et de l’élevage serait inévitable : près de 50 000 hectares de terres arables et la quasi-totalité des terres d’élevage (vallée du Jourdain, Jérusalem-Est, sud d’Hébron) serait annexée.
Il s’agit bien d’imposer le strict contrôle d’Israël sur les biens et les personnes en entravant les populations et en empêchant toute vie et tout développement de quelque ordre que ce soit : continuer d’endommager les structures sociales, économiques et culturelles palestiniennes pour qu’Israël soit le bénéficiaire de la destruction de l’économie palestinienne tout en maintenant les Palestiniens sous la dépendance de son économie.
Mettre en échec ce plan mortifère
Passer des paroles aux actes, c’est la seule stratégie possible pour empêcher ce hold-up. Des décisions politiques immédiates pourraient être prises par la France : reconnaissance de l’État de Palestine et fin de l’impunité d’Israël avec entre autres l’interdiction d’importer les produits des colonies. Pour l’heure il n’en est toujours rien et les déclarations sont de plus en plus frileuses. Au niveau européen, la suspension de l’accord d’association n’est toujours pas à l’ordre du jour.
DES SANCTIONS CONTRE ISRAËL : comment continuer à faire comme si Israël était un État respectueux du droit et comment continuer à avoir des relations normales avec cet État ? Pourquoi Israël bénéficierait-il d’un régime particulier ? Rappelons les sanctions prises contre la Russie lors de l’annexion de la Crimée, l’Irak…
Ce sont bien des sanctions qu’il faut prendre ! L’AFPS demande l’arrêt de toute coopération avec les institutions israéliennes qui soutiennent ou contribuent à l’apartheid, à l’occupation ou à la colonisation. L’AFPS, forte de la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, appelle les citoyens à boycotter tous les produits israéliens.
L’AFPS mobilisée
Une campagne militante commencée dès l’annonce de Netanyahou :
- Une pétition destinée au président de la République qui a recueilli près de 40 000 signatures
- L’interpellation massive des parlementaires pour qu’ils jouent leur rôle
- Le 14 mai, l’AFPS organisait un meeting virtuel par internet
- Dès la fin du confinement des groupes locaux de l’AFPS ont repris le chemin de la rue pour dénoncer la menace d’annexion, à l’occasion de la commémoration de la Naksa (occupation de toute la Palestine en juin 1967 qui ouvrait la porte à l’annexion programmée aujourd’hui), mais aussi tout au long du mois de juin.
- Des outils ont été réalisés : affiches, tracts, banderoles mais aussi vidéo, pétition, outil électronique d’interpella-tion des parlementaires… une campagne qui va s’amplifier et rejoindre la campagne de la Plateforme des ONG pour la Palestine.
- La remise en avant de la campagne BDS dont la légalité vient d’être affirmée par la Cour européenne des droits de l’Homme : le B de boycott, le D de désinvestissement et le S de sanctions !