L’Euro-Med Human Rights Monitor a publié un rapport complet marquant une année depuis qu’Israël a lancé sa campagne génocidaire contre les civils dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. Au cours de cette période, Israël a commis de graves crimes de guerre, avec la complicité explicite de la communauté internationale.
Intitulé De-Gaza : Une année de génocide israélien et d’effondrement de l’ordre mondial (A Year of Israel’s Genocide and the Collapse of World Order) , le rapport détaille les crimes les plus marquants commis au cours des 12 derniers mois, minutieusement documentés par les équipes d’Euro-Med sur le terrain. Il retrace les éléments clairs du génocide perpétré par l’armée israélienne, explore les cadres juridiques définissant le crime de génocide, et examine minutieusement le contexte et les circonstances actuelles. Le rapport aborde également la réponse du système judiciaire international et, surtout, le rôle complice de la communauté internationale dans la poursuite du génocide.
Le rapport met en lumière les conditions effroyables et les atrocités systématiques qu’Israël a infligées au territoire palestinien occupé, et plus particulièrement à la bande de Gaza. Ces crimes de longue date comprennent le blocus illégal, l’isolement délibéré de Gaza du reste du territoire palestinien et du monde, la privation systématique des droits humains fondamentaux des habitants de la bande de Gaza et la destruction délibérée des services essentiels.
Depuis le début du génocide à Gaza, plus de 50 000 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, dont environ 42 000 recensés par le ministère de la santé de Gaza, la majorité étant des femmes et des enfants. En outre, environ 100 000 personnes ont été blessées, et des milliers de corps gisent encore sous les décombres et dans les rues, inaccessibles aux équipes de secours et aux équipes médicales.
On estime que 10 % de la population de Gaza a été tuée, blessée, portée disparue ou détenue à la suite des attaques militaires israéliennes. Sur les 50 292 Palestiniens tués - y compris ceux qui sont encore ensevelis sous les débris - 33 % étaient des enfants et 21 % des femmes. Des milliers d’autres ont été détenus de force, dont 3 600 croupissent encore dans diverses prisons et centres de détention israéliens.
Environ 3 500 familles ont subi des pertes multiples depuis octobre 2023. Parmi elles, 365 familles ont perdu plus de dix membres, tandis que plus de 2 750 familles ont perdu au moins trois membres.
Le rapport détaille les actes systématiques de génocide commis à Gaza, tels que l’assassinat ciblé de civils dans des maisons, des abris, des camps de déplacés et des zones déclarées humanitaires. Des civils ont également été tués par des véhicules militaires et des chars, lors d’exécutions sur le terrain, par des frappes de drones, dans des marchés bondés et même alors qu’ils attendaient de l’aide dans des camions de secours.
Le rapport fait état des tactiques de famine de l’armée israélienne, de l’assassinat délibéré de prisonniers et de détenus, et de l’assassinat de travailleurs humanitaires, de professionnels qualifiés et d’élites palestiniennes.
L’armée israélienne emploie des méthodes explicites destinées à infliger de graves traumatismes physiques et psychologiques à la population. Elle lance notamment des milliers d’attaques militaires systématiques contre les civils, augmente considérablement le nombre de décès parmi les personnes en âge de procréer, sépare les familles, s’en prend au système de santé et impose des conditions de vie brutales marquées par la famine et la malnutrition.
L’obstruction de l’aide humanitaire ne fait qu’exacerber ces atrocités, mettant en danger la vie de milliers de personnes.
La cause première de cette persécution - l’occupation israélienne illégale du territoire palestinien depuis 1967 - a créé les conditions du génocide en cours, comme l’a confirmé la Cour internationale de justice (CIJ) dans son avis consultatif du 19 juillet 2024 sur les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques israéliennes dans le territoire palestinien occupé.
La Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza sont internationalement reconnues comme des territoires palestiniens occupés en 1967.
Jusqu’en 2005, l’armée d’occupation israélienne a maintenu un contrôle interne et externe sur Gaza en stationnant des forces militaires à l’intérieur et à l’extérieur de la bande et en établissant des colonies sur son territoire, une situation que l’on retrouve encore aujourd’hui en Cisjordanie.
En 2005, Israël a déclaré un « désengagement » unilatéral, évacuant ses colons de Gaza et retirant ses forces militaires. Cependant, malgré cette déclaration, Israël a continué à exercer un contrôle sur Gaza, conservant une autorité réelle sur des aspects critiques de la gouvernance. La CIJ a confirmé cette position dans un récent avis consultatif, reflétant le consensus international quasi universel sur la poursuite de l’occupation israélienne.
Même après son retrait militaire, Israël a conservé le contrôle des éléments essentiels de la gouvernance de Gaza, notamment le registre de la population, les frontières (terrestres, maritimes et aériennes) et la réglementation de la circulation des personnes et des biens. Israël a également continué à percevoir des taxes sur les importations et les exportations et à contrôler la zone tampon.
À la suite de l’attaque du 7 octobre 2023, Israël a déclaré l’état de guerre, avec son président, son premier ministre et d’autres dirigeants politiques et militaires en première ligne. L’objectif déclaré est d’éliminer le Hamas, d’obtenir la libération des otages et de rétablir la sécurité. C’est ainsi qu’a débuté l’opération « Iron Swords », une offensive militaire brutale qui a intensifié les souffrances des civils de Gaza.
Euro-Med Monitor a conclu par une série de recommandations après une année de génocide à Gaza, soulignant que tous les États, à la fois individuellement et collectivement, sont toujours obligés de travailler à l’arrêt du génocide en cours par tous les moyens disponibles. Prévenir et punir ce crime est une obligation légale internationale qui incombe à tous les États sans exception, et c’est une obligation d’autorité absolue envers tous.
Euro-Med Monitor demande l’imposition d’un embargo total sur les armes à Israël, la résiliation de toutes les licences et de tous les accords liés aux importations et aux exportations d’armes (y compris les matériaux et les technologies à double usage qui pourraient être utilisés contre les Palestiniens), et la fin de toute coopération militaire et en matière de renseignement.
Outre l’imposition de restrictions aux voyages et le gel des avoirs du gouvernement israélien, Euro-Med Monitor appelle à des sanctions politiques et économiques à l’encontre d’Israël et de ses États complices. Ces mesures visent à faire pression sur les parties responsables pour qu’elles respectent le droit international, garantissent la non-répétition des crimes contre les Palestiniens et dédommagent les victimes de ces atrocités.
L’organisation demande en outre l’arrêt de toute forme de soutien à Israël en rapport avec son génocide et ses autres crimes contre les Palestiniens. Il s’agit notamment de retenir les investissements, d’annuler ou de suspendre les liens politiques, diplomatiques, économiques, commerciaux et universitaires, et de réduire le soutien des médias, du secteur juridique et d’autres secteurs susceptibles de contribuer à la poursuite de ces crimes.
Les mesures clés comprennent le retrait total de l’armée d’occupation israélienne de Gaza, le démantèlement de toutes les installations militaires, barricades et points de contrôle, la fin des divisions militaires et géographiques imposées, le rétablissement de l’unité géographique de la bande de Gaza et la garantie du retour rapide et en toute sécurité des personnes déplacées de force dans leurs foyers. En outre, les recommandations appellent à la protection de la liberté de mouvement, de déplacement et d’accès pour tous les citoyens de Gaza.
Traduction : AFPS