À ce jour, vous avez probablement entendu parler de Sheikh Jarrah et de la lutte des habitants palestiniens du quartier pour sauver leurs maisons de la mainmise des colons israéliens.
La lutte pour sauver Sheikh Jarrah a attiré l’attention internationale ces dernières semaines et a suscité des manifestations généralisées à travers la Palestine et dans le monde entier. Mais à quelques kilomètres de là, un autre groupe de familles palestiniennes est confronté à une bataille presque identique.
À cinq kilomètres de Sheikh Jarrah, juste à l’extérieur de la vieille ville à Jérusalem-Est occupée, se trouve le village de Silwan.
Une carte de Jérusalem Est occupé. (Photo : BBC)
Silwan se trouve au cœur de Jérusalem-Est et abrite environ 60 000 à 65 000 Palestiniens. C’est également l’une des zones de Jérusalem les plus ciblées pour les activités de colonisation israéliennes, et pour ce que les groupes de défense des droits ont appelé les tentatives d’Israël de « judaïser » la ville.
Juste au sud de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa se trouve le quartier Batn al-Hawa de Silwan. Pendant des décennies, Batn al-Hawa a été la cible d’une campagne incessante menée par des organisations de colons pour expulser de force les résidents palestiniens du quartier et les remplacer par des colons juifs – un processus entièrement légal selon la loi israélienne.
Une carte des prises de contrôle foncières par les colons dans le quartier de Batn al-Hawa, à Silwan, Jérusalem-Est occupée. (Photo : La paix maintenant)
Vous vous demandez probablement : comment est-ce seulement possible ? En bref, une organisation de colons de droite du nom d’Ateret Cohanim a cherché à expulser de force une centaine de familles de Batn al-Hawa sous prétexte que la terre avait appartenu auparavant à des Juifs il y a plus de 100 ans. Grâce à une série de mécanismes juridiques sanctionnés par les tribunaux israéliens, Ateret Cohanim a déposé des demandes d’expulsion contre les familles de Batn al-Hawa depuis 2002, dans le but de les remplacer par des colons juifs.
Et alors que la loi israélienne autorise le transfert de propriété aux Juifs qui revendiquent la propriété des lieux avant la création d’Israël, ce même droit est refusé aux Palestiniens qui ont été dépossédés de leurs maisons pendant la Nakba en 1948.
A ce jour, Ateret Cohanim a déjà pris le contrôle de six immeubles à Batn al-Hawa, comprenant 27 logements. Des unités qui appartenaient autrefois à des familles palestiniennes.
Dans le seul quartier de Batn al Hawa, Ateret Cohanim a des poursuites judiciaires en cours pour expulser 81 familles palestiniennes, soit 436 personnes. Depuis 2015, 14 familles du quartier ont déjà été expulsées de force.
Et ça, c’est juste à Batn al-Hawa.
Dans plusieurs autres quartiers de Silwan, d’autres organisations de colons cherchent également à expulser davantage de familles palestiniennes, tandis que le gouvernement israélien a émis des dizaines d’ordres de démolition de maisons palestiniennes afin de faire place nette pour un parc touristique archéologique et une réserve naturelle.
Alors, où cela nous mène-t-il aujourd’hui ?
Eh bien, en 2020, le tribunal d’instance de Jérusalem. a ordonné l’expulsion de sept autres familles palestiniennes à Batn al-Hawa. Deux de ces familles devaient être entendues en appel le 26 mai, mais le tribunal israélien a reporté sa décision.
Malgré le report, les sept familles, qui comptent 108 personnes, sont toujours sous la menace imminente de déplacement. Et ce ne sont pas les seuls.
Selon une enquête réalisée en 2020 par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, des procédures d’expulsion ont été déposées contre, au moins, 218 familles palestiniensne à Jérusalem-Est, soit 970 personnes, et plus de 400 enfants.
La plupart de ces procédures ont été initiées par des organisations de colons comme Ateret Cohanim.
Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains ont appelé Israël à renoncer aux plans d’expulsion à Silwan, affirmant que de telles expulsions forcées sont des violations flagrantes du droit international humanitaire qui constituent des crimes de guerre.
Alors que leur déplacement forcé est imminent, les Palestiniens de Sheikh Jarrah et de Silwan demandent au monde de se lever contre l’apartheid israélien et appellent les gens à continuer d’attirer l’attention sur leur cas sur les réseaux sociaux en utilisant les hashtags #SaveSheikhJarrah et #SaveSilwan.