Sur l’ordre de l’institution de la défense, l’État a rejeté la demande de 181 Palestiniens de prendre part à la cérémonie commémorative israélo-palestinienne à la veille de la Journée du Souvenir des soldats d’Israël tombés au combat.
La cérémonie est organisée tous les ans à Tel Aviv par l’organisation des Combattants pour la Paix et le Cercle des Parents Israélo-Palestiniens - Forum des Familles [1].
Israël a rejeté toutes les 181 demandes, en affirmant que lors de la Journée du Souvenir, le bouclage de la Cisjordanie est imposé. L’an dernier, quand l’institution de la défense a essayé d’empêcher l’entrée en Israël des militants pacifistes palestiniens, sur l’ordre du Ministre de la Défense d’alors, Avigdor Lieberman, la Haute Cour de Justice a annulé la décision, en statuant qu’elle était « entachée d’un réel manque d’équilibre et d’un manque de bien-fondé. »
Une année après, l’institution de la défense n’a tiré aucune leçon du jugement de la Haute Cour. Elle est revenue à sa mauvaise conduite, ignorant de façon flagrante le jugement précédent de la Haute Cour, cette fois sur l’ordre d’un autre ministre de la défense, le Premier Ministre Benyamin Netanyahu.
La cérémonie commémorative est l’un des derniers événements communs, et source d’espoir, qui soit encore célébré par les deux peuples. Les Israéliens et les Palestiniens ont presque entièrement cessé de se rencontrer, sauf lors de confrontations violentes. Mais même cette rencontre réconfortante, organisée par les représentants des victimes des deux nations – les Combattants pour la Paix et le Forum des Familles Endeuillées – est un pas de trop pour l’institution israélienne de la défense. Ses responsables savent que toute rencontre de cette nature pourrait à nouveau mettre en avant la notion subversive disant que les Palestiniens sont des êtres humains, tout comme les Juifs. Que leur deuil est semblable au deuil des Israéliens, et que leur affliction est de même nature que celle des Israéliens.
Aux yeux de l’institution de la défense la réunion génère apparemment un grave danger : elle pourrait mettre en avant l’idée qu’il y a encore des partenaires pour la paix parmi les Palestiniens. Ceci est la menace que l’institution israélienne de la défense est résolue à étouffer de toutes les manières possibles, même en empêchant un rassemblement commémoratif commun.
L’idée même que les militants pacifistes israéliens aient à demander la permission de l’occupant d’entrer en Israël pour un rassemblement commémoratif est scandaleuse, mais tout le monde s’est habitué à cela et le considère comme normal. Rien n’est normal en ce qui concerne l’occupation, mais parfois cela se répand dans des domaines particulièrement dérangés. Par exemple quand l’état empêche les militants pacifistes palestiniens de participer à un rassemblement commémoratif pour ses propre soldats tombés au combat, le Jour du Souvenir d’Israël.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers
Photo : Service commémoratif commun de l’année dernière célébré à Tel Aviv. Ofer Vaknin