Dimanche 28 octobre 2007
Bonsoir,
Aujourd’hui nous étions huit volontaires sur le chantier de cueillettes d’olives.
Nous sommes allés cueillir tout près de la colonie d’Asfar, qui est une petite colonie avec une extension de mobil-homes, très partiellement habités. Le tout est entouré d’une barrière, peut-être électrifiée et de rouleaux de barbelés.
Nous avons été observés par une femme de colons pendant que nous avancions stratégiquement au plus près du mur. C’est quand on cueillait dans les oliviers pris dans les barbelés que les soldats israéliens sont arrivés et nous ont demandé de nous éloigner de dix mètres du mur. Comme nous avions terminé à cet endroit, nous nous sommes écartés et avons continué le travail plus loin. Pendant la cueillette les agriculteurs ont taillé les arbres. Nous revenons mardi pour permettre au paysan de labourer le terrain.
Ce soir nous avons étiqueté les jus de raisin, de tomate, le debs et les prunes au sirop pour l’exposition coorganisée par la chambre d’agriculture et de commerce de Halhul et la coopérative al Sanabel des paysans de Halhul (soutenue par les groupes locaux de Rennes, Nantes et Sud Cornouaille de l’AFPS).
Vous trouverez en annexe une photographie prise sous les barbelés de la colonie d’Asfar, ainsi qu’une carte qui permet de mieux saisir l’enjeu de ces cueillettes pour les paysans menacés d’expropriation.
Lundi 29 octobre 2007
Bonjour à tous,
Aujourd’hui nous avons assisté à l’inauguration de l’exposition de la chambre d’agriculture et de commerce de Halhul. La coopérative al Sanabel et 17 autres producteurs y sont présents (ça ressemble aux marchés fermiers chez nous). Nous avons filmé et pris des photos pour témoigner au retour. Beaucoup de discours lors de l’ouverture... R., qui est un membre fondateur de la coopérative est intervenu et il a été applaudi.
Le stand de la coopérative al Sanabel était de loin le plus important avec beaucoup de produits.
Cet après midi nous sommes allés à Hébron, nous avons été très impressionnés par l’état de la ville.
Nous envoyons une photo des rues commerçantes entièrement désertées qui donnent une impression de ville morte, ainsi qu’une photo d’un tourniquet à un check point au coeur de la vieille ville.
Demain nous retournons dans le même champ d’olives qu’hier pour le labour.
Amicalement
L’équipe cueillette
Mardi 30 octobre
Cueillette des olives à Hébron, entre 2 colonies : Karsina et Kyriat Arba
Ce sont des terres exploitées par la famille du fermier depuis 150 ans. Elles peuvent faire vivre 15 personnes. La construction du “mur-cloture” avait enclave 1,5 ha dans l’enceinte de la colonie. Le but de notre mission était de cueillir les olives dans cette partie. Mais la porte qui permettait l’accès a été supprimée.
Par solidarité avec l’agriculteur, qui subit régulièrement des brimades de la part des colons (jets de pierres, tirs : son fils a été blesse) nous sommes restés cueillir les olives dans les champs autorisés. Normalement, nous revenons demain cueillir des olives dans la partie enclavée.
Entre les deux colonies s’étend une vallée très fertile et prospère : amandiers, vigne, figuiers, oliviers, grenadiers...
Pendant notre cueillette, nous avons assisté à des travaux de terrassement réalisés par les israeliens dans cette vallée. Une pelleteuse avec marteau piqueur défoncait le sol pendant qu’un bulldozer ouvrait une route de façon à installer un pylone pour une ligne électrique pour alimenter les colonies.
Une femme palestinienne, dont c’était le champ, observait les travaux en pleurant .
Une route réservée aux colons relie les 2 colonies et sépare un village palestinien en deux. Ceux qui sont côte Hébron peuvent envoyer leurs enfants à l’école ; les autres ne peuvent aller à Hebron, sauf à faire un très long détour.
Le but des Israéliens est de décourager les Palestiniens afin qu’ils quittent leur terre.
Mercredi 31 octobre
Cueillette des olives à Hébron, entre les deux colonies de Karsina et Kyriat Arba
Nous sommes revenus chez le même agriculteur, nous devions rentrer derrière le “mur-clôture” pour cueillir ses olives. Le propriétaire avait l’autorisation de cueillir, mais l’armée israélienne était ’too busy’ pour venir nous ouvrir l’accès au champ.
Donc ils nous ont promis pour demain...
Nous avons continué la cueillette, près de la clôture, là où il subit les brimades des colons. Il faut savoir qu’il n’est pas rentré dans son champ depuis 3 ans. Tous les ans ce sont les colons qui font la cueillette à leur profit. Demain nous retournons...
Jeudi 1er novembre 2007
Nous n’avons pas pu entrer dans le champ en bordure de la colonie de Kharsina, l’armée israélienne ne se déplaçant pas pour nous ouvrir. Les équipes de la semaine prochaine auront la mission de faire le forcing.
Par contre, nous sommes allés dans le village de Beit Zacharia, un petit village au sud de Bethlehem entouré de zones cultivées par les colons. Depuis 1967, ce village n’a le droit de rien faire : pas de constructions, pas de développement. La seule chose qu’ils aient pu construire, c’est une école, à condition que le toit ne soit pas en dur mais en tôle.
Dans ce village vivent 70 familles...
Nous avons planté une cinquantaine d’oliviers dans les champs où ils subissent les brimades habituelles des colons, en espérant qu’ils ne soient pas déracinés dans la nuit... comme ceux que nous avions plantés l’année dernière.
Samedi 3 novembre 2007
Bonjour à tous,
Ce matin nous sommes partis près de la colonie de Ot’Niel. Nous étions dix-sept Français, cinq Espagnoles, un Grec, une Japonaise plus les Palestiniens accompagnateurs et paysans.
Nous avons roule environ une heure et traversé la bourgade de Yatta où de nombreux bédouins viennent faire leur marché car cette ville est moins chère que les villes israéliennes du désert du Neguev.
Notre bus a pris des chemins de terre avant de nous laisser continuer à pied. Après un petit quart d’heure de marche nous arrivons près du champ d’oliviers. Déjà les colons nous ont repérés et appellent l’armée.
Jeep et militaires sont restés à nous surveiller. Nous avons ensuite traversé la route sous le regard agacé des colons armés qui ne pouvaient intervenir. Certains jeunes colons sont venus parader dans le champ.
Les familles palestiniennes étaient très contentes car depuis quatre ans elles n’avaient pu pénétrer dans ces champs-là. Aux dernières missions des années précédentes l’armée avait empêché les cueilleurs d’y aller et avait une autre fois envoyé des gaz lacrymogènes.
La récolte a été très moyenne car les arbres n’ont pu être entretenus ces dernières années. Demain nous y retournons, mais sur le versant sud de la colonie. Puis dans quelques jours nous reviendrons pour labourer sous les oliviers ou nous étions aujourd’hui.
Nous avons ensuite déjeuné sur place avec les familles puis nous sommes rentrés un peu fatigués car il faisait chaud.
Hier, une partie du groupe est allée à Bil’in où, de plus en plus, il est difficile d’approcher de la clôture car les militaires envoient les lacrymos, bombes assourdissantes et tirs à balles en caoutchouc.... une autre partie est allée près de Bethlehem pour manifester et cueillir près d’une colonie et d’autres au rassemblement des femmes en noir à Jérusalem.
A demain et si vous avez des précisions a nous demander n’hésitez pas.
Catherine, Michele et Marie Paule