Après les attentats du 7 octobre 2023 et l’escalade de la violence qui s’en est suivie et qui a été marquée par une guerre génocidaire en cours à Gaza, les expressions de solidarité avec le peuple Palestinien ont fait l’objet d’un alarmant retour de bâton partout dans le monde. De Paris à Washington, de Berlin à Londres, le soutien aux droits des Palestinien·nes a été censuré, criminalisé ou violemment réprimé sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme et de protection de la sécurité nationale.
Objectifs du rapport
• Mettre en lumière les violations des droits de manifester une solidarité et de lutter contre les atrocités criminelles dans le cadre de manifestations organisées contre le génocide à Gaza et en solidarité avec les Palestinien·nes dans le monde entier, avec un point d’attention particulier sur la situation aux États-Unis d’Amérique, au Royaume-Uni, en l’Allemagne et en France ;
• décrire clairement la manière dont les récits stigmatisants, les opérations de maintien de l’ordre, les actions de surveillance, les sanctions administratives, les sanctions pénales, l’enlèvement et la détention des personnes exprimant leur solidarité avec la Palestine constituent des violations des obligations des États au regard des droits humains, et mettre en évidence l’absence de justification légitime de ces violations ;
• sensibiliser le grand public, les médias et la société civile aux violations en question et à leurs graves conséquences pour l’exercice de ces droits et pour le respect du droit international en général.
• plaider pour faire en sorte qu’une attention accrue soit portée sur la manière dont les États ont instrumentalisé les accusations d’antisémitisme pour légitimer la violation de leurs obligations au regard des droits humains et renforcer la discrimination à l’encontre des personnes qui expriment leur solidarité avec la Palestine.
Ce rapport, préparé par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), rend compte d’une tendance inquiétante à la recrudescence des violations des libertés fondamentales dans quatre pays : la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le rapport passe en revue la manière dont les gouvernements ont instrumentalisé les discours antiterroristes et la lutte contre l’antisémitisme pour réprimer les dissident·es, bâillonner l’expression de solidarités et criminaliser le soutien aux droits des Palestinien·nes.
L’amalgame croissant entre antisémitisme et critique légitime des politiques déployées par l’État d’Israël est source de grandes inquiétudes. Cet amalgame délibéré permet aux différentes autorités de délégitimer et de présenter un large éventail d’acteur·rices, de militant·es, d’universitaires, d’étudiant·es, d’artistes et même d’élu·es comme étant des criminel·les alors même que l’objectif de ces personnes est de dénoncer publiquement les actions israéliennes à Gaza ou de plaider en faveur de la libération de la Palestine. Ce faisant, le discours politique, longtemps considéré comme un fondement de la vie démocratique, s’assimile de plus en plus à un discours de haine ou à une idéologie extrémiste, en particulier lorsqu’il concerne Israël ou le sionisme.
Cette manipulation n’est pas indépendante du contexte. Dans chacun des pays étudiés, le contexte de l’après 7 octobre a aggravé des problèmes structurels qui existent depuis longtemps : le rétrécissement de l’espace civique, l’érosion des garanties démocratiques, la montée de l’islamophobie et la normalisation du profilage racial. Les acteur·rices étatiques ont invoqué la protection de l’ordre public, la prévention de l’antisémitisme et la sécurité nationale pour justifier des mesures draconiennes, des interdictions de manifester, des arrestations arbitraires, des sanctions des universitaires, la censure des médias et des menaces législatives, souvent en violation flagrante des normes internationales en matière de droits humains.
L’effet dissuasif sur le débat public est profond. Dans ces quatre pays, des journalistes, des étudiant·es, des universitaires, des artistes, des élu·es et des acteur·rices de la société civile, souvent issu·es de communautés musulmanes, arabes, migrantes ou racialisées, ont été harcelé·es, sanctionné·es ou poursuivi·es en justice au simple motif qu’ils·elles avaient exercé leurs droits. Ces tendances répressives créent non seulement un dangereux précédent, mais menacent également les principes fondamentaux du discours démocratique et l’universalité des droits humains.
Photo : FIDH




