Après dix ans de suspension, le Conseil d’Association entre l’Union européenne et Israël s’est tenu ce lundi 3 octobre.
Les réunions de ce Conseil d’Association, qui assurent un suivi de l’Accord d’Association signé en 2000, avaient été suspendues à la demande d’Israël à la suite de la publication par l’Union européenne des « lignes directrices » de juillet 2013. Depuis, un consensus s’était établi au sein de l’Union européenne pour ne pas reprendre les réunions du Conseil d’Association tant qu’Israël n’aurait pas accompli de progrès significatif en matière de respect du droit international et des droits humains.
Cette réunion était donc particulièrement malvenue après les événements qui se sont déroulés ces derniers mois et ces dernières semaines : le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh par l’armée israélienne, l’accélération de la colonisation, le feu vert donné au nettoyage ethnique des villages de Masafer Yatta, l’offensive « préventive » contre Gaza, le raid de l’armée d’occupation contre les ONG palestiniennes, la prolongation de la détention de Salah Hamouri.
Le symbole, et le danger pour l’avenir, de la reprise de ces réunions dans un des pires contextes de violation des droits du peuple palestinien, restera une tache pour l’Union européenne et pour les États qui ont soutenu la reprise de ces réunions. C’est aussi une insulte aux 167 morts palestiniens de Cisjordanie et de Gaza depuis le début de l’année.
Certes, on pourra observer que cette réunion n’a été suivie d’aucune déclaration commune, le seul document officiel de cette réunion restant la prise de position en 54 points de l’Union européenne. Tout en se prononçant contre la colonisation, pour la levée du blocus de Gaza, pour le maintien du statu quo des lieux saints de Jérusalem, et en avançant une fois de plus un « processus de paix » devenu vide de sens, cette prise de position fait la promotion du développement de la coopération entre l’Union européenne et Israël dans d’innombrables domaines, sans aucune condition explicite. Elle illustre l’ambiguïté des positions de l’Union européenne lorsqu’elle se réclame du droit.
L’Association France Palestine Solidarité attend au contraire de la France et de l’Union européenne qu’elles décident de mettre fin à l’impunité d’Israël. Elles doivent exiger l’arrêt immédiat de toute opération de transfert de population et de démolition de maisons et d’infrastructures, la levée du blocus de Gaza, l’annulation des ordres militaires israéliens contre les ONG palestiniennes, la libération immédiate et sans condition de Salah Hamouri et de tous les prisonniers politiques palestiniens, particulièrement ceux qui sont en détention administrative.
Seule une politique de pressions réelles et de sanctions, à l’opposé du signal désastreux qui vient d’être donné aux dirigeants israéliens par la reprise des réunions du Conseil d’Association, serait en mesure de faire respecter par l’Etat d’Israël les principes élémentaires du droit international et des droits humains.
Le Bureau National de l’AFPS, le 5 octobre 2022